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MALAVOI

Deux groupes ont marqué la scène antillaise de ces vingt dernières années : Kassav et Malavoi. Si le premier a clairement créé un nouveau genre, le zouk, Malavoi est pour sa part plus indéfinissable. Car sa force est d'avoir su moderniser les vieux rythmes des Antilles françaises (Epoque foulards et madras), en leur insufflant des accents issus des autres îles de la Caraîbe.



MALAVOI


Issus du quartier des Terres-Sainvilles de Fort-de-France, quelques amis musiciens, emmenés par le violoniste Emmanuel "Mano" Césaire, par ailleurs neveu du poète homonyme, prennent alors l’initiative de créer un ensemble musical qui mêlerait ces vieilles danses antillaises (mazurka, biguine, quadrille…) à de nouvelles influences dont la salsa et même le jazz.

Après une première période qui a vu passer au sein du groupe des musiciens comme Dédé St Prix ou Alain Jean-Marie, Malavoi, à la fin des années 70, trouve la formule qui sera la sienne par la suite sous la direction de Paulo Rosine, avec la voix magique de Ralph Thamar.

Au début des années 80, Malavoi grave deux albums comprenant des titres qui sont devenus depuis des classiques (« La filo », « Amélia », « Caresse moin »).

Avec le label parisien Blue Silver, sur lequel sort leur album « La case à Lucie » (1987), leur renommée se confirme et Malavoi accède enfin aux grands médias métropolitains, au moment où, par ailleurs, Ralph Thamar quitte le groupe pour une carrière solo (sans changer pour autant de style), remplacé par Pipo Gertrude, tant il est vrai que ce groupe reste un vivier, un révélateur d’interprètes. A partir de là, tout s'enchaîne : tournées, festivals européens, puis l'Olympia à Paris, le Zénith l’année suivante (un album « live » y est enregistré). Suivra lla tournée marathon de 1988 qui mènera Malavoi de La Nouvelle Orléans au Québec en passant par l'Allemagne et 20 villes françaises. Au printemps de cette même année, Malavoi enregistre l'album « Jou Ouvé ».

1989 est l’année qui confirme la dimension internationale du groupe par la signature d'un contrat CBS/Sony/Japon concernant leurs trois derniers albums et leur nouveau disque « Souch » qui sort simultanément à Paris et au Japon. Une série de concerts fin octobre 1989 au « pays du soleil levant » y confirme la percée du groupe, et démontre que les rythmes chauds et langoureux de la Montagne Pelée n’ont décidément pas de frontières.

1992 : le groupe Malavoi fête ses 20 ans de carrière avec un nouvel album, « Matebis » (ce qui veut dire « faire l’Ecole buissonnière »), sur lequel sont réunies les plus belles voix des Antilles : Jocelyne Béroard, Philippe Lavil, Edith Lefel, Kali, Tanya Saint-Val, Ralph Thamar, Marcé et Francisco, et celle, douce-amère, de l'haïtien Beethova Obas (« Nou pa moun »). Cet album sera le dernier de Paulo Rosine. La tragique disparition du pianiste, fauché en pleine jeunesse et au sommet de son talent par un cancer, a été douloureusement ressentie par toute la Martinique et en particulier par le groupe, sa famille de musique et d’aventures, dont il a été le leader pendant 20 ans.

Rien d ‘étonnant à ce qu’en 1998, participant à la commémoration de l’abolition de l’esclavage, Malavoi enregistre l’album
« Marronnage » (un nègre « marron » était un rebelle cherchant à fuir le joug du « maître »). Le groupe participe alors aux manifestations officielles organisées à Champagney, petit village de la Haute-Saône dont les habitants furent les premiers à demander à Louis-Philippe l’abolition de l’esclavage. Fin 1998 sort une seconde compilation « Best of - légende - volume 2 », et fin 1999, « Flech Kann » avec des compositions inédites de Nicol Bernard, José Privat, Patrick Hartwick et l’accueil d’un jeune auteur martiniquais, Bruno Lopez, qui sera chanté par Pipo Gertrude sur une de ses compositions.

Et ce n'est pas le moindre mérite du groupe de Césaire, Rosine, Négri, Soïme, Thamar et les autres que d'avoir su fédérer, par sa simplicité, sa convivialité et sa vérité, un public qui touche toutes les communautés, des lointaines îles à nos banlieues, que d’avoir su donner aux mots métissage culturel et world music leurs lettres de noblesse bien avant qu’ils fussent à la mode, que d’avoir été et de rester encore les premiers du genre, en tous les sens du mot, des pionniers. L’âme vibrante, enivrante et envoutante de la musique antillaise d’hier et de demain.

2009, sortie du nouvel album «Pèp la » qui marque le retour de Ralph Thamar au sein du groupe après une absence de 20 ans.

Lundi 23 Novembre 2009
Victor HAUTEVILLE

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