Qui peut être contre l'affichage d'un artiste Martiniquais sur de grands panneaux ?


Rédigé le Mardi 6 Aout 2019 à 13:34 |
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Personne, vous en conviendrez. Mais si nous posons la question c'est que tout un débat agite le "coui" martiniquais. Il s'agit de celui de démontrer que l'affichage extérieur ne constitue pas nécessairement une pollution visuelle. Nous nous proposons dans un premier temps de découvrir le texte d'Emmanuel de Reynal. Il peut arriver que nous ne soyons pas forcément de son avis, ce qui ne nous empêche en rien de diffuser son opinion. C'est cela un média moderne : donner la parole à ceux qui s'engagent.


Voici la tribune d'Emanuel De Reynal

Désireux de démontrer que l'affichage extérieur ne constitue pas nécessairement une pollution visuelle comme on l’entend parfois, HAVAS PUBLIDOM et ses partenaires ont décidé d’offrir aux Martiniquais une grande exposition de peinture à ciel ouvert, avec la participation engagée d'Arthur Francietta, dont les oeuvres s’inspirent des pétroglyphes amérindiens.

Ainsi, les afficheurs AVENTI, CLG, LAUPA, SAMSAG, l’imprimeur ARTI, et le groupe de communication HAVAS PUBLIDOM se sont réunis autour d’une volonté simple : comment redonner ses lettres de noblesse à ce média majeur, associé depuis des dizaines d’années aux grands événements de la vie des Martiniquais ?

Ils le font en lançant la plus grande campagne d’affichage jamais réalisée en Martinique ! Pas moins de 1.200 panneaux ont été mobilisés pendant 15 jours pour exposer 10 oeuvres originales d'Arthur Francietta.

La campagne, intitulée Dromoglyphes, a été imaginée par les créatifs du réseau HAVAS PUBLIDOM : des milliers d'invitations ont été lancées en amont pour assister au vernissage de la plus grande expo d'art contemporain jamais réalisée en Martinique, dans un lieu tenu secret (qui n'a été dévoilé que le jour J).

Seul indice : c'est dans la plus grande salle de Martinique... Et pour cause, puisqu'il s'agit de tout l'espace martiniquais couvert par les réseaux d'affichage !

Cette présentation spectaculaire veut rappeler que l'affichage est un média utile et performant qui permet d'atteindre rapidement la population entière. Rappelons qu'il est au coeur d'un écosystème économique qui fait vivre 1.500 Martiniquais (bailleurs, artistes, créatifs, imprimeurs, afficheurs...).

L'ambition de cette campagne est aussi de redonner ses lettres de noblesse à l'affichage tout en offrant une expérience artistique forte à l’ensemble des Martiniquais. En somme, il s’agit d’utiliser la force de frappe d’un média majeur au service d’un artiste et de son œuvre.

Cette campagne est enfin l'occasion de sensibiliser les annonceurs, les afficheurs et les agences sur leur "responsabilité environnementale", et notamment sur la nécessité de produire des visuels porteurs d'idées créatives.

Que ceux qui utilisent "l'espace public" pour s'exprimer, le fassent intelligemment en ayant le souci constant de la créativité et de l'esthétique.
Fin du texte d'Emmanuel de Reynal.

Si notre opinion vous intéresse cliquez sur la page suivante.

Commençons par une définition du terme pollution visuelle. Cette définition n'est pas de nous mais d'un organisme d'état agrémenté par l'état pour gérer cette affaire

La pollution visuelle est l'ensemble des dégradations visuelles qui portent atteinte aux paysages et au cadre de vie, depuis le sac plastique accroché dans l'arbre jusqu'aux lignes hautes tensions. Si le durcissement de la réglementation sur les déchets a fortement réduit la pollution visuelle desdits déchets en Europe, le cas des infrastructures et de la publicité est plus compliqué. Les infrastructures telles que des ponts, des lignes électriques hautes tensions ou des autoroutes, sont souvent déclarées d'utilité publique et leur réalisation prime sur d'autres considérations, comme la préservation des paysages. En outre, le coût élevé des alternatives (enfouissement, tunnels, etc.) décourage généralement leur réalisation.

Toutefois, les procédures de classement du patrimoine, d'insertion paysagère et d'enquête publique, permettent de réduire dans une certaine mesure l'impact visuel de ces infrastructures. Dans le cas de la publicité, les contraintes sont moins fortes et certains lieux sont fortement touchés par une accumulation d'enseignes et de panneaux d'affichage, parfois générateurs de pollution lumineuse.

En effet, la loi du 29 décembre 1979 relative à la publicité, aux enseignes et aux préenseignes est peu appliquée, hormis sur les sites classés au titre de la protection du patrimoine et les communes des parcs naturels. Cet état de fait place la pollution visuelle par la publicité au cœur de plusieurs campagnes de protection du paysage, du cadre de vie ou de l'environnement.

La modification de cette loi a donc fait l'objet de réflexions dans le cadre du Grenelle 2.


Il est indéniable donc que les panneaux de diffusions publicitaires constituent incontestablement une pollution visuelle, mais pas que cela !

Et plus précisément en Martinique, où les propriétaires des réseaux sont peu scrupuleux à la fois sur les lieux d'implantation, mais surtout dans l'intégration de ces panneaux dans le contexte d'une urbanisation globalement désarticulée.

Nous ne reviendrons même pas sur le danger que représentent ces panneaux pour la population en période cyclonique. La démonstration a largement été faite qu'il s'agit de véritables coupe-gorges. Nous ne reviendrons pas non plus sur la pollution lumineuse pour une certaine faune que constitue ces points d'éclairages pour des oiseaux migrateurs nombreux dans notre zone.

Par contre sans jouer à la "vierge grouchy" ( irritable) nous pouvons sérieusement nous intéresser au nombre de ces panneaux, et au manque d'à propos dans les lieux de pose de ces derniers. Il est même curieux que certains ronds points en soient des soleils ou que certaines routes dangereuses qui en appellent à notre concentration au volant soient devenues des tunnels publicitaires, comme des visières qui poussent subliminalement à consommer.

C'est donc à cet instant que le mot nécessaire à toute son importance. Car la nécessité de ces panneaux fait que dans certains quartiers ils ne représentent aucun intérêt. C'est le cas du Cap Est alors qu'il se dit que le plus fort pouvoir d'achat y serait concentré, tandis que les quartiers populaires foyalais dont le ravalement des maisons est urgente en regorgent. Par conséquent s'il s'agit d'un levier important pour l'économie, donc pour la profession de publicitaire aussi, il convient face à ce fléau nécessaire hélas de revenir sur des valeurs artistiques fondamentales. Il y en a plusieurs dont celles de l'adaptation du message, de la créativité, et de l’excellence de la chaîne graphique. On ne peut pas dire que sur ce point la principale entreprise martiniquaise d’impression de panneaux ARTI ne fasse pas le job !

Et bien à ce stade, il est heureux que la plus grande agence de communication se rappelle qu'en Martinique, il y a des artistes, de bons artistes, et sans doute une forme de communication racine qui peut tout en valorisant les gens du pays, faire vendre et faire passer des idées sans "imbéciliser" les populations

Attendons donc la suite pour savoir si la créativité martiniquaise sera explorée, et si les agences de pub qui sont les seuls décideurs et responsables des contenus sur ces panneaux feront attention de ne pas ajouter du quelconque, du laid et du détestable à ce qui est déjà insupportable quand un soin d'adaptation tout particulier n'est pas porté à l'implantation d'un panneau.


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