ATV ECHAPPE AUX BEKES ET A JEAN-CLAUDE ASSELIN DE BEAUVILLE


Rédigé le Mercredi 29 Juillet 2009 à 10:10 |

Par Camille Chauvet .C’est sans surprise que le CSA a décidé de faire confiance au Groupe Monplaisir. Les chevaux de retour comme Jean-Claude Asselin de Beauville et Jean-Jack Seymour entourés de quelques jeunes mulâtres, chinois et békés ont été écartés et la bande à Olivier Laouchez avec comme tête de pont Barbara Jean-Elie n’ont pas été pris en compte.


Bien évidemment, les choses sérieuses vont commencer pour l’équipe Monplaisir qui a en son sein des salariés alliés aux autres repreneurs qui n’ont pas abandonnés de revenir par d’autres chemins.

Certains de la Maison de Beauville qui avaient bloqué un petit paquet d'euros chez le notaire,iront le porter après le Tour des Yoles à la Maison Monplaisir.

Un drôle de parcours pour cette TV où l’on retrouvait les frères Laouchez (Roland et Maurice) et Olivier fils de Maurice qui se faisait les crocs.

Le Crédit Agricole au service de cette opération et des techniciens français tout pouvait démarrer pour le bonheur de certains se sont bien enrichis dans le déficit de cette TV.

Le SRPJ fermait les yeux, malgré des plaintes anonymes mettant en cause preuve à l’appui certaines connections troubles.C’était une affaire privée.

A sa création, en février 1993, ATV avait un slogan : « Mwen ka gadé-y, pass y ka gadé mwen » ! En somme, la Martinique devait se reconnaître dans ce média chargé de lui renvoyer l’image d’elle-même, avec ses forces et faiblesses.

Seize ans après son lancement et trois changements plus tard dans l’actionnariat…et un lourd déficit , la station de l’avenue des Arawaks a-t-elle toujours la flamme et reflète-t-elle toujours l’âme martiniquaise ?

On peut s’interroger.

En tout cas,le Groupe Monplaisir est désormais le principal actionnaire d’ANTILLES TELEVISION (ATV), via le concours d’une société : TFA. Un capital, majoritairement, martiniquais.

Les choses bien bouclées depuis le CSA, avec un endettement avoisinant les 6 millions d’€uros, le Groupe Monplaisir aurait pu laisser la société aller au dépôt de bilan et racheter l’affaire à « l’euro symbolique » à la barre du tribunal.

Mais, c’était prendre le risque d’offrir au Groupe Hersant un média de plus ; renforçant ainsi son omniprésence dans la presse martiniquaise.

En effet, hormis France-Antilles qui est la vitrine du Groupe, outre moult gratuits, ce Groupe français est dans le capital de RCI tout comme dans celui d’ATV.

Au fait,la prise de contrôle d’ATV semble être l’expression d’un réflexe « nationaliste » chez Yan Monplaisir dont d’aucuns disent qu’il est « l’homme de Droite, le plus à Gauche qui soit en Martinique ». Le Groupe Monplaisir avait, dans cette opération une carte maîtresse à jouer.

Pour mettre en place cette opération c’est Guy Flandrina -homme de l’ombre s’il en est- qui connaît bien ATV où il a œuvré successivement, en tant que Rédacteur en Chef, puis à la direction des opérations financières pour les magazines.

Au bout de dix ans d’ATV, c’est un virage radical, pour cet homme de presse (Président fondateur, en 1987, du Club Presse Martinique) : il part diriger la société « e Compagnie », une filiale du Groupe SEEN.

Trois ans après, il est Secrétaire Général du Groupe Monplaisir et le bras droit du Président. Ce que certains journalistes lui reprochent aujourd’hui car le Président du Groupe -dont il est le conseiller personnel- n’est autre que Yan Monplaisir l’ancien Président de l’UMP…qui vient d’être fait Chevalier de la Légion d’honneur par Sarko qu’il a reçu au Club Med…

Alors, ATV, Télé aux ordres du pouvoir sarkozyste ? Il faut attendre…

Guy Flandrina tient désormais les rennes de la Rédaction d’Antilles Télévision. Prudent et discret, il ne répond pas aux questions de ses confrères sur des sujets polémiques. Il préfère, les renvoyer élégamment, à plus tard, « pour un examen sévère des résultats, concernant l’audience d’ATV et un bilan (qu’il souhaite) critique quant à l’indépendance de la Rédaction par rapport à tous les pouvoirs, qu’ils soient politiques ou économiques ».

Au fond, tout se préparait , car nous avons pu nous procurer un document confidentiel, dont le Directeur de l’Information a fait état à l’occasion d’une réunion qu’il a tenu avec l’ensemble de son personnel le 17 janvier dernier.

Nous diffusons donc des extraits de ce texte qui retrace le parcours éditorial de la chaîne et exprime clairement la volonté de faire autrement ; dans un contexte technologique et humain différent :

« ANTILLES TELEVISION (ATV) a construit son image comme étant un média complémentaire des chaînes publiques avec un profil jeune et sympathique ; portée par le slogan : « ATV, la petite chaîne qui monte » ! Depuis, la carte postale a quelque peu jaunie.
Si ATV a fait sa place au « soleil », elle est tout de même restée une « petite chaîne »… tenue loin des sommets.

Aujourd’hui, alors que l’offre médiatique s’est élargie et professionnalisée, la « petite chaîne » a l’obligation de grandir sinon de… mourir !

Pour rester dans la course et atteindre les sommets, ATV doit se repositionner dans le paysage audiovisuel martiniquais. Cette nouvelle approche doit, sans renier le travail réalisé par le « canal historique », prendre en considération l’évolution des données humaines et du contexte technologique.

Cette télévision privée ne saurait se contenter d’être une force d’appoint dans le schéma audiovisuel martiniquais ; d’autant que la suppression de la publicité sur les chaînes publiques offre de nouvelles perspectives…
Cette redynamisation doit passer par la mise à jour de la ligne éditoriale d’après les quatre axes suivants :
-Identité et Proximité
-Pluralisme de l’information
-Information, Education, Distraction
-Rayonnement au-delà de notre insularité

-Identité et Proximité

ATV doit être le média qui conduit nos compatriotes à accepter de se voir dans le miroir de l’Humanité comme un peuple pluriethnique et multiculturel.
Notre Histoire, notre Culture, fortes du choc des armes mais aussi du brassage des races, sont une invitation à la tolérance, à l’enrichissement réciproque par l’acceptation de nos différences.
Nous portons en nous les germes de la Fraternité républicaine grâce à un douloureux passé colonial transcendé et assumé.
Nous pouvons être un creuset pour l’Europe, un modèle d’enrichissement pour le Monde, par nos différences acceptées.
C’est le sens et la portée que nous devons donner à la réaffirmation de notre volonté, commune, de vivre libres, tous ensemble, en nous projetant dans l’avenir sans renier notre passé qui forge l’identité martiniquaise.
ATV se doit de renouer avec le concept qui a fondé son originalité : « mwen ka gadé-y pass y ka gadé mwen » !
Il faut que le téléspectateur martiniquais se redise : « ATV, c’est ma télé » car il s’identifie à elle.
Ce qu’il y voit, c’est d’abord lui avec ses forces et ses faiblesses.
ATV aura à cœur, dans le traitement de l’information, de hiérarchiser celle-ci, d’après des critères propres à l’indépendance des journalistes mais aussi l’obligation de permettre à la Martinique de se voir avec un nécessaire regard critique dont le JRI (Journaliste Reporter d’Images) doit être le vecteur.
La Conférence de Rédaction doit être le lieu privilégié de ce débat.
Au-delà de l’information événementielle, souvent distillée par les fax, de vrais sujets de société doivent faire l’objet d’une approche de fond ; c’est le rôle des « magazines » ou des « pages spéciales » dans le JT.
Quand le besoin s’en fait sentir, c’est aussi le rôle de « l’invité du JT » qui, en tant que spécialiste d’une question traitée, apporte un éclairage par son expertise.
Il importe aussi de sensibiliser nos compatriotes aux grandes questions de notre siècle, de notre planète, en leur donnant à voir et à comprendre.
Par exemple : les problématiques de l’eau, de la préservation de l’environnement, du réchauffement climatique, d’une agriculture plus « propre », des énergies (fossiles et renouvelables), plus largement de la préservation de l’environnement… doivent faire l’objet d’un traitement approfondi.

-Pluralisme de l’information
Le pluralisme de l’information est un élément constitutif de la démocratie. ATV ne se situe donc pas dans une logique du marché qui voudrait que l’on traite l’information comme une simple marchandise.Il s’agit, chaque fois qu’il est question de traitement d’informations, de rendre compte des faits et des opinions dans leur plus grande variété, afin que chaque téléspectateur puisse faire ses choix en pleine connaissance de cause.
Il est aussi entendu que le pluralisme interne s'impose également à ATV, il se structure par l'équilibre entre les points de vue et les opinions de tous, dans le respect de chacun.
Les responsables hiérarchiques ont, naturellement, à charge de trancher.

-Information, Education, Distraction
Le JT est l’espace privilégié de l’information ; il ne saurait être le seul !
Les magazines sont les lieux d’approfondissement de sujets que le JT nécessairement « survole » …

-Rayonnement au-delà de notre insularité
Même si « ATV, c’est ma télé », elle ne saurait se complaire, ad vitam aeternam, dans son étroite insularité.Une télévision est, par définition une fenêtre sur le monde.
Les martiniquais doivent y voir celui-ci mais, ce dernier doit au moins nous y apercevoir…
Il importe donc, au-delà des strictes frontières martiniquaises, d’élargir notre horizon vers d’autres destinations.
La TNT (Télévision Numérique Terrestre) peut désormais débrider nos ambitions, si nous osons mettre l’imagination au pouvoir pour voir plus grand, plus loin.
« ATV, la petite chaîne qui grimpe » ne doit pas avoir peur de l’ivresse des sommets…
Je vous invite à partager avec moi une ambition : à marcher avec moi dans ce rêve, les yeux ouverts, les pieds sur terre ; celui d’une grande télévision régionale qui enracinée dans le terroir martiniquais, peut, sans perdre son âme s’ouvrir au monde.
En retour, je me porte garant de l’indépendance des journalistes face aux pressions de tous les pouvoirs quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent.
La crédibilité de la presse est à ce prix : celle d’une liberté qui ne se négocie pas et d’un devoir d’impertinence qui ne se renie pas ».


C’est là le discours de l’homme de Yann. Il faudra donc le prendre au texte de sa ligne éditorial annoncée.

Les jours qui viennent diront si les salariés écouteront ceux qui les encouragent à tout casser.

Notons qu’à l’issue de la réunion où cette ligne éditoriale a été évoquée, il a été expressément indiqué aux personnes présentes qu’elles avaient la plus grande liberté d’y adhérer ou d’invoquer la « clause de conscience ».

Cette dernière permettant à tout journaliste en désaccord avec une orientation prise par un média auquel il collabore d’opérer en quelque sorte son « droit de retrait » et de négocier son départ. Seul Karl Sivatte « s’est débarqué » et les autres jouent dans les eaux troubles ou les peigne-culs comme Patrick Chesnaux.

Texte de Camille Chauvet.



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