Non, Emmanuel de Reynal, l’économie de la Martinique n'est pas à la traîne…

L'économie de la Martinique s’effondre de désespérance ! Par Victor Monlouis Bonnaire


Rédigé le Jeudi 23 Mai 2019 à 12:55 |
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Nous avons pour habitude de partager sur ce site les chroniques d'Emmanuel De Reynal. Pour plusieurs raisons. La première c'est qu’Emmanuel est l'un des seuls békés à rendre sa parole publique. Beaucoup d'autres préfèrent appliquer l’adage du pour vivre heureux, il vaut mieux vivre caché !


La seconde c'est que lui autant que nous, sommes persuadés que la Martinique ne pourra pas sortir de ses difficultés si la méfiance entre nègre,béké et vice versa persiste.

Mais on sait aussi maintenant que sa parole est politique depuis peu. Effectivement notre ami de savane, (c'est à dire que nous rencontrons hors de chez lui et hors de chez nous) a aussi appelé à voter pour un camp aux élections européennes. C'est sont droit de faire aussi de la politique, en plus des affaires qu'il dirige, mais sa parole prend aussi un autre relief ! Un relief de partisan désormais...

Mais bien loin de nous opposer à lui comme le titre de cet article semble pouvoir l’entendre, pour un effet de style et d'attraction, nous croyons que la situation est plus grave que De Reynal ne veut bien le dire. Oui la situation est gravissime du seul fait de la place des collectivités dans notre économie, mais ce qui la rend encore plus périlleuse, c'est que 80 % de la valeur ajoutée crée en Martinique sur le secteur marchand soient détenus par les rois de l'importation, sans que ceux ci ne soient dans un rapport de confiance et de partage de ces bénéfices avec le reste des acteurs économiques.

Le Professeur Charles Nicolas lui même l'affirmait, la Martinique ne pourra avancer collectivement que lorsque l'impasse de l'esclavage, de la domination , des sévices, de l'inégalité des chances et de la séparation seront traités.

Que vient faire ici encore me direz-vous à ce stade la question de l'esclavage ?

Pour comprendre notre argumentation cliquez sur page suivante.

Voici selon nous ce qui pose problème :

Outre l’effondrement des valeurs, ce qui cause problème en Martinique, c'est la question des postures. Rappelons-nous le cirque fait par le MIM à l'époque ,sur la collaboration entre Camille Darsières et les Békés. Au moment où le monde économique avait besoin des institutions locales, être en relation avec les acteurs de l'économie, c'est à dire les békés était un crime. Darsières a été traité d'hommes des békés

Au yeux de beaucoup d'activistes c'est encore le cas, et quand ils ne peuvent pas empêcher, ils bloquent ! Gréviste c'est effectivement un métier en vogue en Martinique, qui apporte la satisfaction de gripper un système. Or ce qu'il faut à notre économie martiniquaise, c'est avant tout de la fluidité : transport, port, logistique, banques.
Selon tous les scientifiques, toutes ces postures de rébellion sont des relents de l'esclavagisme ou pour les sociologues le résultat d'une société inégalitaire.

Autre point, c'est la gestion sans partage du territoire et des moyens.

Dans le seul cas de l'activité économique, et plus particulièrement de la publicité qui est un secteur que connait bien De Reynal, qu'on nous dise comment les 65 millions de potentiel du secteur sont gérés. Plus précisément, parmi les 50 groupes privés qui constituent le haut du pavé de l'économie martiniquaise, combien de ces entreprises békés ont confié la gestion de leur publicité à une agence non béké ?

Donc Manu ( je crois que c'est la première fois que je m'autorise cette familiarité) plus grave que tu ne le crois, c'est avant tout la désespérance dans ce pays, qui entraîne l’effondrement des engagements et donc de l'économie de la Martinique, par conséquent à terme, le bien-être des békés.
Nous pourrions avec un peu plus de temps montrer les autres mille aberrations du système.

La mise en jachère de milliers d'hectares cultivables appartenant majoritairement et proportionnellement à des békés, mais aussi à des nègres est équivoque. Certes tout ne peut être de la seule faute des uns et pas des autres, mais quand le premier cercle est si puissant, c'est tous les autres cercles qui sont impactés par les conséquences de politiques personnelles de sauvegarde de certains groupes.

Par conséquent si nous relayons ton billet, c'est bien pour entretenir et alimenter l'échange fructueux auquel tu appelles, mais cette fois nous nous devons d'éclairer cette discussion de notre vision différenciée et moins stigmatisante des seules collectivités locales, dirigées sans aucun béké. Nous profitons aussi pour rappeler que ceux, autres consommateurs, qui ne sont considérés qu'à ce seul titre espèrent de plus en plus devenir des acteurs de premier plan.

Ceci n'est concevable que dans une société capable de faire bouger ses lignes, ce à quoi je ne sais si toi et moi pouvons y parvenir, en dehors des wouélélés symboliques, de musée, centre d'art et d'exposition, au parfum de rhum, d’accras et de boudins ou encore de congrès !

Pour ceux qui veulent découvrir le texte d'Emmanuel de Reynal tourner la page en cliquant sur page suivante !

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Quand l’économie de la Martinique est toujours à la traîne… 22 MAI 2019 Rédigé par Emmanuel de Reynal

Sur invitation de Claude DORWLING-CARTER, Directeur de l’IEDOM, des membres de Contact-Entreprises conduits par la présidente Lucie MANUEL, ont échangé cette semaine sur la situation économique et monétaire de la Martinique.

Dans le monde…
Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons le contexte de l’environnement international :

Avec un taux ramené à 3,3%, la croissance mondiale ralentit notamment sous les effets de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, mais aussi des difficultés qu’ont rencontré certains pays d’Europe en 2018 (Italie, Allemagne…)
L’inflation mondiale est encore modérée, grâce à la stabilité des cours du pétrole.
Plus proche de nous, les mesures d’urgence de décembre 2018 ont dopé le pouvoir d’achat des Français. En 2019, celui-ci devrait augmenter de plus de 2%, soit la plus forte progression depuis 10 ans.
En 2019, la croissance française sera bonne. Elle se situera aux alentours de 1,5%, contre 1,3% dans la zone Euro.
En Martinique…
En 2018 l’activité économique est toujours à la traîne. La Martinique a du mal à trouver des relais de croissance. L’indicateur du climat des affaires (ICA) continue de se dégrader, confirmant la tendance baissière amorcée en 2015. Rien n’indique que les chefs d’entreprise retrouveront de sitôt des raisons d’espérer. Tout indique que leur horizon est bouché par les incertitudes. Leurs perspectives d’investissement sont toujours en baisse. Et la faiblesse de la demande anticipée en 2019 cantonne ces investissements au seul renouvellement des biens d’équipement, au détriment des capacités de production.

Pourtant en 2018, malgré un regain d’inflation, la consommation des ménages a été très soutenue. Le chiffre d’affaires des hypermarchés a augmenté de 1,7%, alors que la population martiniquaise continue de diminuer. On doit sans doute ce dynamisme à la présence plus nombreuse de touristes sur notre île, et aussi peut-être à l’augmentation des revenus des ménages.

Dans le même temps, les conditions sur le marché du travail se sont améliorées, le nombre des demandeurs d’emplois ayant baissé. Cette embellie doit être bien sûr relativisée, en regard de la forte chute démographique que connaît la Martinique depuis 2009 !

Au niveau sectoriel, le tourisme confirme ses bons résultats de l’année précédente. L’activité agricole est partiellement en redressement, bien qu’elle ne soit pas encore remise des évènements climatiques de 2016 et 2017. En revanche, l’activité commerciale et le secteur secondaire tournent au ralenti.

Cette grande mollesse de l’économie martiniquaise nous est malheureusement familière depuis plusieurs années.

Elle trouve notamment sa source dans les insuffisances d’un secteur public qui pèse lourdement dans l’économie Martiniquaise : plus de 40% de notre valeur ajoutée provient du seul secteur non marchand ! C’est-à-dire, près de deux fois plus que ce qu’il pèse au niveau national !

Et avec un tel poids, quand les collectivités toussent, c’est toute la Martinique qui tombe. Or, en effondrant la commande publique, en payant leurs fournisseurs à 86 jours en moyenne, en instruisant les dossiers au lance-pierre, en démoralisant les initiatives privées… ces collectivités font bien plus que tousser !

Mais il n’y a pas de fatalité. Nos voisins de la Guadeloupe nous le prouvent !


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