20 000 enfants en Martinique, potentiels victimes de violences sexuelles ! Sylvia SAITHSOOTHANE écrit aux parlementaires martiniquais.


Rédigé le Dimanche 18 Mai 2014 à 14:58 |
En cliquant sur l'un de ces boutons vous allez connaitre mes centres d'intérets En savoir plus sur cet auteur



Le Mercredi 28 Mai 2014, sera examinée au Sénat, la proposition de loi (PPL) 368 de Mesdames les Sénatrices Muguette DINI et Chantal JOUANNO et de Monsieur Michel MERCIER, ancien Garde des Sceaux , visant à faire courir le délai de prescription des violences sexuelles à partir de la conscientisation des faits pour les personnes ayant vécu une amnésie post-traumatique.

Les violences sexuelles sont un fléau touchant une femme sur 4 et un homme sur 6 dans leur vie, en ce, principalement dans leur enfance.
En rapportant ces taux à la population martiniquaise, sachant que notre département compte 47 843 filles et 49 261 garçons de 0 à 14 ans , cette loi viserait à mieux protéger 11 960 filles et 8 210 garçons !

Notre pays, notre département méconnaît ces violences puisque l'Etat n' aucune action proactive pour évaluer ces dégâts chez les mineures et les mineurs , qui sont, le plus souvent, touchées et touchés par une amnésie post-traumatique et une conscientisation des faits tardive, la plupart du temps au-delà des délais légaux de prescription.

Ces personnes n'ont pas accès à la reconnaissance de leur préjudice par la société qui , par ailleurs, laisse en toute quiétude se poursuivre crimes et délits par des prédateurs et des prédatrices dont les victimes se comptent en général par dizaines, voire centaines .

La Justice de notre pays refusant, pour le moment, de considérer l'imprescriptibilité des faits comme une mesure possible, sur la base d'argument juridiques montrant la méconnaissance totale de l'ampleur des dégâts humains et de l'importance de mettre en soin les auteurs, les auteures, la PPL 368 a pour objectifs de répondre à l'argumentaire "N'entraînons pas de dysharmonie sans notre système de hiérarchie de peines".

Vous avez été, comme moi, sensibilisés , à travers les médias par le témoignage de Fabienne SAINTE ROSE, Présidente de l'AMEVI (Association des Mille et Une Victimes de l'INCESTE), un témoignage poignant et douloureux , qui a eu le mérite d'ouvrir les portes, de sortir les victimes de la honte qui n'a pas lieu d'être , à travers les éclairages du Professeur JEHEL, sommité reconnue.

Depuis ce témoignage, de nombreuses jeunes filles et jeunes hommes viennent à ma permanence échangé, se renseigner pour pouvoir agir, pour sortir du silence, du déni !

Vous avez également, comme moi, vécu avec douleur les affaires de pédophilie qui ont émaillé notre triste histoire collective, ces derniers jours.
Vous avez en main un magnifique bouclier pour protéger les victimes, nos petites filles, nos petits garçons qui n'ont que leur silence pour se protéger.

Vous avez en main une formidable arme pour libérer la parole de ces victimes qui ont vécu, qui vivent, qui vivront un enfer sur terre.

Ce bouclier, cette arme, c'est votre bulletin de vote. La population vous fait confiance. Je vous fais confiance.

Je vous exhorte à envoyer un symbole fort à ces victimes, à ces enfants abusées et abusés mais aussi aux familles de ces enfants, souvent effondrées, atterrées, et surtout aux auteurs et auteures, qui sont, pour la plupart des personnes qui auraient pu bénéficier de soins si la situation avait été dénoncée.

Il s'agit, ici, d'un réel problème de santé publique et nous ne pouvons continuer à ignorer ces faits.
Un viol est un évènement extrêmement violent au cours duquel perdre connaissance n'est pas rare. La mémorisation d'un évènement traumatique quel qu'il soit peut être déficiente, car le cerveau n'a pas eu le temps d'imprimer l'événement (comme un ordinateur que l'on débranche et qui perd les données de sa mémoire vive)

- Un viol peut entraîner des mécanismes de déconnexion du cerveau, comme un circuit électrique qui disjoncte.
- Un viol peut être "refoulé" au sens du déni.
- Et surtout, un viol n'est souvent, pas conscientisé comme tel, en particulier chez l'enfant qui a tendance à faire confiance à l'adulte

Je vous demande, en dehors de tout courant politique, en dehors de toute appartenance à un groupe, d'agir pour nos compatriotes, pour nos enfants, pour nos adolescentes, pour nos adolescents , en bons pères de famille .

Vous en sortirez grandis aux yeux des Mille et Une Victimes d'Incestes et de Violences Sexuelles ; Merci pour elles, merci pour eux !
Ne soyons pas complices de la loi du silence ! Agissons ! Nous pouvons encore sauver des vies !


Sylvia SAITHSOOTHANE Adjointe au Maire de la Ville de RIVIERE SALEE
Conseillère Générale de RIVIERE SALEE
Directrice d'école
Maman de trois enfants
Grand-maman de deux fillettes

Violences_sexuelles_dans_une_consultation_d'endocr inologie_et_de_gynécologie_médicale-140204_(1).doc  (120.5 Ko)
Enquête_européenne_2014_vio lences_faites_aux_femmes.pdf  (648.04 Ko)
CP_Flash_VS_Amnésie-140430_(1) (1).doc  (1.73 Mo)



Dans la même rubrique :