NOU PED FIL EN NOU


Rédigé le Lundi 2 Mars 2009 à 16:31 |

Blanc métropolitain, mais guadeloupéen depuis 1970 (j’avais 7 ans), ma scolarité : Anquetil, Raizet, Carnot puis Baimbridge pour le bac. Ensuite direction Lyon pour des études d’ingénieur et ensuite un 3eme cycle de management et Marseille ; puis 10 ans dans une PME marseillaise pour acquérir de l’expérience professionnelle



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En 1998, je suis revenu « au pays » pour créer une entreprise dans le domaine du tourisme et dans le secteur des nouvelles technologies. Ma motivation : « Prouver qu’il est possible de créer de la valeur en Guadeloupe, créer de l’emploi guadeloupéen, développer une entreprise dans les nouvelles technologies, et ne plus parler du tourisme antillais en terme de potentiel, mais en terme de richesse créée ». Aujourd’hui cette entreprise a développé un savoir faire unique au monde.

En 1999 j’ai obtenu le prix de l’entreprise innovante du Ministère de la Recherche (Ministre Monsieur Claude Allègre) parmi 3.000 candidats ; en Octobre 2008 le jury du magazine « Inter-Entreprises » me faisait l’honneur de m’élire manager Antilles-Guyane de l’année. Commentaire de Mr Arconte de la Direction du travail en Guadeloupe « je n’ai jamais lu un rapport de mes services aussi élogieux sur une entreprise guadeloupéenne ». Il faut dire qu’avec mes équipes, nous avons toujours été fier de porter haut les couleurs du tourisme antillais, de créer des emplois directs et indirects, et de créer de la richesse de la valeur ajoutée partagée par tous. Il faut dire que nous appliquons toute la convention collective des agents de voyages, et que les salaires de l’entreprise sont en moyenne 30% plus élevés que ceux de la métropole ; il faut dire que nous avons distribué au titre de l’exercice 2007 près de 70.000 euros de participation aux salariés…et pourtant nous allons mourir !

A cette date l’entreprise comptait 65 salariés à Saint-François, et en janvier 2009 nous avons réalisé 30% de croissance par rapport à l’an passé. Je m’apprêtais à embaucher 5 personnes de plus, à investir encore plus car le tourisme guadeloupéen repartait après 10 années de galère.

En 5 semaine nous avons annulé plus de 2.000 touristes en Guadeloupe et Martinique, nous avons remboursé plus d’1 million d’euros à nos clients, nous avons perdu plus de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires, plus de 500.000 euros de marge brute ; le nombre de clients nous sollicitant pour des séjours aux Antilles est passé de 700 par jour à moins de 200 jours. La haute saison touristique est désormais derrière nous, et nous abordons les ventes de la basse saison (de Mai à Septembre). Il est désormais certain qu’au-delà des pertes accumulées depuis 5 semaines, les 6 mois à venir seront catastrophiques ; non seulement l’entreprise ne s’en remettra pas, mais des centaines d’emplois sont être supprimés dans les hôtels, restaurant, loueurs de voitures, loueurs de bateaux, excursionnistes … (combien parmi les 12.000 salariés du tourisme ? il suffira de regarder les chiffres entre Mars et septembre prochain).

Alors cette semaine je m’apprête à licencier les 10 premiers salariés de l’entreprise, parmi eux les contrats de formation, professionnalisation, les CDD que nous aurions dû et pu embaucher si on nous avait laisser faire notre métier de créateur de valeur et de richesse. Je sais aussi que ce sont les 10 premiers et que je serais contraint de continuer pour préserver le reste, puis continuer …etc jusque la fin !

Oui je pleure, je pleure d’incompréhension fasse à un suicide collectif, je pleure de voir la classe politique locale muette, invisible fasse au désastre social qui s’annonce, face aux milliers de chômeurs qui vont grossir les rangs de l’ANPE et les bureaux de pleurs de leur collectivité. Je pleure de voir tous ces politiques venir donner des leçons. Madame Royale vous qui affirmez « …ne me dites pas que les entreprises ne peuvent pas augmenter les salaires de 200 euros ! » alors montrez nous l’exemple du haut de votre poste de Présidente de la Région Poitou Charente, « ne me dites pas que la Poitou Charente ne peut pas le faire ! » et d’ailleurs que toutes les régions socialiste de France nous montrent l’exemple puisque c’est si facile. Votre inconséquence et démagogie récupératrice prive les guadeloupéens de la fierté de créer leur propre développement et générer leur propre richesse. Il est de la responsabilité du politique de légiférer sur la juste répartition de la richesse ! cela passe par les textes de toutes natures (et il en existe de nombreux) , mais pas par les accusations généralisantes, infondées, irresponsables et par l’émotion à 2 euros.

Je pleure de voir que la seule façon que nous avons de distribuer de la richesse, c’est d’emprunter, c’est par la dette des collectivités locales, de l’état; dette dont nous allons ‘courageusement’ léguer à nos enfants.

Dans mon métier qu’est le tourisme, je rappelle que la Barbade, état indépendant située à 600 kilomètres de la Guadeloupe, étant 4 fois plus petite que la Guadeloupe, ayant 2 fois mois d’habitants, accueil chaque année 1,2 million de touristes générant 1,2 milliards de recettes par an !
La Guadeloupe accueillent à peine 400.000 touristes générant à peine 400 millions d’euros. Alors voilà 800 millions d’euros par an, qui sont ni des subventions, ni de la dette, ni de l’emprunt, ni du RMI, ni du RSA, ni « déchoukage » d’une communauté, ni de l’appauvrissement des entreprises, ni des bons sentiments, ni des « y a qu’à, faut qu’on ». Il s’agit de travail de réflexion, de compétence, d’ambition, de stratégie, de qualité, de management de motivation de salariés…. Mais face à cela nous offrons les carcans administratifs aussi bien de l’état que de la région, et le dogmatisme syndical.

Au lieu de cela nous en Guadeloupe fermons des hôtels depuis 10 ans : (Anse de Rocher, Marissol, Kayé-Là, Domaine de Malendure, Petite Anse, Plantation sainte-Marthe, Callinago, Méridien/Kalenda, Hôtel Tropical, Royal Caraïbes, Village Raisin Clair, Le Hamak,…), et plus récemment pour des périodes provisoires ou définitives : Le Manganao, le Club Med, Pierre et Vacances !

Alors oui je pleure face aux licenciements que l’on m’oblige à faire alors que je pourrais créer des dizaines d’emplois et générer des dizaines de millions d’euros de richesse à distribuer, parce que les Hommes modernes (tous tant que nous sommes, chef d’entreprise, politiques, syndicalistes, journalistes, simples citoyens !) préférons la facilité de lieux communs au travail, à la compétence, au dialogue, à la réflexion, à l’innovation !

Notre société est capable de créer ses nouvelles idoles en la personne de nos footballeurs multimillionnaires, mais jette « aux chiens » les entrepreneurs, créateurs de valeurs, de richesses, d’emploi alors qu’ils prennent des risques financiers pour eux et leur famille ; on les jette « aux chiens » avec une seule formule lapidaire « pwofitasyon ».

Messieurs les syndicalistes fonctionnaires, hommes et femmes politiques biens pensants, vous voulez distribuer de la richesse : or, vous la détruisez ; vous voulez moins de chômeurs, or vous les créés ; comment pourrais-je ne pas pleurer de colère, d’incompréhension et d’impuissance !

Je veux me battre pour créer de la richesse et je suis enchaîné, je veux me battre pour créer des emplois et je suis enchaîné, je veux me battre pour la Guadeloupe, mon pays « sé ten mwen .. . » aussi!), et l’on me suicide !

François BENARD
Nouvelles Antilles
Manager Antilles Guyane 2008




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