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ELIZABETH LANDI REPOND A ROGER DE JAHAM

 LUCIEN
Lundi 23 Mars 2009

Notez
Camille,
Il y a quelques années (8 à 12) ! Lors d'une émission de TV sur les békés , un "représentant de la communauté béké" ...
( je suis anti communautariste et j'évite de parler de communauté pour désigner des groupes sociaux, mais en l'occurence l'appellation me semble justifiée) ...

... donnait sur un ton patelin la définition suivante du béké ; " C'est un blanc installé en Martinique depuis 3 générations" .
A l'époque personne n'avait sursauté pourtant cette définition ignore quasi totalement la donnée historique pour ne se baser que sur un phénomène de cooptation à fondement racial . (C'est la revendication moderne de ce qu' Alain Huygues Despointes justifiait sur le mode passéiste d'un homme au crépuscule de sa vie.)
Le béké se définirait non pas comme l'héritier (fortuit) d'un passé colonial... {Philippe Lavil (De la villejegu du Fresnais) quand il dit que les békés sont des descendants de noble}... mais comme le garant (volontaire) de la sauvegarde d'un phénotype "européen". Mais ça nous le savions tous. Il suffit de constater comment ceux qui dérogent à la règle de "l'entre soi " sont "ostracisés" .
Mais une définition n'exclut pas l'autre .

Alain Huygues Despointes est une scorie de l'histoire il le démontre lui-même , son groupe a échappé à la révolution française et reste vecteur d'une pensée aristocratique qui persiste en Europe (Cf L'exhibition de son arbre généalogique premier outil aristocratique ).

Etudiant antillais à Paris je n'en avais pas moins un ami aristocrate qui m'a un jour confié qu'il n'envisageait pas de se marier avec une femme qui n'ait comme lui au moins 200 quartiers de noblesse.) http://portail.atilf.fr/cgi-bin/getobject_?a.101:133:12./var/artfla/encyclopedie/textdata/IMAGE/
Je ne sais pas ce qu'il est devenu, il a du épouser une cousine ...

Il faut savoir que parmi les aristocrates Français, en existent encore qui se considèrent comme les tenants d'une supériorité morale et intellectuelle voire "de nature" par rapport au reste de la population. Allez donc dans un petit village de Bretagne vous retrouverez dans le regard de certains chatelains fendant la foule populacière d'un marché hebdomadaire, la morgue et le dédain que l'on retrouve chez quelques jeunes "békés" de Martinique vis à vis de ce qu'ils considèrent comme des classes inférieures. [l'idée d'appartenir à une élite étant entretenue au sein des écoles privées que fréquente cette jeunesse]

Le problème aux Antilles est que par le jeu des constructions intellectuelles et de l'enfermement psychologique qui leur permettait de supporter dans leur environnement immédiat, l'atroce condition des esclaves, les colons ont racialisé leur préoccupation et les quartiers de noblesse ont fait place à une grotesque hiérachie colorimétrique. Hiérarchie qui partant du groupe dominant s'est imposée à toute la population, créant de savants jeux de compensation socio-raciale , et des stratégies d'alliance matrimoniales ou économiques plus ou moins sur-déterminées.

Qu'est ce qu'une appellation telle que "Tous créoles", si ce n'est une invitation à l'unification des blancs vivant aux Antilles. Une telle association pourrait prétendre rechercher la valorisation d'une culture créole, avec l'idée de conférer au corps social antillais une unité sur le modèle de la langue créole issue d'origines multiples . Mais ce discours n'est pas audible, et ce qui submerge du gargouillis c'est la revendication d'un droit à vivre en apartheid .

Camille vous avez raison quand vous dénoncez un risque de 'caldochisation' de la société martiniquaise, car ajoutée aux rancœurs historiques, l'attitude des békés génère ici, une réaction de méfiance vis à vis de tout ceux qui leur ressemblent, et favorise chez les métros qui arrivent ici, une tendance à vivre entre eux .
Ceux qui n'arrivent pas à supporter une telle compartimentation du corps social se heurtent aux barrières invisibles et finissent par repartir, ne restent essentiellement que les chasseurs de primes de la fonction publique, les passionnés de mer ou de voile, ou les débrouillards des lois de défiscalisations, les retraités et les époux ou épouses d'antillais. Bref ... le plus souvent des gens à qui l"entre soi" peut suffire entre deux A-R vers l'Europe .

Et dans trois générations nous auront de nouveaux békés.
En clair si nous laissons faire la logique ségrégationniste qui d'évidence semble déterminer les conduites au-delà des postures et déclarations de principes, notre société risque de s'intoxiquer au poison de la connivence raciale, au lieu de devenir un lieu de célébration de la dignité humaine.