Un choix qui laisse passer l’occasion de la mise en œuvre d’une politique d’orientation économique efficace pour l’Outre-Mer.


Rédigé le Mercredi 16 Juillet 2014 à 14:11 |
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Monsieur le Premier Ministre, Par Yan MONPLAISIR

Sans vouloir en rajouter à la complexité de votre mission, je considère cependant de mon devoir d’attirer votre attention sur les conséquences d’un choix qui laisse passer l’occasion de la mise en œuvre d’une politique d’orientation économique efficace pour l’Outre-Mer.

La Ministre de l’Outre-Mer, Madame George Pau Langevin nous a informés que le projet de mise en œuvre de taux différenciés du CICE, en fonction des secteurs d’activités, n’avait pas été retenu. La confirmation de cette annonce porterait un coup fatal aux secteurs d’activités les plus exposés de nos économies fragiles.

En effet, de manière encore plus critique qu’en Métropole, le déficit de compétitivité face à nos voisins immédiats (quelque fois à moins de 60 kilomètres) entrainera l’effondrement de pans entiers de notre économie et la disparition de nombreux emplois. Le secteur du tourisme – et plus particulièrement l’hôtellerie – fait l’objet d’un consensus général à la mesure des enjeux et de l’état de survie artificielle auquel sont confrontées de nombreuses entreprises.

Moult réunions avec les différentes autorités à l’échelon local ou national nous avaient laissé espérer que sans qu’il en coûte un euro de plus, la mise en œuvre d’une application adaptée du CICE pouvait apporter la solution et contribuer au développement de nos territoires.

Il semble que parmi les arguments avancés par les opposants à la mise en œuvre d’un CICE différencié visant à soutenir plus particulièrement les secteurs exposés, certains font état d’un risque de contagion à d’autres régions.

Je voudrais tout simplement rappeler à ce stade que le taux de chômage de l’ensemble des Outremers est de 2 à 3 fois supérieur à celui de la Métropole et qu’il n’y aurait rien à redire que le dit dispositif soit adapté pour répondre aux exigences de cette triste réalité qui ne date pas d’hier.

Par ailleurs, cette proposition de différenciation du CICE a fait l’objet d’un consensus unanime de l’ensemble des parlementaires de l’Outre-Mer. Des dispositifs dérogatoires pour l’Outre-Mer sont prévus par l’Union Européenne (article 349 du Traité de l’Union Européenne) et par la France qui a admis depuis longtemps le principe de dispositifs dérogatoires pour répondre aux défis économiques spécifiques de l’Outre-Mer.

Croyez-vous Monsieur le Premier Ministre que le fait d’appliquer un CICE à 9% à l’ensemble des entreprises de l’Outre-Mer et dont bénéficieraient en priorité la Poste et la grande distribution apportera un quelconque bienfait à notre développement ? Outre le fait que les représentants de la grande distribution eux-mêmes dans nos territoires ont adhéré à la demande de mise en place de cette différenciation sectorielle du CICE, je suis pour ma part très sceptique quant à l’effet que l’on pourrait éventuellement espérer d’une baisse des prix dont pourraient prétendument bénéficier les consommateurs.

Ainsi donc Monsieur le Premier Ministre, dans un contexte budgétaire contraint, face à une situation économique largement dégradée, vous pourriez laisser passer l’une des rares opportunités de soutenir, de manière significative et déterminante, le seul secteur d’activité susceptible de générer un développement endogène. Il est en effet prouvé qu’au cours des 30 dernières années, le tourisme est le secteur qui a porté la croissance et le développement de toute la Caraïbe à l’exception des départements français et ce précisément en raison d’un déficit structurel de compétitivité.

Je me permets donc, Monsieur le Premier Ministre, de solliciter respectueusement votre arbitrage afin que la France d’Outre-Mer ne soit pas seulement pensée de Paris mais que la voix de tous les parlementaires et socioprofessionnels unanimement rassemblés dans un même projet soit entendue. Cette écoute me semble d’autant plus nécessaire qu’il ne s’agit pas de demander un effort supplémentaire mais simplement de mieux et plus efficacement en répartir la portée.

Recevez, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes salutations les plus respectueuses.

Yan MONPLAISIR


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