Le dragage du port du Vauclin cache-t-il une bombe écologique ?


Rédigé le Mardi 11 Juin 2019 à 06:59 |
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Un titre aguicheur pour parler de la souffrance de deux entreprises de dragage des ports de la Martinique, mais que voulez-vous , un scandale en cache probablement un autre ! Le responsable des infrastructures DMS a toujours revendiqué l'idée de faire son travail sans concession. Il rajoute souvent, dans le respect du cahier des charges et de l'argent public.


Pourtant il est très rare ,face aux administrations que les entreprises du BTP aient gain de cause. Sauf quand elles ont les moyens de faire un bon procès, avec les bons avocats et en prenant le temps nécessaire.

Ces boues contiennent des métaux lourds.
C'est le cas de l'entreprise SIMP qui sur le stade de Dillon aura, après plus de 20 ans, obtenu de la ville de Fort de France des millions, suite à ce que le tribunal en dernière instance avait considéré comme des manquements graves de la mairie et de ses conseils.

Généralement ces grosses entreprises à l'ouverture du marché, ouvrent également un dossier juridique, qui est alimenté au cas où le chantier devrait avoir une étape judiciaire. Mais ce n'est pas l'habitude des entrepreneurs martiniquais, qui souvent , considèrent que le bon Dieu finira par éclairer le dossier. Le plus souvent ces patrons repartent une main devant une main derrière.

Avec les réseaux sociaux, tout finit à un moment ou à un autre par se savoir. Mieux, soit l'information est instantanée, soit quand elle ressort des années plus tard, elle fait encore un plus gros effet. Ici c'est Martinique 1 ère qui a sorti le dossier. Un dossier de souffrance des entreprises martiniquaises face soit à des vérificateurs qui changent les règles du jeu pendant la partie, soit face à des élus qui pour se protéger préfèrent se boucher les yeux, les oreilles et botter en touche.

Dans le cas du dossier du Vauclin, comme celui de Grand-Rivière, ce qui est en cause c'est un problème de cubage, de prix et de conditions de marché. A Grand-Rivière, c'est la fin du chiffrage du marché qui cause problème. L'entrepreneur a journellement noté ses quantités, et au moment de le payer, c'est un autre principe et une autre unité de comptage que le technicien considère. Résultat moitié moins des quantités facturées lui seront payées.

Au Vauclin, le problème est encore plus cocasse. Tournez la page pour comprendre en appuyant sur page suivante.

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Alors que le marché initial était un marché de pompage direct, pour Chateau Paille ,et que le marché en cours est un marché de pompage avec un bassin intermédiaire de décantation, puis un réacheminement vers Pointe Térogène, on découvre que là aussi l'entreprise va à sa perte. Pour seule réponse, voilà le propos du responsable des infrastructures de la CTM

Daniel Marie-Sainte répond ceci à Arthur Trebeau le chef d'entreprise, je cite : Vous avez reçu un bon de commande spécifique pour faire le job, soit vous le faites soit vous ne le faites pas! Vous le signifiez à la CTM.

Ce n’est pas en faisant une conférence de presse avec Martinique la 1ère que vous réglerez le problème, mais plutôt en respectant les règles du Code des Marchés Publics en vigueur depuis le 1 er Avril 2019 . Si vous n’êtes plus d’accord pour faire le travail, nous rechercherons une autre entreprise pour faire le job par le biais d’un nouvel appel d’offres public !

Fin de citation, et sans autres conditions !

Autrement dit : C'est ainsi et pas autrement. Sauf qu'en fouillant bien on découvre finalement que ce qui se passe sur place n'est pas du tout ce qui était commandé à l'entreprise par la CTM dans le premier marché. Alors que son marché prévoyait un pompage direct pour Chateau Paille, on découvre que le marché réalisé demande à l'entreprise de faire un pompage intermédiaire, de laisser décanter les sédiments, puis de les évacuer vers un autre site non connu au moment du marché, la Pointe Térogène . C'est donc à partir de ce changement dû aux réprimandes de l'Etat que cette solution provisoire a été trouvée. Il se trouve que cette solution ne correspond plus au cahier des clauses techniques de l'entreprise. Se voyant aller à sa perte, le chef d'entreprise a raison de faire connaitre sa situation, et d'en faire une affaire médiatique.

Mais il y a une affaire dans l'affaire. Une affaire écologique encore plus grave !

En effet, qui aurait donné l'autorisation de déverser les boues non traitées dans la nature, au dessus de la Pointe Faula ? Qui a pris cette décision ? Oui, qui devra assumer cette pollution écologique nouvelle ? Et que font les services de l'Etat ? Si nous avons compris qu'une réunion est prévue à la CTM le 14 juin 2019, on peut espérer que les services mettront de l'eau dans leur vin, car dans l'autre cas, il ne restera plus à l'entreprise que de se retourner vers la justice, celle que bien souvent nos révolutionnaire patentés appellent la justice coloniale . Nous ne voyons pas comment elle pourrait avoir tort quand le donneur d'ordre ne respecte plus le CTTP. Cette affaire est une illustration de l'adage "complot neg", car en effet une compréhension mutuelle aurait sans doute permis d'éviter un scandale encore plus important, celui de la pollution de la baie de la Pointe Faula par les boues du port de pêche !

Nous suivons l'affaire, mardi nous serons au Vauclin.

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