La distillerie la Favorite, va-t-elle devoir cesser de fumer ?


Rédigé le Vendredi 12 Avril 2019 à 07:49 |
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Vous n'ignorez pas que le mercredi 10 Avril 2019 le Laboratoire Territorial d'Analyses a été officiellement inauguré. Une petite fête comme disait Claude Lise dans son discours, mais une belle passe d'armes entre le président de l'exécutif et le président de l'assemblée.


De quoi s'agit-il exactement ? Et pourquoi un tel affrontement public ?

En effet le mercredi 10 Avril 2019 se déroulait sans fanfare, ni trompette la mise officielle de ce qu'il conviendra désormais d'appeler le Laboratoire Territorial d’Analyses. Voici le communiqué officiel soft, derrière lequel se cache une passe d'armes sans pitié entre les deux présidents à la tête de la CTM :

Ce mercredi 10 avril, Alfred MARIE-JEANNE, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique et Claude LISE, Président de l’Assemblée de Martinique ont procédé à l’inauguration officielle du Laboratoire Territorial d’Analyses, en présence d’élus de la CTM, de personnalités et des agents du laboratoire.

L’occasion de saluer le travail des agents de la Collectivité, de retracer les différentes étapes de la construction de cet outil emblématique de la CTM et d’afficher les ambitions de la Collectivité pour développer davantage son positionnement et accroître la compétitivité sur le territoire de la Martinique en élargissant l’offre d’analyse….Et ainsi permettre aux Martiniquais d’avoir un laboratoire de référence et d’excellence, qui pourra couvrir toute la Caraïbe, en dépit des fortes contraintes de localisation de ce bâtiment, comme l’a souligné le Président MARIE-JEANNE.

Les projets du LTA pour le futur s‘inscrivent parfaitement dans sa démarche de préservation de l’environnement, de la sécurité alimentaire ainsi que de la qualité de vie des Martiniquais.

C'est ce que dit le bureau de la communication, mais en fait deux discours ont été lus, l'un valorisait , c'est celui de Claude LISE, l'autre était pour le moins interrogateur, et jetait un froid et même un doute sur les résultats qui sortiront de ce laboratoire. C'était celui d'Alfred MARIE-JEANNE. Cliquez sur page suivante ou page 2 pour comprendre et imaginer les conséquences.

Voilà la partie du discours qui nous interpelle ! Ceci est une citation du discours d'AMJ:

EXTRAIT / " Malgré tout, je me dois de signaler les difficultés persistantes qui créent un risque pour l’activité. Avant tout, le risque industriel, lié à la proximité de la distillerie « La Favorite ». De facto, le laboratoire est exposé, lors de la période de production de l’usine, aux fumées polluantes qui proviennent de l’activité sucrière.

C’est un problème sérieux ; car il a déjà été cause de retrait de certains personnels pour des raisons médicales. Il se pourrait tout autant, qu’il influe sur la qualité des tests réalisés ou qu’il soit cause d’obsolescence accélérée des matériels. Le choix de l’implantation était tout de même risqué. C’est pourquoi le 21 novembre 2017, j’ai alerté la Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Madame Frédérique Vidal sur la problématique de la reconstruction du Laboratoire.

Lors de notre échange, je lui ai fait savoir que cet établissement moderne avait été reconstruit sur un site qui pose problème, avant mon retour aux affaires. En effet, il se trouve sur un site classé SEVESO, dû à la proximité d’une distillerie. Outre le risque d’explosion, il existe une pollution atmosphérique de particules fines relâchées par cette usine.

Je lui ai signalé que le bâtiment terminé non encore aménagé à l’époque de notre entretien, subissait déjà cette pollution, qui risquait de compromettre la fiabilité des résultats des analyses. Je lui ai fait savoir que c’est l’Etat qui avait validé la construction de ce laboratoire sur ce site. Je lui ai demandé de régler ce problème épineux. Car il ne s’agit nullement de déplacer la distillerie, ni de la faire fermer, mais bien de trouver solution (s) pour rendre ce laboratoire fiable et viable.

Le 31 janvier 2019, un courrier a été adressé à Monsieur le Préfet, rappelant le risque et le préjudice pour l’activité du Laboratoire. Faut-il signaler que ce risque aurait dû avoir été repéré en amont, par le plan local d’urbanisme, avant sa construction.

Voilà donc ce que pense Monsieur MARIE-JEANNE. Ce discours nous interpelle par ailleurs, en particulier sur ce que l'industriel et le personnel de l'entreprise la Favorite doivent comprendre. pour en savoir plus cliquez sur page suivante ou page 3

A notre avis c'est une alerte grave pour l'industriel qui le conduira certainement à prendre d'autres dispositions.

En effet, si avant c'était la population du quartier qui se battait contre les indispositions de cette usine, aujourd'hui l'affaire devient une bataille entre institutions, dont certaines appartenant aux décideurs du pays, à savoir l'état dans une certaine mesure moindre, mais la CTM qui active notamment les fonds européens.

Ici on n'est pas non plus comme dans le cas du Galion où bon gré malgré la turbine d'Albioma a sauvé une filière. Les Dormoy propriétaires de l'usine au demeurant des personnes sympathiques et respectueuses qui habitent le quartier au vent de l'usine, il est vrai, vont se retrouver très certainement dans une obligation de mise aux normes où à notre avis l'enjeu ne vaudra pas la chandelle. Autrement dit cette usine dont les terres vendues par étapes, pour sauver l'exploitation, va se retrouver étranglée par la même faune d'installations qui a poussé là où elle aura vendu ses terres.

Un hôpital, un dépôt d'engins, un établissement scolaire des résidences principales et un voisinage en lien avec l'histoire de l'usine cohabitaient. Il serait étonnant qu'à terme on accepte de faire cohabiter côte à côte le laboratoire et en amont ce qui devrait être aussi un chantier colossal, la maison dont Daniel Marie-Sainte ne cesse de dire qu'il doit débuter et va abriter plusieurs établissements médicaux.

Si cette situation semble préoccupante pour les propriétaires, cela ne veut pas dire que c'est pour autant la fin des rhums La Favorite, car en définitive depuis longtemps certains industriels ont regroupé sur un site des outils de production capables de produire des rhums pour plusieurs marques. C'est le cas de Depaz et des Rhums Dillon, de Trois Rivières qui n'a plus d'usine et des rhums Clément et HSE qui sont produits au Simon.

Cette affaire industrielle dans l'affaire politique est simplement annonciatrice de la fin de l’indépendance de cette petite usine si typique, avec laquelle le quartier avait appris à vivre, et dont les rhums sont si exceptionnels grâce au micro-climat créé dans le quartier par la traversée de plusieurs rivières !

Pour lire le discours de Claude LISE, cliquez sur la dernière page .

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Pour le fun je vous propose de lire, le discours de Claude Lise, ce dernier rappelait son acharnement à vouloir construire ce labo, ce que Marie-Jeanne a traité avec la même désinvolture que le rapport Lise Tamaya !

Pour rappel :

Le LTA est un outil majeur permettant à la CTM de mettre en place une politique de santé publique au bénéfice de la population, tant sur le plan de l’hygiène et la sécurité alimentaire, que sur le plan de la santé environnementale. Le LTA Martinique, laboratoire accrédité COFRAC* 17025 sur une dizaine de programmes techniques (plus de 20000 échantillons analysés en 2018), a pour mission de participer au maintien de la sécurité alimentaire et de la santé environnementale des Martiniquais.

Le LTA compte aujourd’hui 46 agents de formations et de spécialités diverses, tels ingénieurs, vétérinaires, chimistes, biologistes, météorologues, préleveurs, qualiticiens, gestionnaires. Le LTA fonctionne avec un budget d’environ 3,4 millions d’euros, dont 50% en recettes propres et 50% en subventions versées par la Collectivité.

Téléchargez ici le discours de Claude Lise.

DP INAUGURATION LTA.pdf  (2.12 Mo)



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