« Koté nou yé ? Koté nou ka alé ? ». par le CNCP


Rédigé le Lundi 16 Janvier 2017 à 00:03 |
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Le Dimanche 15 janvier, s’est tenue une réunion de bureau élargi du CNCP avec un double objectif :
Le premier temps était consacré à la préparation de la prochaine AG de l’organisation
Le deuxième temps, animé par José Mucret, délégué du Comité Populaire sud, était réservé à une conférence de Presse. Il s’agissait d’exposer l’analyse de la situation nationale et internationale faite par l’organisation ainsi que les orientations de travail pour les mois à venir.


2017 : LE CNCP FAIT LE POINT

Le Président Jean ABAUL, après avoir présenté les vœux du CNCP à l’intention de l’ensemble du peuple Martiniquais, est intervenu sur le thème « Koté nou yé ? Koté nou ka alé ? ». Il a dressé un état des lieux dans les domaines politique, économique et social*. Fort du constat, il a tracé les perspectives et précisé les objectifs du CNCP :

- participer à la construction d’espaces de pouvoir endogènes
- contribuer à la consolidation des alternatives économiques et sociales et à leur mise en synergie
- renforcer l’action entreprise sous l’égide de ses jeunes militants (es) pour élargir son soutien à l’ensemble de la jeunesse.

Jean ABAUL a terminé son intervention en indiquant les prochains « grands rendez-vous » prévus par l’organisation. Notamment, le 1er Mai à Fort de France, la sortie traditionnelle du 14 juillet et la 15° Assemblée Générale des Comités Populaires le 27 Août 2017.

Les représentants de la section émigration qui participaient à la rencontre, par skype interposé, ont insisté sur l’importance du rôle des Martiniquais et Martiniquaises, particulièrement des jeunes, vivant à l’étranger.
Les questions posées par les journalistes ont permis de préciser la position de l’organisation quant aux prochaines échéances électorales et à l’évaluation du travail de l’organisation depuis sa création en Août 1983.

Après la réunion, les participants ont partagé un moment convivial autour d’un repas traditionnel.


Pour lire le discours cliquez sur la page 2 .Merci

Le discours du président du CNCP : RENCONTRE AVEC LE CNCP « KOTE NOU YE ? KOTE NOU KA ALE ? Intervention du Président Jean ABAUL DIMANCHE 15 JANVIER 2017

En cette période, où il est coutume de présenter des vœux, au nom du CNCP, celui que nous voulons adresser à notre peuple en priorité, c’est que nous avancions ensemble vers une véritable prise en main de notre devenir personnel et collectif. Nous insistons sur la nécessité de développer nos vraies valeurs, celles qui doivent alimenter notre quotidien et les temps à venir. Nous devons nous regarder quotidiennement dans le miroir de la société pour remettre en cause nos manières d’être.

Il faut nous débarrasser de l’aliénation qui pervertit les comportements sociaux et politiques. Il faut mettre fin à ce déséquilibre culturel qui a des répercussions considérablement destructrices dans tous les domaines de notre vie.

En cette période de crise du système capitaliste et colonial, notre peuple vit dans une grande souffrance. Je pense particulièrement

- à notre jeunesse qui est privé de perspectives d’épanouissement
- à nos ainés qui, après une vie de travail et de sacrifices ne peuvent prétendre à la sécurité et au repos
- à tous ceux, qu’ils soient contraints au chômage ou qu’ils travaillent comme des bourreaux, vivent une vie infernale à cause des impôts injustes, du racket des grandes surfaces, des banques, des assurances ou des entreprises de téléphonie ?

Nous devons vraiment remettre en cause nos manières d’être et d’agir.

En comprenant, d’abord, que l’action politique qui doit être menée doit avoir pour objectif
- de changer le rapport de force en faveur du mouvement populaire.
- de renforcer chaque initiative, à quelque niveau qu’elle soit, qui vise à consolider notre socle culturel et à cimenter le lien social.
de manière à rendre réalisable ce qui parait impossible aujourd'hui.
*


Il est légitime que la majorité soit dans le doute et l’incompréhension quand, à chaque instant, les medias nous présentent les guerres, les catastrophes naturelles, les attentats terroristes qui affectent la planète, tout cela dans un seul « migannaj » économique qui plonge la majorité de la population dans la précarité et les difficultés.

Il n’est pas étonnant que dans notre pays ou la majorité des gens sont de fervents croyants, beaucoup pensent que c’est « la fin des temps ».

Nous au CNCP, nous disons que ce n’est pas « la fin des temps ». C’est la fin d’une civilisation pourrie.

C’est la mort d’un système destructeur. Nous disons qu’une autre civilisation est en train de se construire. Les médias contrôlés par les multinationales font tout pour cacher la réalité, mais sur toute la planète, les peuples résistent. A travers de nouvelles formes d’organisations, qui mettent en avant la pensée collective et la démocratie directe, ceux qu’on range souvent sous le nom de citoyens – nous préférons parler des mouvements populaires – se battent pour reprendre le contrôle de leur vie. Les initiatives alternatives sur les plans économique, social et culturel se multiplient et se renforcent. Les pays émergents secouent la domination politique et économique des impérialistes occidentaux.
Un autre monde est en train de se mettre en place.

Pour poursuivre cliquez sur la page 3 Merci


La suite du discours Martiniquais et Martiniquaises, nous devons répondre ensemble à ces deux questions : KOTE NOU YE ? KOTE NOU KA ALE ?

C’est à la lumière de cette réalité-là que nous devons répondre aux questions « Koté nou yé ? » et « koté nou ka alé ? »
Répondre à la question « Koté nou yé ? », c’est dire dans quel camp nous nous situons et à quel moment de la lutte nous nous trouvons. Certains s’efforcent de nous le faire oublier : Nous sommes dans le camp des pays dominés par une puissance impérialiste. Nous faisons partie de la région caraïbe soumise aux interventions prédatrices et agressives des puissances occidentales. Nous ne sommes pas à l’abri des dangers de guerre, de terrorisme, de catastrophes climatiques. Nous ne sommes pas épargnés par la politique néolibérale de saccage menée par l’Union Européenne.
Nous sommes toujours dans un contexte où ceux qui profitent du système et ceux qui restent aliénés par la conception occidentale bourgeoise de la politique continuent à nous appeler à améliorer la situation dans le cadre de « l’alternance » autorisée par les élections.
Pour répondre valablement à la question « koté nou ka alé ? », il faut combattre les « espwa mal papay » et les » weltos ».


Qui pourra nier que les promesses faites lors des élections à la CTM se trouvent confrontées à la réalité de la situation. Emploi, vie chère, pillage par l’état, stagnation économique, augmentation de la pression fiscale, précarité au travail comme dans la vie… Avons-nous connu la moindre embellie ? Se donner des certificats d’autosatisfaction ne changera rien à cette vérité : Les vraies solutions ne seront jamais possible dans le cadre du système en place. Contre les compromissions et les reniements qui mènent au renoncement, Il nous faut continuer dans la voie de la démarcation et de la décolonisation. Tournons le dos à toute forme de moratoire.
Il nous faut, en tant que peuple, porter notre contribution à la construction d’un monde nouveau, équitable, respectueux du vivant et de l’intérêt des générations futures.
*
« Koté nou ka alé ? »
C’est pour porter notre part de réponse, qu’en ce début d’année, nous avons tenu à vous présenter les orientations proposées par le CNCP pour contribuer au succès de notre lutte commune.


Premièrement, nous considérons que notre objectif principal est de construire une alternative consensuelle, s’appuyant sur la force de la pensée collective et sur la synergie de toutes les initiatives positives impulsées par les Martiniquais et Martiniquaises de tout bord.

Concrètement, nous continuerons à porter notre contribution à la construction de réseaux dans tous les domaines, économiques, sociaux et culturels,
-qui favorisent le décrochage du système commercial et idéologique contrôlé par les colonialistes
-qui développent les circuits courts et qui permettent à la population de faire localement ses choix et de les mettre en application.

Deuxièmement, notre organisation s’est donnée pour objectif d’accompagner davantage l’implication de la jeunesse dans la lutte. Nous sommes heureux de constater que de plus en plus nombreux sont ceux qui s’engagent dans l’action solidaire. Nous tenons à saluer l’association JM’S et les organisateurs du festival « Alimenterre ».

Troisièmement, sur le plan international, nous poursuivrons le travail pour internationaliser notre lutte et renforcer les relations que nous développons avec les autres peuples ainsi que l’intégration dans notre environnement naturel caribéen. Nous entendons également participer pleinement au combat qui se mène au plan international pour exiger réparation des crimes commis contre l’humanité : la traite des noirs, l’esclavage et la domination coloniale.

Quatrièmement, sur le plan politique notre priorité sera toujours de porter notre contribution à la construction d’un projet fédérateur et profitable à l’ensemble de notre peuple ainsi qu’au renforcement de sa cohésion,

-en luttant contre l’autodénigrement systématique et les divisions bassement politiciennes, l’obscurantisme et la désinformation
-en intensifiant le travail de formation et la lutte des idées, ce qui vous le savez, est la « marque de fabrique » du CNCP depuis sa création.
-en encourageant l’engagement de tous nos compatriotes dans la construction d’une alternative politique fondée sur l’implication des masses populaires, mettant fin au chauvinisme de parti, à l’allégeance aux sauveurs suprêmes, aux divisions superficielles qui paralysent notre lutte et aux illusions électoralistes.

Justement, concernant les élections, nous serons prochainement sollicités pour les présidentielles et les législatives. Le CNCP considère que, pour les présidentielles, la non- participation la plus massive possible sera un signal fort envoyé aux colonialistes pour signifier que nous nous positionnons en tant que peuple qui refuse le colonialisme et l’assimilation.

Quant aux législatives : Nous réaffirmons notre conviction que le parlement français ne sera jamais un espace où il sera possible de résoudre les problèmes de notre peuple. La participation à ces élections ne peut se justifier, d’une part, que si elle est le prolongement d’un travail de résistance et d’organisation alternative sur le terrain et, d’autre part, lorsqu’elle permet de donner une légitimité politique à ceux qui sont porteurs des aspirations fondamentales de notre peuple. C’est pour cela que le CNCP, qui entend mener une campagne d’explication politique, à l’occasion des échéances électorales qui s’annoncent, soutiendra les candidats investis par la dynamique citoyenne « Nou Pep La » qui participe à l’élaboration d’un projet alternatif.

Chers compatriotes, voilà la réponse que nous au CNCP proposons à la question « Koté nou ka alé ? »
*

Je veux terminer en vous invitant, d’ores et déjà, à participer à des événements importants programmés par notre organisation pour l’année 2017. Il s’agit :

1- du Rendez-Vous du premier mai où, cela est devenu une tradition, le CNCP tient un stand pour diffuser toutes ses publications et permettre à tous ceux qui le souhaitent d’échanger avec les militants des Comités populaires

2- de la sortie traditionnelle que le CNCP organise chaque 14 Juillet, pour, dans un climat convivial, découvrir un élément de notre patrimoine et une des initiatives exemplaires développées par des compatriotes.

3-Enfin, et surtout, de la 15° assemblée Générale des Comités populaires le Dimanche 27 Août. A l’occasion de cet événement solennel qui rythme la vie de notre organisation, nous présentons une évaluation de notre travail, les orientations pour les 2 années suivantes ainsi que les instances démocratiquement et réglementairement élues du CNCP.

Chers compatriotes,

Les combats qui nous attendent ne seront pas faciles. Les forces du passé ne baisseront jamais les bras.
Mais notre peuple a suffisamment de ressources pour aller à la victoire.

Ayons confiance en nous-mêmes. Maré ren nous ! Divini-nou sé an lan men-nou

La fin du propos



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