NE MELANGEONS PAS TOUT


Rédigé le Mercredi 13 Janvier 2010 à 20:01 |

Dans les commentaires sur le vote du 10 janvier il faut faire attention à ne pas mélanger tous les niveaux d’argumentation. Laissons de côté les arguments liés aux perspectives électorales toutes proches, aux positionnements stratégiques pour être bien dans la course, et analysons lucidement les choses, sans passion. En procédant ainsi on ne peut manquer de voir que la question de la consultation avait deux traductions simples :


- La première : avoir plus de responsabilité dans le cadre constitutionnel de la république française

- La deuxième : risquer d’être privé de droits sociaux, de dotations budgétaires et de subventions européennes pour avoir osé demander la spécialité législative sur un certain nombre de points.

D’autre part, d’éminents juristes et politologues renommés d’ici et d’ailleurs, des femmes et des hommes politiques jouissant d’une certaine notoriété, donc dignes d’une certaine confiance, n’ont pas cessé de lancer les mises en garde suivantes :
- « Méfiez-vous, il s’agit là d’une « autonomie sanction », qui est une énième astuce du gouvernement français pour vous larguer, parce qu’il connaît des temps difficiles. »
- « Méfiez-vous, ceux qui vous proposent l’article 74, ne sont que des gens assoiffés de pouvoir personnel, et ils s’en foutent de vous priver de vos droits, car ils pourront assouvir leur soif de pouvoir. »

Dès lors, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi, la plupart des gens ont jugé qu’il s’agissait là d’un risque, et qu’il ne fallait pas le courir. Et c’est ce qui explique le résultat. On a eu à peu près la même chose lors de l’élection de Mitterrand, où le bruit a couru, qu’on aurait de ce fait même l’indépendance, et tout le monde a en mémoire la ruée qui s’en est suivie sur les urnes pour voter Giscard afin de bien manifester le refus de cette chose.

Mais, comme, honnêtement, nous ne saurions souscrire
- ni à la théorie de l’ « autonomie sanction »,
- ni à l’idée que ceux qui ont fait le choix du 74, seraient simplement des assoiffés de pouvoir cherchant à plonger le peuple dans quelque affreuse dictature, en fait, il s’agit bien du choix d’une opportunité réalisable concrètement dans un timing maitrisable, ( par rapport à une conception lointaine de la révolution qui viendrait dans un futur hypothétique), résultant d’une réflexion mûrie par des années de militantisme au service de la cause du peuple martiniquais sur les fronts de l’écologie, de la culture, de l’éducation, de l’emploi, de l’insertion, du développement de l’économie endogène, etc.)

Nous en concluons tout simplement qu’il reste encore un peu de chemin (sincèrement je pense que ce sera moins long qu’on ne le pense en général) pour que le martiniquais de base, fasse la part des choses, et reconnaisse le mérite de tous ceux qui se sont engagés pour lui ouvrir le chemin de la responsabilité. Après tout, Césaire, une fois mort, est devenu tout d’un coup le « papa » de toute la Martinique, et toute cette quantité de personnes qui, de son vivant ont dit des tonnes de bêtises à son sujet, se sont tues et se fondues dans la masse de ceux qui font son éloge maintenant. Bref, il n’y a pas de quoi décourager le militant sincère et convaincu.
Edmond Mondésir


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