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C’était à la fin des années 1970, à Fort-de-France, près de la Savane, un vendredi soir de campagne électorale. Les briseurs de conférences venaient d’être empêchés de gravir l’escalier qui conduisait au micro de Maître Valère, candidat à une élection à Fort-de-France


Léon Laurent Valère nous a quittés, il était un juste par Yves-Léopold Monthieux
Celui-ci s’exprimait au premier étage de la Rotonde. J’ai retenu la phrase qu’il avait alors prononcée : « nous ne nous arrêterons pas à ces trublions qui ne comprendront jamais que la politique est une affaire d’adultes ». Ses réactions aux coups qu’il recevait n’allaient pas au-delà des répliques de ce genre et du ton modéré de l’homme politique pour qui l’élégance d’esprit était l’arme préférée. Le lundi suivant, au matin, une nuée de tracts envahissait les rues de la ville avec, écrit  en gros caractères : « Valère, le candidat de la violence ». C’est comme le voleur qui crie « au voleur ! ». Toute la campagne se poursuivit sur ce ton. Cette injustice et les suivantes, plus généralement  le traitement politique dont il fut la victime, ont participé de mes premières indignations politiques.

J’avais apprécié le talent de l’avocat, l’élégance de l’intellectuel, le panache de celui qui osait affronter Césaire et, bien entendu, le discours percutant quoique modéré de l’homme politique. Je me retrouvais sur les idées décentralisatrices qu’il défendait avec ses amis et confrères,  Emmanuel Lucien et Emmanuel Ursulet . Ce n’est qu’à son retour en Martinique que nous fîmes vraiment connaissance. Je ne l’ai jamais désigné que par « maître Valère », n’étant pas parvenu, comme il m’y conviait, à « mettre un terme au maître ». De même, j’avais du mal, devenu son ami, à user de son surnom Sonson qu’il avait hérité de son lointain familial ou de ses vieux amis. Peut-être, avais-je voulu arrêter le temps, trop attaché à ce que Valère avait représenté pour moi à l’époque des injustices qu’il avait endurées ?

Plus tard, d’aucuns ont paru pris d’un besoin de raconter leurs faits d’armes. A la manière de ce truand qui, sous le manteau de la prescription, s’est dénoncé comme ayant été le cerveau du « casse du siècle », en 1976, à Nice. Ainsi donc, des confessions apparurent dans la presse au point que tout ce qui se disait à bas bruit a fini par être avoué, parfois sur le registre de la satisfaction et de la performance, rarement sur celui du regret. Il fallait remettre aux militants « des lames rassurantes », osa quelqu’un au cours d’une interview parue dans un hebdo. Ce vendredi soir, 9 février 2018, les connaissances du citoyen martiniquais ont dû s’enrichir grâce à la couverture médiatique de l’adieu - qui pourrait s’écrire « A Dieu » - fait à Léon Laurent Valère par Martinique Première, en particulier.  En effet, si  on a apprécié les images retenues pour l’émission spéciale de 20 heures, on a plus aimé encore le JT qui l’a précédée, où le propos tenu par les journalistes n’avait jamais été, sur les ondes, ni aussi clair et ni aussi vrai. Merci, pour l’Absent, à Serge Bilé et Nathalie Jos.

L’ignominie n’était pas du côté du peuple

A cette occasion, les téléspectateurs n’ont pas manqué de relever ce surprenant moment de téléréalité qu’a constitué la rediffusion de l’intervention de celui que j’ai appelé « Monsieur PPM », Camille Darsières. Celui-ci tenta d’expliquer sans rire comment la « population » foyalaise, la voix du peuple en quelque sorte, dicta aux dirigeants du PPM la conduite à tenir au cours de la campagne électorale en cours qui avait fait dire à Césaire : « la Martinique est en danger de mort ». C’est donc elle, la population, qui, selon Darsières, aurait eu l’idée de détourner  cette affiche de cinéma montrant un singe descendant sur des  gratte-ciel. Dans un bel ensemble, cette « population » y aurait vu l’image d’une grave menace planant sur Fort-de-France. Que diable ! Ce danger de mort était donc le risque que fît main basse sur la Ville cet homme noir, homme en noir et de forte carrure. Bref, un monstre, un vrai, sur la ville de Césaire, c’est la présentation qu’avait donnée la famille PPM rassemblée sous une autre bannière que celle de la Négritude. Il ne devait pas y avoir de quartier. Il n’y en eut pas. Mais, promis-juré, ce n’était le fait ni du chantre, lui-même, ni de l’avocat ni des préposés aux basses oeuvres. La « faute de goût »  incomberait à la « population » qui aurait  presque tenu la main du graphiste qui allait détourner l’affreuse affiche. Dès lors, l’affreux ne fut plus le singe dont le visage fut remplacé par celui de l’adversaire politique, avec la mention « main basse sur la ville ». Sauf que l’ignominie, elle, n’était pas du côté du peuple, mais bien du côté des cuisines. On était loin du souffle de la Négritude.

Des boutades et des silences coupables

Césaire éludera la question par l’une des boutades dont il avait le secret : « Ce n’était pas de bon goût », point barre. C’est vrai, mettre Valère dans la peau d’un singe, ça n’avait pas fait très « négritude ». Mais comme ce fut efficace ! On en jouit encore aujourd’hui, 40 ans plus tard. Cela valait bien d’attendre des années avant, non pas d’exprimer un regret, de susurrer un aveu. Une boutade, comme celle de l’affaire Jalta, « il n’était pas des nôtres », ces « nôtres » qui tenaient les piques assassines. Une boutade, comme « Mad Max », que, dans un large sourire, il prit soin de traduire pour la population : « Max le Fou ». Le mot ne valut pas que pour Max Elizé, lequel ne fut pas le seul blessé ce soir-là, à Volga-Plage. Un policier qui avait reçu des blessures qui ne lui étaient pas destinés en perdit la vie quelques mois plus tard. Quant à la boutade sur le combat de coqs, elle allait précéder la pause d’une benne à ordures à ciel ouvert sous la fenêtre de cet artisan coiffeur, qui en mourut, peut-être, lui aussi. Valéry  Giscard d’Estaing, le coq défaillant de la veille, s’était arrêté à son atelier lors de sa remontée à pied de la route de la Corniche.

Le brave homme, qui devait sans doute voter Césaire, n’avait pas mesuré les dangers encourus en accueillant chez lui le président de la République français à qui il offrit à boire. Une eau de Didier bue à même le goulot, s’en souvient-on. Il en perdit ses clients, chassés par l’odeur  nauséabonde et la stigmatisation dont il avait fait l’objet. Il n’est pas sûr que son décès survenu quelques mois plus tard n’en fût pas la conséquence. Une boutade, ou un simple haussement d’épaules : « Qu’est-ce qui lui arrive ? », grommela le maire en entendant  cette fameuse invitation faite aux Européens à faire leurs valises. Une boutade, ou simplement le silence, face à toutes ces mises en effigies d’adversaires politiques qui font, aujourd’hui encore, la réputation du système.  

Des circonstances où le poète aurait pu condamner les abus du système PPM, la liste serait longue  : on ne connaît pas d’exemple où il l’ait fait. Certes, si la lettre de la Négritude a souvent été  évoquée, son esprit n’a pas toujours soufflé sur la Ville. Plus que tout autre, Léon Laurent Valère en fit les frais. Mais l’épreuve n’est-elle pas le destin du juste ?

Fort-de-France, le 13 février 2018
Yves-Léopold Monthieux

le Jeudi 15 Février 2018 à 06:01 | Commentaires (0)

Pas grand monde n’avait compris la récente lettre de Serge Letchimy de décembre dernier annonçant une catastrophe si le démarrage du TSCP avait lieu, comme annoncé par Louis Boutrin en ce début d’année. Il avait surpris même parmi ses proches.


MARTINIQUE transport :Le TCSP une faillite généralisée annoncée, ou un jeu  de malins ? par Yves Léopold Monthieux
TCSP : Une odeur de responsabilités renvoyées. Le  vrai titre de l'article 


 On sait cependant que l’ancien président de la région qui avait été maire de Fort-de-France et président de la CACEM, et qui avait annoncé ce démarrage dès décembre 2015 (sans le croire  lui-même, bien évidemment), bref, celui qui a tenu le projet par tous les bouts, est très certainement l’élu qui connaît le mieux le dossier – sans doute mieux que AMJ. Il avait eu la maîtrise de l’ensemble des éléments : le TCSP lui-même, la Cacem et la CFTU, et avait été à l’origine de la plupart des grandes décisions (l’appel à VINCI, les tracées des voies, les ouvrages d’art...).

N’y a-t-il pas un décalage entre la sévère mise en garde du député et l’apparent optimisme manifesté récemment par les actuels dirigeants de la CACEM et de la CFTU ? Cela ressemble, à s’y méprendre, à une prise de distance et de date de Serge Letchimy dans l’hypothèse d’un éventuel futur partage de responsabilités.

Par ailleurs, autre bizarrerie, on n’a peut-être pas suffisamment fait attention à l’idée émise au détour d’une phrase par Louis Boutrin, au cours d’une interview, sur la possible constitution d’une régie pour faire fonctionner le TCSP. Cela aggraverait les difficultés de la CFTU, dotée d’un parc vieillot et déjà endettée, qui compterait sur la CTM pour se refaire une santé. Au contraire, il se verrait peut-être déposséder de ses lignes les plus rentables, entre Fort-de-France et le Lamentin.
Il semble que les problèmes budgétaires qui avaient été pressentis – pas seulement par l’homme de la rue – soient au rendez-vous. Les difficultés financières toucheraient la CTM et plus encore la CFTU.

Le coup de frein donné par AMJ semble dire qu’il préfère supporter l’impopularité d’un TCSP qui ne démarre pas que la responsabilité d’une faillite générale que pourrait entraîner un démarrage trop risqué. Ce serait un comble pour le leader du MIM dont on connaît le fétichisme en matière d’équilibre budgétaire, que de terminer sa carrière par un échec retentissant sur ce terrain.

Cependant, à regarder de plus près, Serge Letchimy et Alfred Marie-Jeanne pourraient se retrouver sur la même ligne : celle qui précède le saut vers la catastrophe, aucun des deux ne voulant payer les pots cassés.

Fort-de-France, le 23 janvier 2018
Yves-Léopold Monthieux

le Mercredi 24 Janvier 2018 à 04:50 | Commentaires (0)

N’a-t-on pas ouvert la porte de Pandore, à l’occasion d’un évènement qui ressemblait davantage à une assemblée générale qu’à une convention ?


LE PPM remet le couvert de l'autonomie: Est-ce une erreur politique? par Yves-Léopold Monthieux
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Lorsque, s’ouvrant à ses visiteurs du Robert, Edouard de Lépine regrettait que le mot autonomie ne fasse plus partie depuis 30 ans du vocabulaire du PPM, jusqu’à ne plus figurer dans les colonnes du Progressiste, il ne s’attendait certainement pas à ce qu’il resurgisse avec éclat lors du rassemblement du 12 décembre 2017 de Rivière-Blanche, à St Joseph. Avec éclat dès lors que cette résurrection s’accompagne de la proclamation par Serge Letchimy de la fin du moratoire.


LE RETOUR DU PPM A SES FONDAMENTAUX

Les révélations sur l’autonomie de la Catalogne et la résurgence des idées séparatrices en Corse ont certainement aidé au rappel des fondamentaux du PPM d’avant le moratoire. Après que le président de la république a annoncé en Guyane que le sujet institutionnel pour les DOM était ouvert, ce qui n’est pas le cas pour la Bretagne ou le Pays Basque, le PPM a-t-il eu besoin d’indiquer au chef de l’Etat qu’il l’a entendu et qu’il est prêt à lui donner la main ? Comme le 24 janvier 2010, à Nicolas Sarkozy ? L’annonce de Serge Letchimy, dont l’objet n’aurait pas été discuté au sein du parti - en convention précisément -, avant d’être porté à la connaissance des militants puis au-devant de l’opinion, aurait fait sursauter l’ancien maire du Robert,  présent à St Joseph.

Celui-ci ne serait pas loin de penser que cette proclamation soit une erreur politique, en ce qu’il s’agit en fait de la réouverture du débat institutionnel. Tenant selon lui l’interprétation d’Aimé Césaire lui-même, le moratoire aurait vocation à se perpétuer jusqu’à l’adhésion totale du peuple à l’idée d’autonomie. C’est comme si c’est du peuple lui-même, de sa seule initiative (?), qu’il faudrait attendre la fin du moratoire.

ALFRED MARIE-JEANNE AVAIT DEJA MIS FIN AU MORATOIRE

En réalité, le moratoire n’est-t-il pas mort de sa belle mort, dès les années 1990, tué par la reprise du processus institutionnel avec le rapport Lise-Tamaya instituant le congrès des élus, la conférence de Basse-Terre, les modifications apportées à la constitution en ses articles 73 et 74, puis les  rendez-vous avec le peuple en décembre 2003 et janvier 2010 ainsi que la suppression du département-région et son remplacement par une nouvelle collectivité. En prenant en marche le train institutionnel grâce à Nicolas Sarkozy qui avait posé cette fameuse question du 24 janvier 2010, le parti progressiste martiniquais n’a-t-il pas pris acte de la fin du moratoire ? D’ailleurs, dès le lendemain du vote fut proclamée l’annonce d’une « 3ème voie » jamais explicitée, suivie par la fumeuse idée d’autonomie « constitutionnalisée ». Finalement, la proclamation de Rivière-Blanche semble avoir surtout servi  à mettre un terme à ces embarrassantes nébuleuses institutionnelles que le PPM n’avait jamais su expliquer à la population et à confirmer que le moratoire n’était plus depuis longtemps à l’ordre du jour.

Au surplus, lorsqu’on sait que, contre l’avis du PPM, AMJ a été à la manœuvre à tous ces moments de l’évolution institutionnelle : le 7 décembre 2003 lors de la première consultation populaire, le 8 décembre 2008 au congrès puis le 10 janvier 2010 au sujet de l’article 74 lors de  la seconde consultation populaire, il n’y a pas de doute que c’est  l’actuel président de l’exécutif qui a mis fin au moratoire.

LA RELANCE DU DEBAT INSTITUTIONNEL EST-ELLE LA SOLUTION AUX PROBLEMES MARTINIQUAIS ?

Ainsi donc, entraînant dans son sillage le groupe EPMN, le PPM semble vouloir remplir le vide laissé par le GRAN SANBLE qui s’est engagé auprès de la droite à suspendre toutes revendications statutaires jusqu’en 2021, terme de son contrat de mandature à la direction de la CTM. On sait que si un contentieux a pris naissance au sein du GRAN SANBLE, la loyauté de BA PEI AN CHANS envers  la majorité n’a jamais été prise en défaut. Celle-ci est même saluée comme se comportant d’une façon exemplaire au sein de l’union. Le GRAN SANBLE ira-t-il jusqu’à compromettre cette union ou se prononcer contre le désir du PPM, ou même contre la volonté de l’Etat de relancer la machine institutionnelle ? Par ailleurs qu’aurait à gagner le PPM à une éventuelle nouvelle confrontation avec la population ?

En 2010, AMJ avait été à l’origine de la consultation  populaire, Serge Letchimy avait emporté la mise. Ce dernier peut-il, en revanche, convaincre les Martiniquais de l’accompagner dans une nouvelle aventure ? Ce sont des questions qu’on peut se poser en ce début de l’année 2018. Des circonstances particulières pourraient s’ajouter à des échéances attendues dont la mise en route du TCSP ne devrait pas être la seule à alimenter la controverse.

Fort-de-France, le 28 décembre 2017
Yves-Léopold Monthieux

le Samedi 30 Décembre 2017 à 22:50 | Commentaires (1)

La chose est sérieuse, c’est le président de l’exécutif, Alfred Marrie-Jeanne, lui-même, qui l’annonce : on s’acheminerait vers une crise politique à la CTM. Et son principal adversaire, Serge Letchimy, a repris la balle au bond.


Curieusement, le point de départ ne se situerait pas quelque part entre les partis de l’entente du Gran sanblé pou ba péyi-a an chans (GSBPAC), mais au sein du Gran sanblé lui-même et d’abord dans le mitan du MIM, le parti dont le chef du conseil exécutif est le président-fondateur. Alfred Marie-Jeanne ouvre lui-même la guerre en désignant ses nouveaux ennemis politiques. Il prend aussitôt une attitude victimaire en usant d’un argument surprenant. Selon lui, des amis politiques, au sein de la CTM, oeuvreraient à sa condamnation à une peine de prison. Donc à sa disparition politique.

La nature des démocraties, de part leur mode de gestion par des partis politiques et des coalitions qu’elles suscitent, est de porter en elles des germes de crises politiques, lesquelles sont généralement absorbées par leurs institutions. Ce n’est que dans l’hypothèse où celles-ci se révèlent incapables de les contenir que les crises politiques se transforment en crises institutionnelles ou de régime. Généralement, cette situation advient au bout d’une durée raisonnable de fonctionnement de ces institutions. Aujourd’hui, les bouleversements entraînés au sein des partis politiques par le macronisme a conduit, en France, à une crise politique larvée. Mais les institutions de la Vème République qui rejoindra en 2018 la IIIème république dans la longévité,  70 ans, paraissent être en mesure de contenir cette mini-crise qui est avant tout celle des partis politiques.  Il ne peut en aucun cas s’agir d’une crise institutionnelle. En Allemagne, on est en présence d’une vraie crise politique qui se prolonge. Les partis politiques ne parviennent pas à former une nouvelle coalition majoritaire, mais cette crise politique ne devrait pas elle non plus se transformer en crise institutionnelle.

S’agissant de la collectivité territoriale de Martinique, on pourrait s’étonner que tous les observateurs et journalistes ne parlent que de crise institutionnelle alors qu’il ne s’agirait que de désaccords survenant au sein de la gouvernance. On connaît la tendance martiniquaise à se gargariser de mots. Il s’agirait donc, pour l’instant du moins, d’une crise politique et non une crise institutionnelle. Cependant, pour des causes structurelles contenues dans le texte de la loi du 27 juillet 2017, que peu d’observateurs évoquent, la crise politique (si elle advient) pourrait dans un second temps se transformer en crise institutionnelle.

 
CTM : DERRIERE LA CRISE POLITIQUE, LA CRISE INSTITUTIONNELLE COUVE par Yves-Léopold Monthieux

Il n’est pas interdit de penser qu’au terme normal d’une mandature paisible ou moyennement chahutée, il soit possible d’élire une nouvelle équipe et faire se prolonger un système politique bancal que je qualifiais il y a deux ans de « monstre institutionnel ». En effet, aucun des protagonistes n’a intérêt sans se déjuger à dénoncer des dispositions statutaires qu’ils ont contribué de concert à inscrire dans la loi, même si ces mesures imparfaites, inappropriées, voire parfois fantaisistes, continueront de se mettre en travers d’une gouvernance efficace de la collectivité martiniquaise. C’est pourquoi, en dépit de la violence des échanges verbaux entre la majorité et l’opposition, aucun recours juridique n’a été formé contre des décisions litigieuses de la CTM, qui seraient nombreuses, de l’avis d’élus et d’observateurs avertis. Ainsi, fidèle à l’esprit et la lettre des statuts de la CTM, Serge Letchimy s’inscrit résolument dans le cadre de la crise politique.

Aussi bien, le président de l’assemblée est seul à préconiser une nouvelle écriture de la loi du 27 juillet 2011 qu’il affirme ne pas avoir voté. Il souhaite que la présidence de la CTM soit revue, notamment par la mise en place d’une commission permanente comme en Corse et en Guyane. On n’a jamais entendu la moindre réserve de la part du PPM, du MIM et des juristes qui ont inspiré le texte de la loi. De même que les élus de droite sont muets sur le sujet qui paraitrait devoir les concerner au premier chef.

En évoquant sa possible condamnation en justice, Alfred Marie-Jeanne lève malgré lui, peut-être, un coin du voile méticuleusement maintenu sur le sujet majeur de la transmission du pouvoir exécutif en cas d’indisponibilité de son président. On ne dit pas aux Martiniquais qu’au cas où ce dernier viendrait à être relevé de sa fonction, la totalité des membres du conseil exécutif serait démissionnaire d’office. Car, comme il avait fallu à ces derniers, pour accéder au conseil exécutif, renoncer définitivement à leur statut d’élu, ils ne pourraient plus demeurer au sein de la CTM, à quelque titre que ce soit. Rappelons que dans l’organe de décision de la collectivité se trouvent tous les cadors de la coalition, sauf Claude Lise et Yan Monplaisir. Le patron du PALIMA, Francis Carole, qui, comme ses collègues du conseil exécutif aurait tout à perdre d’une invalidation ou une démission du président, aurait-il senti venir le vent ? Au cours d’une récente intervention, il prend date en revenant ouvertement à ses fondamentaux indépendantistes, ce qui lui permettrait de rebondir à tout aléa survenant au sein de la majorité. Sauf que cette saillie pourrait se révéler une cause supplémentaire de difficultés pour AMJ, pas seulement à l’égard de Ba péyi a an chans.

Dans le débat intense que se livrent les principaux leaders politiques, le président de l’assemblée a su garder son calme et résister à ceux qui voudraient qu’il s’oppose au président de l’exécutif. Avec l’arrière pensée, souvent, que la coalition explose. Mais en le désignant ouvertement comme l’un de ses adversaires de l’ombre, AMJ oblige Claude Lise à sortir de sa réserve pour se justifier et à réapparaître dans ses habits d’ancien président du conseil général où il avait atteint des sommets de popularité. En sabordant sa majorité, y compris au sein de son propre parti, AMJ pourrait avoir lui-même indiqué un recours possible en la personne du président de l’assemblée.

Fort-de-France, le 12 décembre 2017
 Yves-Léopold Monthieux

le Mardi 12 Décembre 2017 à 21:15 | Commentaires (0)

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LA « RE-ETATISATION » OU L’AUTONOMIE A REBOURS, Voici le vrai titre de la tribune d'Yves Léopold Monthieux. Mais ses tribunes sont partagées sur différents supports. Pour nous différencier nous changeons le titre. Encore que cette fois elle soit éditée dans son propre bloc et relayée par ICIMARTINIQUE.COM.


Demander à la « métropole » de suppléer aux insuffisances de nos « spécialistes » des affaires Martiniquaises Par YLM
La tribune libre d'Yves Léopold Monthieux

Dans sa lettre adressée récemment au président de la république, où il avait dit son souci de voir disparaître toutes les dépendances, usant ainsi des mots de l’indépendantisme pour dire sa volonté d’autonomie, Serge Letchimy avait dit vouloir que soit mis de l’ordre dans le vocabulaire utilisé pour définir les rapports entre la France et ses territoires éloignées, la Martinique, en particulier. Plusieurs vocables avaient été cités, comme « outre-mer » ou « métropole » qu’il fallait éradiquer. Le député martiniquais s’inscrivait ainsi dans une conception nombriliste, sans trop s’attarder sur ce que pourrait penser d’autres territoires français d’outre-mer qui ont des préoccupations autres que de nature sémantique. La Martinique aurait donc vocation à se retrouver plutôt au centre qu’à la périphérie, d’où le caractère horripilant, aux yeux de certains, des expressions décriées. Métropole ? Oui, à la rigueur, mais c’est elle qui serait accrochée à la Martinique, pas le contraire. Et outre-mer n’aurait qu’un sens : vu de la Martinique.

On sait ce que cette tentation centraliste, qui a pu être partagée par d’autres partis nationalistes, coûte à la Martinique, notamment dans ses rapports avec la Guyane et la Guadeloupe, et même avec d’autres pays de la Caraïbe, qui, tous, n’y voient qu’arrogance à nos comportements. C’est peut-être de là que vient la partition de certaines structures comme la SIAG devenu SIMAG puis SIMAR, l’académie des Antilles et de la Guyane ainsi que l’université du même nom, également rétrécies. D’ici peu, certains pourront peut-être s’enorgueillir de posséder une université de Martinique,  dont la centralité, à l’évidence, ne pourrait pas être remise en question, même si elle ne le serait qu’à l’égard de Grand-Rivière et de Ste Anne.

Alors que la sémantique de rattachement à la France est de plus en plus insupportable à d’aucuns, se développent des expressions et locutions auxquelles s’accommode avec gourmandise la classe politique martiniquaise dans son entièreté. Des formulations qui s’écartent très sensiblement des canons du bien-parler politique martiniquais. Il en est ainsi depuis quelques années de la « continuité territoriale » et, d’aujourd’hui, de « Re-étatisation », de retour à l’Etat. De même, si on ne supporte pas « DOM » on adore « ultrapériphérique ». L’Europe, que dis-je ?, l’Euro plutôt que la France, qui n’a d’ailleurs plus le Franc.

Re-étatisation ? Qui aurait cru, il y a seulement quelques années, qu’une motion reprenant ce néologisme rétrogradant (si l’on peut dire), eu égard  au moins-Etat militant de rigueur, serait votée à l’unanimité des élus de la CTM ? Au lendemain d’une évolution institutionnelle ? Il est vrai que l’enjeu, des dizaines millions d’euros, a de quoi faire fléchir les consciences les plus affirmées. On est dans la même réalité pour l’hôpital martiniquais où nous puisons 33% - encore bien insuffisants - des aides nationales allouées à l’ensemble des hôpitaux français.

Lorsqu’il s’agit de demander à la « métropole » de suppléer en espèces tremblantes et trébuchantes aux insuffisances de nos « spécialistes », on est peu regardants sur le vocable utilisé et prompts à jeter la fierté martiniquaise à la rivière. En effet, la nouvelle collectivité, dans son tout majorité - opposition, n’a pas su à ce jour découvrir de relents impurs aux euros qui nous viennent du froid. Bref, on vous le jure, la Martinique responsable est en action !

le Dimanche 26 Novembre 2017 à 14:34 | Commentaires (0)
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