Dossier grève du BTP/ Patronat du BTP et Daniel MARIE SAINTE, un conflit inopportun.

Dossier signé Victor MONLOUIS BONNAIRE


Rédigé le Lundi 5 Mars 2018 à 00:43 |
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Daniel Marie Sainte sur son mur FACEBOOK et sur la radio RLDM a lancé avec vigueur la contre-attaque. Je dis bien contre-attaque, dans la mesure où c’est le patronat du BTP qui insatisfait des marchés publics a décidé de faire une union sacrée, pour faire pression sur la CTM selon lui.


C’est donc par Daniel Marie Sainte qui est à la fois responsable des appels d’offres et des infrastructures que les patrons de ce secteur d’activité entendent se faire entendre à défaut de se faire écouter par ce dernier. Ils veulent une rencontre d’autant que DMS refuse de les rencontrer en organisation. Ce dernier considère que sa position de décideur dans les appels d’offres est incompatible avec des rencontres privées.

Cette position n’est pas habituelle, mais elle est respectable. Effectivement, le monde des affaires est habitué à de plus grandes proximités quand ce n’est pas une plus grande promiscuité avec les élus. La droite, pourtant partenaire du contrat de gestion , par son leader a déjà fait savoir que ce n’est pas sa position. Mais quand on sait que le groupe Monplaisir est actionnaire d’un des principaux groupes de BTP, on peut comprendre que la vision soit différente. Il convient donc de respecter à mon sens la décision de DMS, mais la profession doit aussi trouver un interlocuteur qui ne soit pas un second couteau.

Vu les relations de certains patrons du BTP avec certains politiques de l’opposition, la collaboration est parfois impossible, et la confiance impossible avec la majorité actuelle, mais le secteur s’enfonce inexorablement ,et pas du seul fait de ne pas trouver une oreille attentive.

À icimartinique.com, nous ne sommes pas surpris de ces situations de blocage. Depuis la fin de la défiscalisation et plus particulièrement depuis au moins 10 ans le secteur vit une crise sans précédent. Ce ne sont ni les plans de relance 1, ni les plans de relance 2 qui auront réglé cette déstructuration de la filière.

Au mieux ils auront maintenu artificiellement des entreprises déjà sous perfusion, au pire ils auront précipité à leur perte les dernières entreprises qui auront bénéficié de ces marchés. En cause des délais de paiement des entreprises trop longs.
L’administration prétextant le changement de logiciel, les adversaires politiques, eux affirmant qu’il s’agissait de marchés lancés sans savoir comment ils seraient financés.

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Au mieux ils auront maintenu artificiellement des entreprises déjà sous perfusion, au pire ils auront précipité à leurs pertes les dernières entreprises qui auront bénéficié de ces marchés. En cause des délais de paiement des entreprises trop long. L’administration prétextant le changement de logiciel, les adversaires politiques, eux affirmant qu’il s’agissait de marchés lancés sans savoir comment ils seraient financés.

Les entreprises de BTP sont capables de bloquer le pays avec leurs engins
De toute manière, tout le monde admet qu’il valait mieux à ce moment que ces plans aient existé, car le nuage des travaux du TCSP, s'il impactait les vendeurs de matériaux , était un véritable pipi de chat pour les autres 4000 entreprises du BTP qui n’avaient que ces plans de relance à se mettre sous la dent. La crise que nous avons actuellement aurait déjà eu lieu, sauf qu’elle se passe maintenant, sous la présidence d’Alfred Marie Jeanne.

Aujourd'hui, les patrons du BTP ont décidé de se faire entendre, non sans avoir fait marche arrière plusieurs fois. Et Daniel Marie Sainte semble avoir considéré que c’est une attaque contre lui. Pour se défendre, il aura préféré revêtir ses habits d'ancien syndicaliste. C’est un paradoxe au moment où il fait partie intégrante des Maîtres du pays..

Est-il utile de rappeler à DMS qu’il fait partie des principaux décideurs de Martinique? Très certainement parmi les 10 personnes dont la voix compte le plus en MARTINIQUE. C’est ce qui s’appelle le cercle du top des 10 décideurs les plus influents. Des décideurs dont on mesure l’importance par rapport au montant des budgets dont ils ont la charge. À ce titre DMS est un poids lourd au sens propre et sa relation avec les chefs d’une filière, quelle qu’elle soit, est déterminante.

Alors que selon lui il aura passé sa vie au service du peuple, qu’il est élu pour le peuple, il ne peut exclure, à la place où il est le peuple des patrons, en particulier la tribu des patrons du BTP. Donc quand Daniel Marie Sainte écrit sur son mur, je cite : « Cher camarade Raymond Granville de la CGTM . Pendant 30 ans, j'ai dirigé une centrale syndicale martiniquaise de lutte de classes. Ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer pour me lancer dans la collaboration de classe ! Quand je mets toutes mes forces à faire démarrer des chantiers sur le territoire martiniquais, c'est pour que mes camarades ouvriers trouvent du travail au Pays ! » fin de citation, on peut être surpris qu’un patron du pays choisisse au moment de l’interdépendance des groupes de donner l’impression de faire un groupe jouer contre l’autre.

C’est ce que nous appelons des postures surprenantes.

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Ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer pour me lancer dans la collaboration de classe ! Quand je mets toutes mes forces à faire démarrer des chantiers sur le territoire martiniquais, c'est pour que mes camarades ouvriers trouvent du travail au Pays ! » fin de citation, on peut être surpris qu’un patron du pays choisisse au moment de l’interdépendance des groupes de donner l’impression de faire un groupe jouer contre l’autre.

Le chantier du TCSP un souvenir lointain
Nous dans ce magazine ICIMARTINIQUE, nous avons pris l’habitude chaque mois de donner la parole à Daniel Marie-Sainte. Nous abordons régulièrement avec lui les réalisations de la CTM sans nous priver parfois dans nos questions d’alimenter le débat. Et la question du BTP a déjà été abordée.

Notre analyse sur ce point est la suivante :

Quel que soit le budget qui sera attribué au BTP martiniquais le secteur restera en crise. Nous prenons l’image d’un vampire insatiable dont la commande publique est l’obsession. La cause de cette insatisfaction, des prix trop bas, des prestations qui mettent en indélicatesse les sociétés du BTP vis-à-vis des organismes sociaux.

Cette situation de crise profonde est amplifiée par un individualisme exacerbé et suicidaire qui empêche toute action commune et organisation de la filière. Des orgueils mal placés frisant avec la jalousie, et un système inacceptable monopolistique de vente des matériaux précipitent la « périclitance » des structures. En réalité ces marchés des collectivités font tourner des pompes à vide, qui sont incapables de faire des bénéfices et des réserves.

Mieux ces entreprises détruisent de la valeur,en laissant des dettes fiscales et sociales et alimentent les caisses des auxiliaires de justice pour finir dans les poubelles du tribunal de commerce de Fort de France.
Pires quand des marchés structurants arrivent, trop désorganisées, trop endettées, sous qualifiées les entreprises, les mieux organisées du pays sont disqualifiées. Recalées même avec les efforts complices de politiques qui en coulisses savent qu’il faut donner des signes forts au pays. Mais en finalité quelle importance que ce soit une entreprise martiniquaise ou pas si les ouvriers sont locaux, les travaux menés à termes, et l’octroi de mer payé.

Par conséquent ce que Daniel Marie-Sainte appelle, je cite ; « un cartel d'organisations patronales à̀ l'union "sacrée" dans le BTP . » Certes, parmi eux il y a curieusement des gens qui s’enrichissent personnellement quand leur entreprise se "casse la gueule", mais dans ce cas, il s’agit de mafieux, ce secteur n’est autre qu’un amas de ruines.

Par conséquent jeter l’anathème sur toute une profession, en considérant que : je cite «une manœuvre de certains patrons du BTP consistant à tenter, manipuler les travailleurs pour les "monter" contre la CTM ! » Fin de citation peut véritablement masquer les efforts de l’ex délégué syndical et minorer les conséquences dont il serait temps que l’on mesure l’impact. Ce n’est pas la baisse des moyens des collectivités qui va redonner de la couleur à un secteur cadavérique.

Alors, que faire face à cette crise ?

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Ce n’est pas de la baisse des moyens des collectivités qui va redonner de la couleur à un secteur cadavérique. Alors, que faire face à cette crise ?

Vente à la crié du matériel de Batep Caraïbes
Pour peu que la confiance revienne entre les partenaires,sociaux et que les noms d’oiseaux soient laissés dans la jungle des non-dits et des fausses barbes, c’est sur le plan législatif en premier lieu qu’il convient d’agir. En effet si les prix ne sont pas augmentables pour le client final, pourquoi ne pas imaginer que ce soient les taxes qui baissent ? Sur les matériaux importés qui composent un fort pourcentage du coût de la construction ne pourrait-on pas imaginer une détaxe totale sur tous les matériaux importés y compris le montant de l’octroi de mer, au moins pendant une période. La CTM détient cette manette.

Pour illustrer le problème des coups trop bas, ne pourrait-on pas faire faire des études tests, par des économistes de la construction du coût véritable des prestations et d’un chantier en MARTINIQUE.

Le BATIPRIX cadre des prix en France ne peut plus être l’élément de référence si les conditions d’exploitation sont différentes. Une aide de la collectivité pour une telle étude serait un point de départ pour tous et une manière de démasquer ceux qui jouent de manière irresponsable à la politique de la terre brûlée en pratiquant des prix trop bas, contre leur secteur. Il s’agirait aussi d’un geste fort pour prouver que la collectivité est au chevet du BTP autant qu’elle l’est pour le secteur de l’agriculture, de la pêche, de la santé.

Il ne vient à personne l’idée de critiquer une aide à l’agriculture, pourquoi les artisans du BTP ne seraient pas en droit d’attendre une organisation de leur filière par une collectivité majeure, la Chambre de Métiers étant elle, exsangue également.
Qui peut parler d’une initiative visant à organiser cette filière et l’idée de cartel du BTP, n’est elle pas juste une gageure lorsqu' aucun pouvoir politique ne peut se prévaloir d’avoir aidé à l’organisation du secteur? Donc si le BTP va si mal c’est que le secteur est seul à se débrouiller et depuis des années.

À ce titre, de la même manière que dans le transport, des droits aient été rachetés ne peut-on pas imaginer d’aider des dirigeants trop âgés à transmettre les entreprises où à les fermer si elles sont en lambeaux. Au même motifs que pour la pêche en Europe, on paye le démantèlement de navires de pêche, ne peut-on pas imaginer une forme de rachat des matériels des entreprises du BTP et organiser comme pour le secteur médical le nombre d’ouvertures réglementées et organiser les regroupements.

Ce n'est donc pas avec des mots de défiance et encore moins avec des interventions intempestives de personnes non liées au BTP que les choses vont s’arranger. Mais le secteur lui-même doit, lui aussi, se renouveler en effaçant cet individualisme idiot qui détruit la filière. Là aussi ne doit-on pas revoir les organisations, passer du mode "moi je" au mode mutualisé. Le chacun pour soi ne doit-il pas être remplacé par le modèle coopératif qui doit redonner de l’importance à l’ouvrier, au travail bien fait et à la conservation de certain savoir faire au juste prix.

Tout cela ne peut se faire sans une remise en cause des postures idiotes et dogmatiques d’un côté comme de l’autre.

Fin de l'article .



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