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La tribune de Raphaël Confiant parue dans Montraykréyol (1) appelle les observations suivantes.


LA DROITE ET LA GAUCHE ENTRE 1946 ET 2011
Ce n’est pas la première fois que l’écrivain affirme, ce que je réfute, l’assertion que la droite a été au pouvoir sans partage pendant 40 ans. Cela m’étonne de la part d’un témoin aussi scrupuleux de notre temps. De 1946 à 1958, le pouvoir était aux mains de la gauche, aussi bien en France qu’en Martinique. La droite n’avait pratiquement aucune existence en Martinique où la SFIO et le Parti communiste se partageaient le pouvoir. Il est vrai que ceux qui ont porté la départementalisation ont à ce point échoué à faire évoluer leur enfant que dès 1957 sont apparus les concepts d’autonomie puis d’indépendance. Le Réunionnais Paul Vergès l’a assez bien décrit dans sa conversation avec Césaire, en 2006. La Droite n’a été au pouvoir que de 1958 à 1981. C’est pendant ces 22 ans que la départementalisation a été mise en place. Pratiquement aucun des apports de cette période n’a été supprimé, à l’exception notable du BUMIDOM. Sauf que les jeunes s’en vont tout seuls à un rythme bien supérieur qui conduit, fait sans précédent, à une diminution de la population.

AMJ lui-même avait bien entendu que l’Union avec la Droite ne signifiait pas que les élus renoncent aux mots d’ordre de leurs partis. Les indépendantistes n’ont pas renoncé à leur vocabulaire habituel d’indépendantistes. Certes, certains estiment que ce ne sont que des paroles, mais tout de même. L’entente tient en ce que durant la mandature il ne soit pas envisagé d’évolution statutaire. Faudrait-il laisser tranquillement les indépendantistes dénoncer le pouvoir colonial, sans réagir ? Cela dit, il y aurait autre chose à dire des indépendantistes, notamment que tous ceux qui le sont demeurés sont ceux qui n’ont pas été élus.

La circonstance selon laquelle le pouvoir actuel serait modéré ne suffit pas à prétendre qu’il serait fermé à toute perspective d’évolution statutaire. En effet, ce sont les mesures prises par des présidents de droite (Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy) qui ont permis la création de la CTM. La gauche a créé le département, la droite la supprimée : c’est la vérité historique. Plus précisément, il n’est un secret pour personne que la décision d’accéder à l’indépendance ne sera pas refusée par la France et c’est sans doute pourquoi les indépendantistes taisent le sujet une fois qu’ils franchissent l’Atlantique. D’ailleurs le discours d’adieu du député Marie-Jeanne à l’assemblée nationale disant son « mal à la France » et à l’Europe avait des accents d’Edmond Valcin, lorsque celui-ci disait craindre l’arrivée des communistes au gouvernement français au début des années 1980. En fait d’arguments éculés, ils sont de tous les côtés. On n’a pas fait preuve de beaucoup d’inventivité au cours de ces dernières années.  Enfin, on observe que les îles présentées comme étant aussi riches que la Martinique ont atteint ce niveau grâce à l’industrie touristique, domaine d’activités qui avait été combattu avec la dernière énergie par les indépendantistes et les autonomistes.

Les îles de la Caraïbe sont toutes rattachées à, ou orientées vers une métropole européenne ou américaine. Les populations correspondantes sont souvent aussi importantes que celles des villes capitales de ces pays, ou des pays eux-mêmes. Sauf que pour la Martinique il y a intégration à cette métropole. L’aversion qu’on peut avoir pour ce mot n’y change rien.

Fort-de-Frrance, le 20 mai 2017
Yves-Léopold Monthieux
(1) Yan Monplaisir ou la même vieille rengaine de la Droite assimilationniste 

le Jeudi 25 Mai 2017 à 00:48 | Commentaires (0)

Les 9 et 10 janvier, en deux tribunes successives parues, ici et là, notamment sur mon mur, j’avais posé la question suivante : « Macron aura-t-il un destin national ? ».


Le président de la république Emmanuel Macron devra éviter la chienlit YLM MONTHIEUX·
Au vu de l’évolution des évènements, j’avais, fin février, soumis ces articles à la presse pour une parution commune. La question n’était pas totalement idiote puisque 3 mois plus tard, c’est Macron lui-même qui répond à mon interrogation en se faisant porter au sommet de l’Etat par le peuple français. Non seulement il a eu un destin national, celui-ci a été plus précoce que prévu.  
 
Ma question pouvait paraître prétentieuse à un moment où tous les observateurs regardaient de haut celui qui allait devenir le plus jeune président de la république française. Au point qu’au lendemain de ma tribune du 9 mai, pour répondre à certaines critiques, je dus ajouter une suite. Il est vrai que la pros que la mise en perspective des faits politiques n’a guère droit de citer en Martinique, le  délayage du connu étant plus confortable. J’ai pris la voie de l’analyse en essayant de prévoir l’avenir avec des risques d’erreur assumés.

J’indiquais qu’un élu issu de la banque, non banquier lui-même, et même un bourgeois pouvaient réussir sa mission au bénéfice du plus grand nombre. J’ajoutais que cet  élu ne pouvait pas venir de nulle part, c’est-à-dire en dehors des écoles ou des formations dispensées par son pays et que des expériences de toute nature à un haut niveau de responsabilité ne pouvait être qu’un atout. Je trouvais absurde l’idée annoncéepar des politologues qu’Emmanuel Macron rencontrerait les mêmes difficultés que Marine Le Pen pour trouver une majorité à l’assemblée nationale. 

Mais je comparais par extrapolation l’arrivée de ce jeune homme à celle du général de Gaulle, l’âge et la notoriété en moins : il arrive par temps de difficultés importantes, en France, se veut hors des partis, c’est-à-dire au-dessus deux, s’inscrit dans une volonté d’utiliser tous les moyens que lui offre la constitution gaullienne pour, le cas échéant, passer outre les obstructions paralysantes des partis. J’ai été séduit par cette promesse d’« homme d’Etat » qui caractérisent les chefs qui vont en avant du peuple, au besoin contre les corporations rétrogrades. J’ai été séduit par sa capacité d’écarter les obstacles parfois sèchement, y compris dans le camp de ses amis présumés. Un président qui, par ces temps de reculade, annonce en pleine campagne qu’il utilisera les ordonnances et le 49-3 dont l’évocation fait trembler les conservateurs de tous les partis, cela me paraît salutaire en ces temps de démissions. 

J’avais été impressionné par le discours de François Fillon qui, en visite à la Martinique, avait dit pour la première fois qu’il était à la tête d’un pays en faillite, ce qui lui avait attiré la désapprobation de ses amis dont le président Sarkozy lui-même. Comme l‘ancien candidat de la droite, Emmanuel Macron a su annoncer des choses dures et refuser les oukases de la France insoumise.  Voilà les mots qu’on peut retenir du nouveau président de la république : « Esprit de conquête », à opposer à l’esprit de défaite qui frappe la France. « Défendre notre vitalité démocratique », sous-entendu le referendum et le parlement.

S’il fait voter tôt la diminution du nombre d’élus parlementaires et décide d’une dose significative de scrutin proportionnel, l’arme de la dissolution pourrait être  terrible. Des dizaines d’élus perdraient leurs mandats avant les 5 ans si sa politique était désavouée par l’assemblée nationale. « La tâche sera dure, je vous dirai à chaque fois la vérité », dit-il, une version édulcorée du sang et des larmes.  

Cependant je ne le croyais pas déjà en mesure de gagner, imaginant simplement qu’avec tous ses atouts, il ferait un excellent score et se tiendrait prêt à intervenir en cas de crash du futur président, en particulier Marine Le Pen, que je croyais inévitable. En réalité, le danger en France n’est pas la dictature mais la chienlit. 

Fort-de-France,le 8mai 2017

Yves-Léopold Monthieux

le Lundi 8 Mai 2017 à 17:43 | Commentaires (0)

On vient de passer à la télé le spectacle offert par AMJ dans le bureau de vote de la mairie de Rivière-Pilote.


Va-t-on annuler les votes du bureau de la mairie de Rivière-Pilote ?

 Le président de la CTM devrait donner l’exemple ! Mettre son bulletin dans l’urne en montrant à l’assistance son choix sans passer par l’isoloir est une violation du secret du vote. Quelle que soit la noblesse du but recherché, il s’agit d’une faute grave qui pourrait conduire n’importe quel citoyen devant le tribunal. Le faire devant les caméras de télévision, invitées à assister à la scène, avec forces déclarations en présence des électeurs dans la salle des opérations conduirait dans toute commune de France à une annulation des votes de ce bureau.

Mais tout est possible en Martinique.

Mais ce qui est plus inquiétant c’est qu'après le reportage de ce cinéma médiatique, montré à l’appui d’un débat public, aucun politologue ou journaliste présent sur le plateau de télévision ne s'est dit choqué par cette conduite illégale et outrancière.
Au contraire, il a été félicité à plusieurs reprises pour son geste politique, tous se contentant d'y voir une action idéologique positive contre le racisme.

On voit à quel niveau d’irrespect pour le peuple se trouvent les intellectuels martiniquais.

ylm


Alfred Marie-Jeanne ira voter samedi à l’élection présidentielle. Il ne met pas son mouchoir dans sa poche car il l’a perdu depuis longtemps.


ALFRED MARIE-JEANNE A BOUCLE SA REVOLUTION
 Pour l’histoire, rendez-vous est donné à la presse ce samedi 6 mai 2017, jour de l’élection, à une heure précise à son bureau de vote de Rivière-Pilote. Rarement on aura vu un atterrissage politique à ce point porté en fanfare. Ce sera bien entendu le point fort de la journée électorale. Juste, peut-être, avant le score de Marine Le Pen en Martinique que le geste du Président devrait pousser à la baisse.
 
Que de chemin parcouru et, dans son sillage, que d’adeptes inconditionnels malmenés ! Parti de la SFIO en 1971, Alfred Marie-Jeanne revient au point de départ. Il rejoint donc le front républicain français qu’a refusé Mélenchon au terme d’un tour complet de l’échiquier politique martiniquais duquel il tire néanmoins le titre d’homme vertical. Une performance quasi-inégalable.

C’est d’abord le crescendo révolutionnaire : tour à tour socialiste départementaliste, autonomiste pro-PPM (« la parole au peuple »), indépendantiste (MIM), anti-élections présidentielles, anti-élections européennes (« voici le loup ! »), contempteur du moratoire et de la « nouvelle droite ». Points de suspension...

Puis la décélération : député français, union avec la droite, pro-européen (président des RUP), éloge de l’Europe et son « mal à la France » lors de son discours d’adieu de l’assemblée nationale.

Point final, l’atterrissage : la participation à l’élection du président de la république est la révélation d’une position idéologique qui pouvait ne pas surprendre. Il ne s’agit plus de moratoire mais de renonciation.

En effet, avec un retard sur son concurrent de 20 points, selon les derniers sondages, Marine Le Pen est-elle à ce point menaçante pour la démocratie qu’il faille, pour lui barrer la route, effacer un demi-siècle de convictions affichées ? Déjà enrayée depuis longtemps, la locomotive indépendantiste locale s’est donc arrêtée. Une époque s’est terminée. Le président-fondateur du Mouvement indépendantiste martiniquais (MIM) aura fait le contraire de tout ce qu’il a dit. Mon livre Alfred Marie-Jeanne, la fin d’une époque ne disait pas autre chose. Cependant il n’y avait pas mieux que l’intéressé lui-même pour l’exprimer urbi et orbi.

Il y a des vieux jours qui se ressemblent. “C’est grâce à vous que nous survivons”, confiait Césaire, accroché aux bras de François Fillon. C’est à peu près ce qu’exprime Alfred Marie-Jeanne, à son tour. Fanon avait bien raison de quitter bien plus tôt la scène politique.
Fort-de-France, le 2 mai 2017
Yves-Léopold Monthieux
 

le Samedi 6 Mai 2017 à 13:38 | Commentaires (0)

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