LA QUESTION DU STATUT EST UNE QUESTION POLITIQUE.


Rédigé le Samedi 27 Juin 2009 à 08:58 |

Par Edouard de Lépine: Après le discours très autonomiste d’Alfred Marie-Jeanne au dernier Congrès des élus régionaux et généraux. Nul, bien entendu, ne se réjouirait plus que le PPM d’entendre le Président du Conseil Régional défendre avec tant de vigueur l’autonomie qu’il dénonçait hier avec tant de hargne.


« PA KITE PESONN METE PIES ZAGRIYEN AN TET ZOT » Alfred Marie-Jeanne au Congrès du 18 juin 2009
« FINI EPI BATE DOUCE POLITIK-LA » A.Marie-Jeanne, La Parole au Peuple n° 17 oct 2003

Il y avait quelque chose d’émouvant et, nous semble-t-il, de sincère dans l’apologie de l’autonomie par l’un de ses plus virulents pourfendeurs de jadis.

Aussi bien nul ne se féliciterait-il davantage que nous de voir Alfred Marie-Jeanne décerner un brevet de légitimité comme il vient de le faire à ce Congrès qu’il accusait, il y a dix ans, d’être « antidémocratique en ce sens qu’il favorise une dérive alimentariste puisque c’est le congrès qui jugera l’opportunité d’interpeller le gouvernement sur une possibilité d’évolution statutaire » (déclaration au Monde du 2 novembre 1999).

Tant mieux si ce congrès « constitué d’élus possédant tous la légitimité populaire » peut, comme il l’affirme, « mettre la Martinique sur le chemin de l’Autonomie.

Cela ne dépend ni du Congrès ni de Marie-Jeanne mais de ce qu’il appelle curieusement le troisième maillon… non le moindre, il est vrai. Pour une fois il a raison. « Le congrès propose, le peuple dispose ».

Le peuple c’est donc le premier maillon, le maillon fondamental. Il y a six ans, Marie-jeanne invitait les élus et singulièrement les maires qu’il soupçonnait de trahison à « Fini épi bate douce politik-la ». C’est à lui, à ses alliés, à ses complices et à ses comparses qu’il faut renvoyer cette injonction.

Qu’ils continuent de se branler avec des bavardages faussement savants sur le 73 et le 74, sur les « adaptations » et les « habilitations », pour masquer le fait politique le plus important dans la situation actuelle.

C’est à savoir qu’il existe trois courants politiques à la Martinique : les départementalistes (à notre avis de moins en moins nombreux), les autonomistes (probablement beaucoup plus nombreux aujourd’hui qu’il y a un quart de siècle) et les indépendantistes peut-être pas plus nombreux en 2009 qu’en 1999). Il faut donner au peuple à choisir entre ces trois courants :

Êtes-vous pour la départementalisation ? pour l’autonomie ? ou pour l’indépendance ?

Tout le reste c’est zagryen an tête nèg.

Il faut mettre les uns et les autres au pied du mur, c’est dire leur permettre de se compter. La question du statut n’est que très secondairement une question juridique. C’est d’abord et avant tout une question politique

Pour nous autres autonomistes, l’autonomie c’est le droit et la possibilité de faire des lois, sur nos affaires locales, dans le cadre et dans le respect de la Constitution française. Si la constitution actuelle ne le permet pas, il faut amender cette constitution. Nos parlementaires sont élus et payés pour cela.

La seule chose qu’ils peuvent exiger c’est que leurs électeurs leur donnent la force, c’est-à-dire les moyens, de convaincre leurs collègues du Parlement français.

Edouard de Lépine


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