LA DESINFORMATION PLANETAIRE ORGANISEE


Rédigé le Mardi 2 Février 2010 à 05:15 |

Par Rafael RICO RIOS, Grégoire SOUCHAY :20 janvier, Madrid. Le journal-phare de la droite espagnole ABC publie l’article « l’arme secrète pour provoquer les tremblements de terre », écrit par la « journaliste » Noelia Sastre qui déclare sans sourciller : « le gouvernement anti-américain du Venezuela, dans sa paranoïa habituelle contre l’empire yankee, assure que « le séisme en Haïti est la conséquence d’un essai militaire de la marine américaine » et souligne que « c’est un tremblement de terre expérimental des États-Unis qui a dévasté Haïti ».


Aussitôt repris, le même jour, Russia Today, victime d’une distorsion temporelle sévère, appose le même mensonge, en voix off sur des images de Chavez datant du 30 décembre dernier qui traitaient .... du bilan de la politique énergétique pour 2009.

Pas de doute possible : un nouveau virus de propagande se répand à grande vitesse dans tous les médias internationaux (1). En France, on le retrouve partout : Le Monde, le Journal du Dimanche, le Post, le bolchévisant Bellaciao (2) et mêmes les sites d’extrême droite qui s’en délectent : Chavez a enfin décidé de valider les thèses conspirationnistes de Meyssan (réseau Voltaire).

Sauf qu’après vérification attentive, Hugo Chavez n’a fait AUCUNE déclaration ou allusion sur quelconque une responsabilité américaine dans le déclenchement du séisme. En réalité, cette hypothèse s’est glissée dans le flot quotidien des milliers d’articles produits par des sites du monde entier, atterrissant aussi sur quelques sites de soutien au processus vénézuelien.

C’est ici qu’entre en scène le Parti de la Presse et de l’Argent ( PPA, ainsi nommé par le journal le Plan B, http://leplanb.org/). La manipulation est particulièrement grossière : si un site qui appuie la révolution vénézuélienne donne à lire cet article, c’est forcément qu’il l’a rédigé ... ce qui « prouve » donc que c’est Chavez qui l’a dit ! C’est un peu comme si on attribuait à Sarkozy un article de Russia Today ou d’ABC dont le Figaro ou TF1 se seraient faits l’écho.

Les médias finissent par prendre pour vérité leurs mensonges répétés depuis dix ans.

Dès 2000, l’on pouvait lire que "La liberté d’expression s’amoindrit, Chavez accapare les médias". En 2010, l’écart n’a jamais été aussi grand entre le Venezuela et son image dans le miroir déformant du PPA. Car dans le Venezuela réel, non seulement la vision de n’importe quel kiosque à journaux ou l’écoute des radios indiquent le contraire, à savoir une presse libre comme le prouve ce 27 janvier la grande majorité de manchettes et de programmes critiquant le gouvernement.

Mais surtout, 80% de cette grande presse (journaux, radio, télé) reste aux mains du privé, et donc de l’opposition ! Il y a deux semaines, l’on pouvait ainsi entendre dans un de ces médias soi-disant « fermé par Chavez » en 2007, un leader de l’opposition, président du patronat local, déclarer que « la solution au Venezuela est militaire »

Les médias internationaux ont volontairement occulté le fait que le gouvernement bolivarien est depuis 1998 le pionnier de la démocratisation des ondes radio et TV, qui commence tout juste à émerger ailleurs, en Uruguay, Bolivie, Équateur, Argentine, ... et dont ferait bien de s’inspirer la « gauche » européenne. Les médias alternatifs, jadis clandestins et réprimés disposent désormais d’un cadre légal et de la possibilité d’émettre.

Existent aujourd’hui plus de 500 médias communautaires, qui loin d’être des « courroies de transmission du chavisme » peuvent se montrer au contraire critiques envers le processus et totalement libres d’expression, beaucoup plus que les médias privés où une structure médiévale perdure : la hiérarchie ordonne et le « journaliste » exécute. Il est évident qu’une vraie révolution n’est possible que par la critique interne, et l’analyse des erreurs commises.

Le premier à demander la critique et l’autocritique est d’ailleurs ... Chavez lui-même. La liberté d’information doit dans une véritable démocratie signifier le droit pour toute la population d’informer, et non celui d’une oligarchie d’experts et de prétendus « journalistes ».

Hallucination collective et rideau de fumée.

En ce qui concerne Chavez et Haïti, l’hallucination collective offre un double avantage. Elle permet de discréditer un peu plus le « dictateur fantasque » devenu « fou paranoïaque ». Mais elle jette surtout un épais rideau de fumée sur l’invasion d’Haïti par l’armée américaine, avec déploiement de 20 000 soldats et prise de contrôle des points stratégiques de l’île.

Tout cela dans le cadre d’une contre-offensive visant à reprendre le contrôle de l’Amérique Latine : bases militaires en Colombie et Panama, coup d’État au Honduras... Il faut également y ajouter quelques antécédents « fâcheux » pour Haïti : invasions de la France et des Etats Unis au XIXe siècle après « l’indépendance » du pays, soutien étasunien à la dictature des Duvalier, marquées par des massacres de population et pillage des richesses, mais restés aux bons offices de la France qui a accueilli le dictateur en exil. Sans oublier les deux putschs anti-Aristide soutenus par les Etats-Unis en 1991 et 2004, et depuis lors l’installation de forces militaires d’occupations sous l’égide de l’ONU, privatisant l’économie pour la remettre enfin aux multinationales. (4)

Cachez ces médecins vénézuéliens et cubains que le PPA ne saurait voir.

Rideau également sur le fait que les premiers secours apportés à Haïti sont venus du Venezuela, avec une équipe d’urgence dès le lendemain du séisme, et l’arrivée de 1200 tonnes de nourriture le surlendemain. L’initiative majeure revient néanmoins à Cuba, qui aide le pays depuis des années en envoyant régulièrement des médecins volontaires sur place, dont l’action a été saluée par le gouvernement haïtien et Bill Clinton. http://www.larevolucionvive.org.ve/spip.php?article369&lang=fr

La pandémie est grave. Un vaccin expérimental dénommé « révolution bolivarienne » a provoqué une réaction très négative de la part du Parti de la Presse et de l’Argent. Encouragés, nos chercheurs travaillent désormais à la réalisation de traitements définitifs aux noms provisoires de : « démocratisation du latifundio radioélectrique » ou « appropriation populaire de l’information ». D’ici là, seules des injections répétées de « critique des médias » et les vitamines de « remise en cause du discours dominant » pourront permettre à l’information journalistique de survivre ... provisoirement. (5)

Pour le Comité Anastasie pour la Protection de l’Information Juste et Equilibrée (CAPIJE)



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