C MENCE CASTERE va-t-elle fleurir de 3 universités sans pouvoir en garder une seule?


Rédigé le Samedi 21 Juin 2014 à 22:26 |
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Nous sommes à un moment décisif de l’évolution institutionnelle de l’Université. En effet, les textes réglementaires élaborés par le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et devant fonder les universités des Antilles et de la Guyane (Ordonnances, Décrets) sont en cours de discussion et amendements par les instances prévues par la législation (Les Conseils régionaux des Antilles et de la Guyane, les instances de l’UAG, etc.).



Comment mettre enfin l’Université sur de bons rails ?

Aux Antilles, l’Assemblée du conseil régional de Guadeloupe a tenu une plénière extraordinaire sur la question ce vendredi 20 juin 2014. Les conseillers régionaux ont d’abord examiné les problèmes rencontrés par l’UAG depuis la mandature de Corinne Mencé-Caster. Parmi les préoccupations fortes on peut retenir : la méthode de gouvernance fondée sur le refus de dialogue, le manque de concertation, la mise à l’écart des instances décisionnelles (Conseil d’Administration de l’UAG), le management par la confrontation, la « bunkérisation » (dixit Victorin LUREL). Exprimées de diverses manières, ces préoccupations se retrouvent notamment dans un courrier du Président du Conseil régional de la Guadeloupe adressé à la Secrétaire d’Etat chargée de l’Enseignement supérieur le 7 Juin 2014 :

« Je vous fais part de ma perplexité, suite aux remontées d’informations qui me parviennent du monde universitaire, puisque tout porte à croire que jusqu’à ce jour aucune instance consultative de l’université et des pôles universitaires de Guadeloupe et de Martinique, n’ont été saisies pour émettre un avis sur le projet de Décret relatif à l’université des Antilles. En particulier, les comités techniques spéciaux des deux pôles n’ont pas encore été installés et réunis, alors même que leur saisine pour avis revêt un caractère obligatoire avant le passage de ces décrets au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNSER) ».

Comme le font remarquer les conseillers régionaux guadeloupéens : « …Les cadres nécessaires de débats et de négociations intra et inter polaire en Guadeloupe et en Martinique, n’ont été que partiellement et insuffisamment mis en œuvre. »

Puis, ils ajoutent : «La majorité des acteurs universitaires entendus en audition déplore l’absence de concertation avec la présidence sur l’évolution institutionnelle de l’UAG ».

Afin de pallier ces insuffisances notoires, des propositions fortes ont été votées à l’unanimité par cette Assemblée régionale de la Guadeloupe:

- « ...L’élection à la présidence de l’université des Antilles françaises obéit strictement à la règle de l’alternance entre les pôles de Guadeloupe et de Martinique… ». Ce qui laisse entendre implicitement que vouloir s’accaparer la Présidence de l’Université par un territoire est une faute politique grave et explosive.

- « ..Le premier président de l’université des Antilles françaises est nommé par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche dès l’entrée en vigueur du présent décret. Le président nommé de l’université des Antilles françaises est assisté par une assemblée constitutive provisoire composée des membres des conseils consultatifs des deux pôles universitaires de Guadeloupe et de Martinique de l’UAG. Le mandat du président nommé de l’université des Antilles françaises, ainsi que ceux des membres de l’assemblée constitutive expire au plus tard le 1er février 2015 ».

Ces propositions prises à l’unanimité sont visiblement non négociables pour les conseillers régionaux de Guadeloupe puisqu’ils évoquent dans une motion de ce même 20 juin 2014 : « …Le conseil régional de Guadeloupe se réserve le droit de faire évoluer sa position, en se prononçant le cas échéant pour une université de Guadeloupe de plein exercice »


Cette position de l’Assemblée de Guadeloupe est marquée par le bon sens pour deux raisons :

. Raison juridique :

L’entité UAG est amenée à disparaître pour donner naissance à deux universités de plein exercice. Dès lors, nous ne sommes plus dans le cadre de la continuité des mandats électifs de l’actuelle UAG prévue par la nouvelle loi de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (Loi ESR de juillet 2013). Cette continuité des mandats n’est applicable qu’au sein d’un même établissement. Dès lors que l’on change de personnalité juridique, comme dans le cas de l’UA et de l’UG, cette loi de juillet 2013 ne peut plus être observée. Sinon, cela reviendrait à ce que Mme Corinne Mencé-Caster préside à la fois l’Université des Antilles (UA) et l’Université de Guyane (UG). Ce qui serait une aberration. Mieux encore, pourquoi Mme Corinne Mencé-Caster, ne deviendrait-elle pas la présidente de l’UG au lieu de l’UA ?

2. Raisons éthique, déontologique et politique :

Pour arriver aux universités de plein exercice en Guyane et aux Antilles, il faut nécessairement passer par une phase transitoire comme le prévoit la première version du Décret. Cette phase transitoire ne peut être menée que par une administration provisoire qui aurait à sa tête un administrateur provisoire.

A priori, tout universitaire peut être nommé par la ministre pour accomplir cette mission. Cependant, il importe de savoir les missions dévolues à l’administrateur provisoire de façon à pouvoir dégager qui pourrait être à même de les remplir de façon optimale.

Vu l’état de délabrement avancé de l’UAG aujourd’hui, vu le climat de haine et de tension, et, plus généralement, le climat délétère au sein des pôles et entre les pôles universitaires, il est impératif que l’administrateur provisoire soit en mesure de ramener la sérénité et la confiance en ouvrant une phase de concertation, de dialogue et d’écoute qui a fait défaut durant la mandature de Mme Corinne Mencé-Caster, comme l’ont fortement signalé les universitaires, les étudiants des trois pôles ainsi que les élus régionaux de Guadeloupe lors de l’assemblée extraordinaire du 20 juin 2014.

Ces exigences fortes de la période transitoire de quelques mois sont d’autant plus nécessaires qu’il va falloir discuter et mettre en place :

- les statuts qui vont régir la nouvelle institution ;

- l’organisation des élections générales et l’installation des nouveaux conseils ;

- la structuration d’une nouvelle administration dotée de compétences très élargies pour chacun des deux pôles comme le réclament tant les élus régionaux que les universitaires

Autant d’exigences qui requièrent une très grande compétence et une adhésion de l’ensemble des acteurs universitaires ainsi que de leurs partenaires. Dès lors, la neutralité et l’impartialité de l’administrateur deviennent incontournables. Ainsi donc, à l’image de ce qui s’est fait à l’Université de Guyane, on se rend à l’évidence que l’administrateur provisoire ne peut émaner ni du pôle Guadeloupe ni du pôle Martinique, pas plus que du pôle Guyane. Si d’aventure une telle condition n’était pas respectée, il est fort à parier que les mêmes causes reproduiraient les mêmes effets, et qu’on irait de facto vers le chaos et l’éclatement définitif de l’UA. Ce qui ne réglerait d’ailleurs aucun problème, puisqu’au sein même des pôles les tensions persisteraient, et les masses critiques de taille ne seraient pas atteintes. Le temps de la sagesse, de l’humilité, de l’intelligence et du courage est advenu.


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