Prenez le temps de lire ce texte repéré par l'historien Gilbert PAGO


Rédigé le Mardi 12 Septembre 2017 à 22:23 |
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Ceci est un texte publié par la revue La France pittoresque qui décrit un cyclone terrible plus violent encore qu'Irma qui fit 9 000 morts en Martinique.


Grand Ouragan (Le) de 1780 dévaste les Antilles (D’après « Trombes et cyclones » (par Frédéric Zurcher et Élie-Philippe Margollé), paru en 1876)

Photo Serge BOISSARD
Publié / Mis à jour le DIMANCHE 10 SEPTEMBRE 2017, par LA RÉDACTION DE France PITTORESQUE

En 1780, celui que l’on nomma le Grand Ouragan, la plus meurtrière des tempêtes ayant frappé l’Atlantique nord et s’étendant sur toutes les Antilles, dévasta une grande partie des Caraïbes en causant la perte de plus de 20 000 personnes, dont 9 000 personnes pour la seule Martinique, le phénomène se reproduisant 30 ans et 50 ans plus tard.

L’ouragan du 10 octobre 1780, appelé le Grand Ouragan, avait été précédé par une terrible tempête qui commença le 3 octobre, et durant laquelle la mer, qui s’élevait en lames d’une hauteur prodigieuse, envahit la côte avec une impétuosité indescriptible. À Savana-la-Mar, ces lames renversèrent toutes les maisons construites dans la baie, et trois navires furent portés si loin dans les terres, qu’on ne put jamais les en tirer.
L’ ouragan du 10 a été décrit dans un grand nombre de relations, auxquelles nous empruntons les détails suivants : son diamètre embrassait dès l’origine les points extrêmes des Iles-sous-le-Vent, la Trinidad et Antigoa. Son centre passa le 10 sur la Barbade et à Sainte-Lucie, qui furent complètement ravagées et où presque rien ne resta debout, ni arbres ni demeures. À Sainte-Lucie — située au sud de la Martinique —, les plus solides édifices furent renversés et six mille personnes restèrent écrasées sous les décombres ; la flotte anglaise, qui s’ y trouvait au mouillage, fut presque entièrement désemparée.

« Il est impossible, dit l’amiral George Rodney dans son rapport officiel, de décrire l’horreur des scènes qui eurent lieu à la Barbade, et la misère de ses malheureux habitants. Je n’aurais jamais pu croire, si je ne l’avais vu moi-même, que le vent seul pouvait détruire aussi complètement tant d’habitations solides, et je suis convaincu que sa violence seule a empêché les habitants de ressentir les secousses du tremblement de terre qui a certainement accompagné l’ouragan. Quand le jour se fit, la contrée, si fertile et si florissante, ne présentait plus que le triste aspect de l’hiver : pas une seule feuille ne restait aux arbres que l’ouragan avait laissés debout. »


La mer s’ éleva si haut, qu’elle détruisit les forts. Cette élévation soudaine de son niveau avait beaucoup plus le caractère d’une véritable élévation des eaux sur le passage du centre que celui de grandes lames brisant à terre par la force du vent.

Le tourbillon, se portant ensuite vers la Martinique, enveloppa un convoi français de cinquante bâtiments portant cinq mille hommes de troupes ; six ou sept marins seulement échappèrent au naufrage. La plupart des bâtiments isolés qui se trouvaient sur le passage du cyclone sombrèrent avec leurs équipages. Plusieurs vaisseaux de guerre anglais qui retournaient en Europe disparurent dans la tourmente.
À la Martinique, neuf mille hommes périrent ; mille à Saint-Pierre, où cent cinquante habitations disparurent presque en même temps au moment du ras de marée.

À Fort Royal, la cathédrale, sept églises et cent-quarante maisons furent renversées ; plus de quinze cents malades et blessés furent ensevelis sous les ruines de l’hôpital, d’où l’on ne put en retirer qu’un petit nombre. Des six cents maisons de Kingstown, dans l’île Saint-Vincent, quatorze seulement restèrent debout. Les bancs de corail furent arrachés du fond de la mer et transportés près du rivage, où on les vit ensuite apparaître. Dans les batteries, des canons furent déplacés par la force du vent, qui porta l’un d’eux à une distance de 126 mètres.

Les Français et les Anglais étaient alors en guerre ; mais dans une telle catastrophe, au milieu de tant de ruines, les haines s’épuisèrent pour faire place à un généreux sentiment d’humanité, et le marquis de Bouillé, gouverneur de la Martinique, fit mettre en liberté les marins anglais devenus ses prisonniers à la suite du commun naufrage.

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