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LE MENSONGE AU CŒUR DE LA CAMPAGNE DES ELECTIONS REGIONALES 2010


Rédigé le Jeudi 11 Février 2010 à 18:04 |

Par la Rédaction du Naïf : Tous les coups semblent permis et Alfred-Marie Jeanne a ouvert le bal en mettant en cause son principal adversaire Serge Letchimy sur sa gestion, bien sûr dans ce jeu du mensonge, la preuve est exclue . Si les dirigeants ont besoin des médias pour propager leurs mensonges édifiants; nous devons compter sur une presse vraiment indépendante pour rétablir la vérité ?Aux journalistes donc de dire où sont les menteurs …


La politique, aujourd'hui, serait un théâtre burlesque où des politiciens prompts au mensonge rient entre eux de leurs pantalonnades devant un public candide. D'un scandale à l'autre, les citoyens n'en finissent pas de se découvrir bernés par ceux en qui ils ont eu confiance. Le mensonge en politique, au contraire de la croissance en économie, ne connaîtrait ainsi pas de récession.

C'est le syndrome de Pinocchio qui dépeint nos politiciens comme des menteurs invétérés, sur le postulat que le mensonge en politique n'est en aucune manière acceptable au nom du droit fondamental à la vérité.

Vérité et politique ne font pas bon ménage, il est vrai, mais est-ce une raison de maintenir sans appel la sentence de réprobation si facilement jetée désormais sur la classe politique? Parmi les penseurs contemporains qui se sont penchés sur cette question difficile, nous comptons Hannah Arendt, figure marquante de la philosophie politique au XXe siècle.

Dans un article publié en allemand en 1964 et intitulé Vérité et politique dans sa traduction française, Arendt nous met tout d'abord en garde contre la tentation de l'angélisme contempteur ou de la simplification devant le phénomène du mensonge en politique. C'est là une position qui en surprendra plusieurs. Mais étudions plus attentivement ce qu'Arendt a à nous dire.
Premièrement, il serait absurde, souligne-t-elle, de prétendre que la vérité doit prévaloir en toutes choses, dût la communauté en périr.

L'action politique est ce par quoi nous cherchons «à établir ou à sauvegarder les conditions de la recherche de la vérité». Comme substitut à des moyens plus violents, le mensonge peut s'avérer, à certaines occasions, le moyen le moins dévastateur de préserver les havres de paix nécessaires à la poursuite de la vérité. De plus, comme Chateaubriand l'avait fait dans son Génie du christianisme, Arendt constate qu'aucune des grandes religions, le zoroastrisme excepté, ne catalogue le mensonge parmi les péchés mortels.

Pendant longtemps, les philosophes ne s'occupaient guère des mensonges manipulateurs en politique mais plutôt de la difficile coexistence entre ceux qui consacrent leur vie à la vérité et à la sphère politique. Arendt va même jusqu'à soutenir que les mensonges ont commencé en fait à devenir scandaleux sous l'influence de la morale puritaine, dont l'apparition a coïncidé avec celle de la science qui suppose la confiance en «l'absolue sincérité de tous les savants».

Mais Arendt n'est pas l'apologiste du mensonge en politique, loin s'en faut. Elle fait toutefois valoir que le fait de considérer la politique du point de vue de la vérité, c'est se placer en dehors du politique. Le détenteur d'une vérité est celui qui, après un long dialogue intérieur, arrive à une conclusion qui s'impose par la force du raisonnement.

La vérité a un caractère despotique, dit Arendt, qui est à l'opposé de l'action politique pour laquelle tout est opinion, persuasion, consensus.
Lorsqu'ils proclamèrent leurs droits inaliénables, les rédacteurs de la Déclaration américaine d'indépendance de 1776 écrivirent: «Nous tenons ces vérités pour évidentes... » Jefferson savait qu'on n'entre pas en politique avec de grandes vérités sans devoir lui faire des concessions.
Rien n'ébranle plus une communauté que l'irruption de porteurs de vérités absolues.

Selon Arendt, il importe d'établir une distinction entre vérité rationnelle et vérité de fait pour saisir l'impact du mensonge. La première, qui se rapporte aux vérités des sciences, de la philosophie et des mathématiques, survit plus aisément aux assauts du politique, qui les conteste rarement, alors que la deuxième, qui touche aux faits historiques et sociaux, est d'un statut plus précaire, sans cesse soumise aux manoeuvres du pouvoir. Si le camouflage ou le silence ne guettent la vérité de fait, c'est le bannissement par l'oubli qui l'emporte à jamais hors du monde.

La vérité de fait : La vérité de fait est politique par nature puisqu'elle naît du consensus, de la concordance des témoignages et affecte diverses personnes. Proclamer la vérité de tel ou tel fait, c'est donc risquer de heurter l'intérêt de quelque individu ou groupe social. La vérité de fait se distingue mal de l'opinion et sa chance de survie auprès de courants hostiles est bien mince, alors que la vérité rationnelle peut toujours s'en remettre au triomphe de la raison ou à la vie exemplaire de celui qui agit en conformité avec sa vérité.

L'argument le plus troublant qu'avance Arendt pour conclure à la permanence du mensonge en politique est qu'il «fait partie des quelques données manifestes et démontrables qui confirment l'existence de la liberté humaine». Le menteur est celui qui estime qu'il n'a pas à déterminer sa conduite ou ses dires sur ce qui est; il affirme, ce faisant, sa volonté de changer la réalité, d'aller au-delà.
C'est donc un individu d'action, qui a toujours une avance sur le simple diseur de vérité qui, s'il se lance dans la mêlée, perd les seules qualités pouvant le rendre crédible, soit l'impartialité et l'indépendance.

Deux grands hommes d'État contemporains ont édifié leurs politiques sur des mensonges: de Gaulle et Adenauer. Le premier sur l'idée que la France fut l'une des puissances victorieuses de la Deuxième Guerre mondiale; le deuxième sur celle que le national-socialisme fut le fait d'une minorité en Allemagne. Par le mensonge, l'homme politique tient un pari, qui tourne à la réussite ou à la catastrophe.

Notre époque a plus que jamais à craindre du mensonge politique, croit Arendt, pour la raison que les médias de masse et la propagande gouvernementale et privée ont atteint une capacité de manipulation des faits sans précédent. Jadis, les États pratiquaient le mensonge dans un cadre limité; dans les chancelleries du monde, diplomates et émissaires habillaient les secrets d'État d'habiles tromperies. Au moins ces menteurs professionnels ne perdaient pas de vue la vérité qu'il fallait cacher à l'ennemi.

Le mensonge de masse moderne se pratique au vu de tous, et souvent à l'égard de faits connus de tous. Telle tragédie de l'histoire, tel événement encore récent peut subitement disparaître des registres officiels ou subir une réécriture. Ainsi, «la possibilité de mensonge complet et définitif [...] est le danger qui naît de la manipulation moderne des faits», écrit Arendt. Ce danger s'accroît avec le recours généralisé à l'image dans la propagande de masse.

Le principal ressort du mensonge de masse est ce qu'Arendt appelle la tromperie de soi. La propagande atteint son effet quand trompeurs et trompés unissent leurs efforts pour défendre la «vérité de l'image» contre ceux qui l'attaquent.

Puisque la vérité loge hors du politique, il importe alors de préserver dans la société «l'existence d'hommes et d'institutions» sur lesquels le domaine politique n'a pas de pouvoir pour trancher des questions de vérité.

Arendt attache une telle importance au travail des journalistes qu'elle estime que si la presse devenait jamais réellement un quatrième pouvoir, «elle devrait être protégée contre le pouvoir du gouvernement et la pression sociale encore plus soigneusement que ne l'est le pouvoir judiciaire».

Les dirigeants ont besoin des médias pour propager leurs mensonges édifiants; nous devons compter sur une presse vraiment indépendante pour rétablir la vérité des faits occultés par les images gouvernementales ou d'entreprise. La concentration actuelle de la presse est un problème dont on n'a pas encore saisi toutes les graves conséquences pour la démocratie.

Pour que fonctionne la démocratie,aux journalistes de faire leur métier et d'avoir le courage de demander à ceux qui insinuent de répéter ,de confirmer ce qu'ils avancent dans leurs discours, car le verbe ,n'est pas du vent.






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