L’IMPOSTURE NÉO-AUTONOMISTE PAR EDOUARD DELEPINE


Rédigé le Jeudi 12 Novembre 2009 à 11:35 |

NDLR. Le webzine ,lenaïf.com,publie tous les textes et écrits signés de l'auteur dans le cadre du débat concernant l'évolution statutaire de la Martinique .
Le débat est ouvert afin de lutter contre les macoutes intellectuels de tout bords.La parole circule ... sur nos colonnes.


« Vous voulez adapter la loi française aux départements d'outremer, autrement dit, vous voulez changer les détails alors qu'il convient de changer l'esprit… C'est là une entreprise absurde, et tout le génie du monde n'y parviendra pas.
Ce qu'il faut, c'est créer quelque chose de neuf, non une adaptation de la loi française à nos départements, mais quelque chose qui réponde à notre situation économique vraie. Et cela, seuls, en définitive, les habitants des départements d'outre-mer peuvent le faire. »
A. Césaire discours à l’A.N. 1.12.1960

Il y a quelque chose de puéril et de tragi-comique dans l’empressement des partisans de l’article 74 de la constitution française à accorder à Monsieur le Président de la République un certificat de loyauté républicaine guère différent, quant au fond, de celui que lui décernent les partisans du 73.

« Vous voyez bien, disent les uns et les autres, c’est monsieur le président de la République lui-même qui le dit : pas question de l’indépendance, pas question de sortir du cadre de la République française. »

Le comique c’est que ce soit les indépendantistes qui s’accrochent le plus à cette parole présidentielle. Le candidat du MIM aux récentes élections municipales partielles de Rivière Salée a montré le chemin.

Pendant les quinze jours de sa campagne électorale, il a fait passer en boucle sur une impressionnante sono le passage du discours de Monsieur le Président de la République, à l’aéroport Aimé Césaire, affirmant que lui, président, il ne serait jamais question de l’indépendance et qu’en tout état de cause, la prochaine consultation sur l’évolution institutionnelle n’avait rien à voir avec l’indépendance. Voilà qui devrait rassurer ses amis anti-indépendantistes.

Mais les indépendantistes ?

Il est vrai que les seuls Martiniquais à avoir vraiment peur de l’indépendance c’est les indépendantistes. Durant les campagnes électorales, ils ne prononcent le mot que pour accuser leurs adversaires de s’en servir pour faire peur aux travailleurs en les faisant passer pour des indépendantistes qu’ils se défendent d’être dans ces moments privilégiés de la lutte politique.

Au demeurant, si cela a pu arriver chez leurs adversaires de droite, aucun de leurs adversaires de gauche n’a jamais pris au sérieux les rodomontades de Marie-Jeanne sur son indépendantisme qui amuse beaucoup plus qu’il n’effraie.

Même quand au lendemain de chaque élection il ne perd aucune occasion d’essayer de convaincre l’opinion publique française qu’il a derrière lui une large majorité de Martiniquais. (Voir en encadré son interview à Paris Match six mois parès les régionales de 1998)

Le drame, c’est la naïveté des anciens autonomistes ralliés en comparses repentants à la farce marie-jeanniste.
Je ne parle pas des positions d’un Michel Branchi, devenu « subitamente » pour reprendre une des expressions favorites de son nouveau patron, un héritier de la pensée de Césaire après avoir été l’un des plus sinistres anti-césairistes de son parti, et de devenir le plus authentique fuit sec et l’un des fossoyeurs les plus titrés de ce parti qui fut, jadis, un grand parti au service des travailleurs.

Ni, bien entendu, du porte parole officiel du RMC, « monsieur 1,81 % », (son meilleur score en 2001 contre Letchimy qu’il dénonce comme un imposteur, alors qu’il était, lui, au Conseil Régional l’un de ces Elus sans Électeurs Propres qui sont le fruit empoisonné de la proportionnelle intégrale).

Ce qui ne l’empêchait pas d’être l’un des grands ambassadeurs du GTPR (Grand Tourisme Politique Régional) spécialisé dans le transport urbain dans les grandes capitales européennes, Berlin, Paris, Londres et dans la traque médiatique du chloredécone.

Me surprend davantage et m’afflige infiniment plus la conversion de Claude Lise aux charmes du marie-jeannisme.

Je comprendrais qu’il soit fier d’avoir réuni autour d’une même table Érichot et Samot, Carole et Saé, Confiant et Pierre Petit (mais Pierrot est-il dans le coup vraiment ?). Pour combien de temps et sur quelles bases les accolades et les embrassades (à la soviétique ?) entre les uns et les autres?

La seule vraie nouveauté

J’ai en machine ou en version papier une bonne trentaine de discours de Claude Lise. J’y ai retrouvé parfois une citation latine. Elle fait peut-être rougir le nouveau Lise qui doit avoir honte d’avoir été un bon élève de latin.

Je n’ai pas trouvé dans un peu plus de 20 discours, parcourus rapidement il est vrai, une seule citation créole. Jusqu’à cet historique dimanche 18 octobre où la seule véritable nouveauté de son discours c’est la fréquence élevée du rappel de son appartenance au petit monde frelaté de la créolopalie et de la kréyolade réunies.

Mais venons-en aux choses sérieuses. De quoi s’agit-il donc dans ce tintamarre médiatique autour des articles 73 et 74 de la constitution française ? Apparemment, il s’agit d’y trouver le plus court chemin vers l’autonomie.

Et si ce chemin ne se trouvait ni dans l’un ni dans l’autre ?

Faudrait-il renoncer à l’y trouver ou trouver le moyen de l’y faire entrer ? Le PPM propose depuis un peu plus d’un demi-siècle de modifier la constitution pour concilier la volonté des Martiniquais de faire eux-mêmes leurs propres lois sur les affaires d’intérêt local et leur désir de rester dans la République en gardant les mêmes droits que les autres Français.

Autrement dit, le Parti d’Aimé Césaire revendique la reconnaissance du droit à la différence qu’il refuse de confondre avec la différence des droits.

Comment peut-on prendre au sérieux des gens qui font semblant de croire qu’il y a ne serait-ce qu’une ressemblance même très vague entre l’autonomie telle que la concevait Césaire et telle que la comprennent les faux césairistes du nouvel autonomisme ?

Le comble mais pas le pire

Mais ce n’est pas le comble ni le pire. Le comble et le pire dans tout cela c’est la référence simultanée à Césaire pour justifier leur conception de l’autonomie et à Sarkozy pour en garantir l’innocuité.

Personne avant eux n’avait pensé à un apparentement aussi grotesque. Il fallait qu’il y eût un commencement. Souhaitons que ce soit le commencement de la fin de l’imposture néo-autonomiste des faux césairo-sarkozistes.

UN INDÉPENDANTISTE DES LENDEMAINS D’ÉLECTION

INTERVIEW DE MARIE-JEANNE À PARIS MATCH 3 SEPTEMBRE 1998


Paris-Match : « Beaucoup d’analystes pensent que le vote indépendantiste est un vote protestataire, poujadiste, populiste. Quel est d’après vous le pourcentage de ceux qui ont vraiment voté pour l’indépendance ? »

Alfred Marie-Jeanne :
« Tous ceux qui ont voté pour moi sont pour l’indépendance. Or j’ai eu 65 % de voisx dans le sud Martinique. Il n’y a pas d’autre manière de juger la démocratie que par le vote. On prend les armes ou l’on vote. Donc le vote démontre à un moment donné l’état de conscience d’un pays. »…

P.M « Souhaitez-vous qu’un referendum soit organisé sur le statut de la Martinique ? Si oui, quel pourcentage de Martiniquais voterait pur l’indépendance aujourd’hui ? Vos opposants affirment que vous seriez balayé ».
A M-J.:
Que les Français décident de faire un referendum tout de suite et ils verront.

P-M : Vous pensez vraiment que vous gagnerez ?
A. M-J.
Nous remporterons ce referendum haut la main.

P-M : En êtes-vous si sûr ?
A. M-J :
Nous l’emporterons haut la main. Le gouvernement n’a qu’à dissoudre l’assemblée régionale et décider ce referendum et vous verrez le score que nous obtiendrons. Je rappelle en passant que nous avons pratiquement le tiers de l’assemblée : 13 sièges sur 41. Vous avez entendu ?
Aucun parti en France n’a ce pourcentage à lui tout seul.




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