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Eia pour Césaire, par JEAN FRANÇOIS JEFF LAFONTAINE

LUNDI 17 AVRIL 2017


Rédigé le Lundi 17 Avril 2017 à 11:45 |
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Le 17 avril 2008, date de plus en plus oubliée, la Martinique perd un de ses fils et l'une de ses plus grandes figures le poète et politicien Aime Césaire, Le Chantre de la Négritude, le père du "Discours sur le colonialisme", l'indétrônable Maire de la Ville de Fort de France.


Cette disparition retentit dans le monde entier. L'humanité perd l'un de ses plus valeureux combattants. Ce n'est pas un homme qui disparaît mais un monument qui s'en va.

La Martinique a su lui rendre un vibrant hommage. Par une cérémonie funèbre en présence de plusieurs grands du monde venus spécialement l'honorer. Mais aussi au cours d'une veillée populaire poignante et d'une procession qui pendant près de deux heures a sillonné les quartiers de la ville, acclamée tout au long du parcours par des centaines de martiniquais venus accompagner le grand homme à sa dernière demeure.

Dès l'annonce de son décès, Ségolène Royale fait la proposition de faire rentrer Aimé Césaire au Panthéon à côté d'autres grandes lumières de l'humanité comme Malraux, Hugo, Jaurès, etc... La proposition est très controversée. Le débat fait rage à l'époque entre la dimension locale et universelle de l'homme. Finalement, l'affaire est tranchée, Césaire doit rester dans sa terre natale. Un compromis est finalement trouvé. La dépouille de Césaire reste en Martinique et 3 ans plus tard une fresque retraçant les grandes étapes de sa vie est inaugurée avec tous les honneurs par le président Sarkozy au Panthéon. Le symbole prend une dimension nationale. De nombreux lycéens, collégiens et militants sont invités. La cérémonie est retransmise en direct sur les chaînes du réseau outre-mer. La Martinique est fière d’un de ses plus illustres fils.

Qu'en est-il aujourd'hui de la mémoire de ce grand homme à la veille du 9ème anniversaire de sa disparition? L'héritage laissé par Césaire est pourtant conséquent. Une vision, une pensée, un parti politique mais aussi une ville et un électorat indéfectible, qui a cependant du mal à se renouveler.
Certes, il ne fallait pas déposséder la Martinique de l'homme universel et le consensus sur cette question s'est fait de manière unanime. Mais quid du devoir de mémoire? Ses camarades de parti s'érigent désormais en gardien de sa mémoire. La Martinique joue tant bien que mal la carte de la reconnaissance : son bureau est transformé en espace muséal, l'aéroport international ainsi que 2 collèges portent son nom.

Petit à petit, la ferveur s'émousse. Une affiche délavée par le soleil et la pluie orne depuis plusieurs années l'édifice municipal soulevant l'indignation de certains observateurs....Et Années après années, le souvenir s’efface, chaque jour un peu plus le géant sombre dans l'oubli.
A quelques heures de ce 9eme triste anniversaire aucun programme officiel n'est connu. Pourtant le hasard du calendrier semblait plutôt favorable à une manifestation d'envergure. L'anniversaire de la mort du poète tombe un jour férié. La Martinique entière est donc disponible ne serait-ce que pour quelques heures entre « matoutou » et bains de mer.

On aurait pu penser, que son parti aurait pu en cette date symbolique chercher la cohésion qui lui fait tant défaut depuis quelques temps, par l'organisation d'une manifestation d'envergure, fédératrice et mobilisante. Pourtant, force est de constater qu'officiellement il n'y a rien en vue, absolument rien ne semble prévu. À force de chercher et de demander un message arrive via WhatsApp. Un dress-code, une marche et un dépôt de gerbe sont les temps forts d'une bien piètre cérémonie de commémoration

C'est mieux que rien diront certains.
C'est pire que tout pourrait-on rétorquer.

Dans ce désert d'implication comment ne pas voir de l'indifférence, de l'ingratitude ou du mépris derrière un tel vide. En 9 ans, pas un monument, une stèle, n'a été érigé. Quand on sait que Le Maire de sainte Marie a fait construire en moins d'un an un monument pour Clarissa, assassinée en France et victime malencontreuse du terrorisme. .

Si les morts ne le sont vraiment que quand ils ne sont plus dans la mémoire des vivants alors on ne peut que constater que Césaire semble bel et bien mort
Quand les convictions sont profondes, quand elles n'ont pas pour objet des stratégies de conquête du pouvoir, quand on se sait animé par le seul désir de servir son pays et défendre des valeurs de progrès et d'humanisme, comment ne pas s'insurger sur le traitement fait à ce que nous avons de plus grand.

Ce triste constat de l'oubli auquel nos illustres prédécesseurs sont relégués, était déjà d'actualité pour la mémoire de Camille Darsières, et encore plus récemment une absence remarquée à la cérémonie d’enterrement de “Man Toy” une des héroïnes de février 1974.

On aurait pu penser qu'à travers la commémoration de la mort d'Aimé Césaire l'occasion aurait été saisie de réparer ce dysfonctionnement et permettre ainsi que le devoir de mémoire soit dignement effectué pour faire vivre cette inestimable pensée et surtout la transmettre aux générations futures.

Hélas trois fois hélas!

JEAN FRANÇOIS JEFF LAFONTAINE

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