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DE GAULLE, LE 18 JUIN 1940 ET LES MARTINIQUAIS Par Édouard de LÉPINE


Rédigé le Vendredi 18 Juin 2010 à 16:00 |

Rédaction du Naïf : Edouard de Lépine était invité un 18 juin à un aréopage de militaires et de personnalités de haut rang, d’anciens combattants prestigieux, de gaullistes historiques ou non, en fait Pierre Petit invitait un professeur d’histoire qui n’a pas eu grand chose à voir avec le gaullisme et, pour dire les choses crûment, un ancien communiste, un trotskiste qui a rejoint le parti d’Aimé Césaire.Edl revient sur cette invitation...


J’imagine que quelques uns d’entre vous auront été surpris de lire sur leur carton d’invitation que, pour présenter le 18 juin à un aréopage de militaires et de personnalités de haut rang, d’anciens combattants prestigieux, de gaullistes historiques ou non, Pierre Petit invitait un professeur d’histoire qui n’a pas eu grand chose à voir avec le gaullisme et, pour dire les choses crûment, un ancien communiste, un trotskiste qui a rejoint le parti d’Aimé Césaire, il y a près de vingt ans.

Si cela peut vous rassurer, je ne suis pas moins surpris que vous. Si on m’avait dit, il y a dix ans, que je serais amené à inaugurer quelque part à la Martinique un monument à la gloire du Général de Gaulle, j’aurais pris cela pour une mauvaise plaisanterie ou pour une provocation. Dans le meilleur des cas, je m’en serais amusé. Je dois cet honneur à l’existence, au bourg du Vert-Pré, dans la commune du Robert dont j’ai été le maire pendant une très courte période (1989-1997), du seul monument qui ait été élevé à la gloire du chef de la France Libre, avant que Pierre Petit n’ait décidé d’en ériger un dans sa commune. Les gaullistes en avaient fait depuis plusieurs années un lieu de pèlerinage le 18 juin. En 1990, j’avais envisagé, par jeu plutôt que par conviction, de leur faire la mauvaise surprise de prendre l’initiative de la commémoration du cinquantième anniversaire de l’Appel. Il s’agissait de ne pas laisser au RPR le monopole de cette commémoration, en lui abandonnant la seule place où existât un buste du général de Gaulle à la Martinique. Cette décision avait provoqué sinon une crise du moins une certaine tension au sein de notre conseil municipal. Un de mes adjoints m’avait, très officiellement, fait part de son étonnement et de sa réprobation.

Comment pouvais-je me permettre d’inviter la municipalité d’une commune que la gauche venait juste de reprendre à la droite un an auparavant, à célébrer le 18 juin ? D'Aix-en-Provence d'où j'avais envoyé ma proposition au Bureau Municipal, j’avais d’abord sous-estimé cette protestation et décidé de passer outre.

Après coup, cette réprobation m’avait cependant troublé. Je ne comprenais pas cette opposition à une initiative qui m'apparaissait d'abord comme un bon tour joué aux gaullistes locaux et, secondairement, comme une initiative susceptible sinon de gagner du moins de neutraliser des éléments sincèrement attachés au Général de Gaulle mais pas forcément de droite. Je finis par admettre que, notre culture de gauche étant ce que nous en avons fait, la commémoration du 18 juin par une municipalité de gauche pouvait poser problème. Cette mini-fronde m'a ainsi amené à réfléchir un peu plus que je ne l'avais fait sur le sens qu'il convenait de donner à une telle manifestation. De ce qui n’était guère à l'origine qu’un « coup politique » pour surprendre et embarrasser un adversaire, les circonstances ont fait un sujet de réflexion sur les rapports que notre pays entretient non avec le gaullisme, ce qui relève de la politique, mais avec le général de Gaulle, ce qui relève de l’histoire. C’est le fruit de cette réflexion, menée il y a dix ans, très loin d’ici, à Aix en Provence, au Centre d’Archives d’Outre-Mer , que je viens vous présenter. Je remercie mon ami Pierre Petit de me permettre de le faire dans sa commune en toute amitié et en toute liberté, à l’occasion de l’inauguration de la Croix de Lorraine sur la Place du Général de Gaulle. Cette réflexion porte sur les fondements historiques de la fidélité de la Martinique au Général de Gaulle et sur l’actualité de ce que j’ai appelé les thèses de juin 1940 du Chef de la France Libre, sur l’impératif absolu de l’unité nationale dans la résistance à l’occupation allemande pour la libération du territoire français. Trois observations préliminaires En 1990, avant d'entrer dans le vif du sujet, j’avais cru devoir faire deux ou trois observations qu’il ne semble pas inutile de rappeler ici, au Morne-Rouge compte tenu des circonstances qui ont amené la municipalité à substituer un monument en béton à la statue du général de Gaulle brûlée, me dit-on, par des militants se disant indépendantistes.

Du moins on le suppose. Les coupeurs de têtes comme les brûleurs de statue ont rarement le courage de forfaits dont ils ne revendiquent la paternité que dans des cercles fermés, à l’abri d’oreilles indiscrètes, c’est-à-dire à l’abri du peuple. Qui s’est jamais vanté d’avoir décapité Joséphine sur la Savane ou mutilé Schœlcher dans la cour du Palais de Justice ? Ma première observation concerne les deux condamnations à mort prononcées contre le chef de la France Libre par Vichy d’abord, par l’OAS ensuite contre le Président de la République et les deux tentatives d’exécution de la sentence prononcée par les fanatiques de l’Algérie française. Elles ne l'ont pas été par des amis de la démocratie ni, à plus forte raison, par des amis des nègres. Au contraire. Elles l'ont été l'une et l'autre par quelques uns des pires ennemis de notre race et de notre peuple : en août 1940, par un tribunal militaire de Vichy aux ordres de l’occupant nazi ; les deux attentats contre la vie du Général ont été perpétrés en septembre 1961, à Pont-sur-Seine, et en août 1962, au Petit Clamart, par les fascistes de l'OAS, l’Organisation de l'Armée Secrète des nostalgiques de l’Algérie française qui tenaient le Général de Gaulle pour le responsable de l’indépendance de l’Algérie et tentèrent à deux reprises, de mettre à exécution leur sentence. Quand ce ne serait que pour avoir suscité une telle haine des nazis, de leurs amis et de leurs héritiers, il me semble que de Gaulle mériterait au moins notre respect sinon notre admiration. Ma seconde observation touche les sentiments de quelques uns des plus grands dirigeants de la révolution coloniale à l'égard du chef de la France Libre. Qu'il s'agisse de dirigeants de mouvements de libération nationale dans les colonies françaises ou d'autres grands mouvements de libération nationale en Afrique (y compris en Afrique du Nord), en Asie, (y compris au Vietnam), en Amérique Latine (y compris à Cuba) ou en Amérique du Nord (Canada), tous, ou presque, manifestent le plus grand respect et parfois une très profonde admiration pour le général de Gaulle. De Gaulle, pour eux, n'était pas tellement l'homme du18 juin, le héros de la résistance et de l'indépendance françaises, encore que l'épopée de la résistance française ait inspiré plus d'un résistant au colonialisme français. C'était l'homme du discours de l'autodétermination et de la paix en Algérie, celui des discours de Phnom Penh et du "Québec libre", le premier homme d'Etat occidental à avoir reconnu la Chine communiste.

Sur la question coloniale, de Gaulle était enfin une référence aussi bien par rapport à la culture colonialiste de la droite traditionnelle que par rapport à l'impuissance de la gauche anticolonialiste. Il a imposé la paix en Algérie et l'indépendance du peuple algérien, à des officiers aigris par le souvenir de l'humiliation de Dien Bien Phu, à des colons arc-boutés sur leurs privilèges, à une droite qui avait le sentiment d'avoir été trahie par celui qu'elle avait porté au pouvoir quatre ans plus tôt pour garder l’Algérie française. Rien n'était moins facile.

La gauche française le sait bien. Le général a forcé le respect et l'admiration , y compris dans ses propres rangs, précisément parce qu'il a réussi là où elle avait échoué. Ce n'est pas par masochisme qu'elle n'a pas réussi. Ce n'est pas par manque de lucidité ni de générosité qu'ell a pêché. C'est par manque de fermeté dans ses convictions et par manque de courage dans la mise en œuvre de ses idées. C'est cette vertu cardinale des hommes d'Etat, le courage, sans lequel la lucidité n'est rien, que les militants révolutionnaires ont le plus apprécié chez de Gaulle. Ils n'oubliaient ni la poursuite de la sale guerre d’Algérie pendant près de quatre années après son arrivée au pouvoir, ni les milliers de soldats algériens tués au combat, ni les militants torturés dans la villa Susini, ni les centaines de combattants fusillés ou guillotinés dans la prison de Barberousse. Mais ils ne sous-estimaient aucun des obstacles que le général de Gaulle avait dû surmonter pour faire admettre à l'opinion française la nécessité de tourner la page de la colonisation. Enfin, un dernier trait est venu conforter le respect et l'admiration que chaque homme de gauche porte au Général au fond de lui-même, même quand il s'interdit de les exprimer. C'est le geste du chef de l’État en faveur du militant révolutionnaire Régis Debray. Le jeune compagnon du Che croupissait à Camiri dans les geôles du sinistre dictateur bolivien, Barrientos, à la merci des tueurs qui venaient d'assassiner Che Guévara. Alors que dans la très grande majorité des partis communistes d’Amérique Latine qui se voulaient révolutionnaires, y compris chez nous, au Parti Communiste Martiniquais, on avait le plus grand mal à faire admettre le choix de Régis Debray et à organiser une campagne pour sa libération, le général de Gaulle que nous dénoncions comme un complice de l'impérialisme américain, intervenait pour obtenir la libération du jeune guérillero français. Je me rappelle l’impression extraordinaire qu’a faite sur moi la lecture du petit livre de Régis Debray, À demain de Gaulle . Le compagnon du Ché raconte comment khâgneux au Lycée Louis le Grand, ses camarades et lui-même avaient accueilli avec fierté la nouvelle du refus d’un cacique d’une promotion précédente de serrer la main du général de Gaulle. Il s’était « engagé à redoubler d’efforts en latin-grec pour devenir cacique à son tour et répéter le geste de son prédécesseur à une prochaine rencontre avec un représentant de la bourgeoisie » dans la prestigieuse école de la rue d’Ulm.

Il fut cacique mais aucun représentant de la bourgeoisie ne vient plus honorer l’École. Je ne sais si le Général qui avait très mal pris cet affront de la Rue d’Ulm, au point de refuser systématiquement, dit Alain Peyerefitte , toute visite à une université française, avait entendu parler de l’intention de Régis Debray. Il n’ignorait rien en tout cas de son engagement guévariste. C’est peut-être parce qu’il a mieux compris que la plupart des responsables de la gauche traditionnelle la valeur exemplaire de l’engagement de Régis Debray que celui-ci a mieux compris et plus vite que la plupart des grands responsables de la gauche française cet « artiste, rebelle et croyant, à sa France » qui n’est peut-être pas tout à fait la nôtre mais qu’il nous a appris à connaître et à respecter. Il me semble qu’avant tout jugement sur la commémoration du 18 juin, nous n’avons pas le droit de faire l’économie d’une réponse claire à ces deux questions simples : 1/ pourquoi les forces les plus réactionnaires ont-elles à ce point détesté de Gaulle 2/ pourquoi les révolutionnaires du monde entier, y compris ceux qui l’ont combattu les armes à la main, éprouvent-ils un tel respect pour cet homme ? Le reste, tous comptes faits, me paraît beaucoup moins important mais aussi plus complexe. C’est pourquoi la première chose à faire est de se mettre un peu de complexité dans la tête quand on essaie de comprendre pourquoi tant de Martiniquais continuent de respecter et d’honorer de Gaulle alors que le gauche martiniquaise est restée si réservée et parfois si hostile au Général, exception faite de la courte période euphorique de l'après-guerre où tout le monde était gaulliste.Le joural communiste Justice a souvent paru en 1944-145 avec une citation de Thorez ou de Staline en haut et à gauche du titre et une du général de Gaulle de l’autre côté. Plusieurs de Gaulle dans l’histoire de nos relations avec le Général Il y a dans l'histoire des relations que les Martiniquais entretiennent avec le gaullisme plusieurs époques et plusieurs de Gaulle.

Le de Gaulle des années de la dissidence (1940-1943) n'est pas le même que celui de la victoire, le de Gaulle du RPF (1947-1953) n'est pas celui de la traversée du désert (1953-1958) le de Gaulle du retour aux affaires dans la tourmente de la guerre d'Algérie et le tourbillon des indépendances africaines, n'est pas celui des premiers balbutiements de la question nationale aux Antilles, le de Gaulle de la grandeur retrouvée de la France n'est pas celui de la contestation de mai 1968. Disons tout de suite que le de Gaulle du RPF n'a pas beaucoup compté dans l'esprit des Martiniquais. L'homme de parti n’a pas beaucoup pesé dans la politique martiniquaise, sauf, curieusement, depuis qu'il a disparu. Il y a en revanche dans l'attachement de la Martinique à de Gaulle une donnée qui a traversé un peu plus que la première moitié de ce demi-siècle. En 1940, les Martiniquais n'ont aucun doute sur leur appartenance à la nation française. Je n'ai pas trouvé à ce jour un seul texte, d'un seul auteur martiniquais, politique, écrivain, poète ou artiste, qui ait reflété à l'époque, l'ombre d'une préoccupation nationaliste. Au contraire. Rarement dans notre histoire, il y a eu une telle unanimité autour de l’idée de patrie. Le consensus va des communistes, plus que jamais convaincus de la justesse de leur revendication d'assimilation intégrale, aux partisans de l'Amiral Robert qui, dans le journal catholique, la Paix, dénoncent le général de Gaulle comme un général félon, en passant par les gaullistes de la première heure qui estimaient être les seuls à représenter la « vraie France ». « Ah! Poimiro ! pas lévé Ian main sou drapo ! » On ne comprend rien à la dissidence si on ne comprend pas d'abord cela. Je suis frappé de l'ignorance de nos jeunes gens sur cette période de notre histoire. Parmi les jeunes qui à, la fin des années 1960, et au début des années 1970, brûlaient les drapeaux français dans des manifestations anticolonialistes, on avait du mal à expliquer comment un haut fonctionnaire de l’administration coloniale, le Directeur des PTT, Poimiro, que nous chansonnions dans les vidés (Ah ! Poimiro ! pa lévé lan main sou drapo!) avait mis le feu aux poudres, en juin 1943, en profanant le drapeau français. On a du mal à expliquer cette incroyable Marseillaise chantée en duo, à la même date, de part et d’autre des murs de la caserne Galliéni, par les troupes consignées à l’intérieur et par la foule massée devant cette caserne. Non pour la prendre d'assaut mais pour la protéger contre une éventuelle attaque des marins vichystes de l'Émile Bertin aux ordres de l'Amiral Robert qui voulait désarmer les troupes rebelles prêtes à rallier la dissidence sous les ordres du commandant Tourtet.

C'est dire combien sont dénuées de fondement les vues caricaturales exposées parfois par quelques uns de ceux, rares, il est vrai, qui ont participé directement à cette lutte mais qui, pour être dans l'air du temps, sont tentés de reconstruire une histoire de la dissidence plus conforme à leurs convictions idéologiques d’aujourd’hui qu’à la spontanéité de leurs réflexes d’hier. La dissidence pas à rougir de son histoire. Elle n’a surtout pas à la réécrire pour s'y sentir à l'aise. La gauche martiniquaise en particulier ne doit avoir aucun complexe à cet égard. Elle a répondu à l'Appel du 18 juin, pas aussi massivement qu'elle l'a dit après coup, mais elle y a répondu. Elle n’a pas à rougir de s’être trouvée dans le Comité Martiniquais de libération, aux côtés de, ou derrière, le béké Emmanuel Rimbaud., le radical Victor Sévère, les socialistes Paul Symphor, Hermence Véry, Auguste Réjon, Léontel Calvert, auxquels les communistes se sont joints plus tardivement. Les uns et les autres ont fait avec honneur ce qu’ils considéraient comme leur devoir. Situation curieuse : l'autre partie de la population ne se sentait pas moins française. Elle était tout simplement plus jouisseuse et plus résignée. A quelques exceptions près, elle se retrouvera toute entière, dès le lendemain de la dissidence, dans le camp gaulliste, avec armes et bagages, y compris avec son matricule de la Légion des Volontaires Français, la sinistre organisation vichyste où se retrouvaient pêle-mêle seigneurs de la terre, du Bord de Mer et de l'Usine, hauts dignitaires de la fonction publique, prolétaires des villes et des campagnes et pègre des bas-fonds. C'est dire que les débuts de l’idylle entre de Gaulle et la Martinique n 'ont pas été faciles. En juin 1940, personne à la Martinique ne connaissait de Gaulle.

Nous n'avons retrouvé à ce jour, aucun document faisant état de L'Appel, ni rencontré un seul témoin qui l'aurait personnellement entendu avant le mois d'août 1940. Les motions adoptées, à la fin du mois de juin 1940, sous l'impulsion du maire de Fort-de-France, Victor Sévère, par la municipalité de Fort de France et par une assemblée générale des maires et des conseillers généraux de la colonie, ne mentionnent pas cet appel.

Le ralliement de Félix Eboué C'est seulement à la fin de l'année 1940, notamment après le ralliement de Félix Eboué, intervenu pourtant dès la fin du mois d'août, qu'on commence à prendre conscience, à la Martinique, à la fois de l'ampleur de la tâche entreprise par le Général et de la possibilité de s'y associer pratiquement. Félix Eboué avait laissé un excellent souvenir à la Martinique. IL y avait occupé les fonctions de secrétaire général du gouvernement et de gouverneur par intérim, avant de devenir, sous le Front Populaire, gouverneur de la Guadeloupe, le premier nègre à occuper un tel poste, depuis les temps lointains ou le mulâtre Perrinon avait été, pour très peu de temps, Commissaire de la République à la Martinique, au lendemain de l'abolition de l'esclavage. Gouverneur du Tchad, au début de la guerre, Eboué avait été le premier haut fonctionnaire à se rallier au Général de Gaulle, et à mettre à sa disposition la première base territoriale de la France Libre. Résistance ou dissidence? Le rôle des nègres dans la résistance est cependant passé au second plan pour des raisons pas toutes avouables mais parfaitement compréhensibles. Le mot résistance, dans la tradition historique française, ne désigne que les actes commis sur le territoire français contre l'occupant nazi. Il n'était pas très commode, dans les années qui ont immédiatement suivi la libération d'évoquer la participation à la résistance française des peuples coloniaux dont certains s’inspiraient de son exemple pour combattre sa domination. Si de Gaulle dans ses Mémoires de guerre, évoque dans l’Unité , les contacts de son envoyé spécial aux Antilles, Jean Massip, alias le colonel Perrel, « avec les éléments résistants de Fort de France et de Basse-Terre », s’il parle du « Comité de la résistance » de Valentino en Guadeloupe, son entourage est beaucoup plus réservé sur l’usage de ce mot.

J'ai trouvé à la Section Outre-mer des Archives Nationales une lettre d'un membre du cabinet militaire du Général, dont le nom m'échappe (Giaccobi ?), mettant en garde le ministre des armées contre l'imposture des « dissidents » qui voulaient, selon lui, se faire passer pour des résistants.

Il désignait nommément, parmi eux, l'ancien député socialiste de la Guadeloupe, Paul Valentino qui faillit s’étrangler de fureur quand je lui ai montré une copie de cette lettre en 1968. Mais va pour la « dissidence » puisque c'est sous ce curieux vocable que nous avons porté notre contribution à la lutte pour la libération de la France et contre le nazisme. Le mot, peu connu alors, a été rendu célèbre et, en quelque sorte, anobli depuis par ceux qui fuyaient les dictatures totalitaires, émigrés soviétiques de la période post-stalinienne, exilés des démocraties populaires, boat-people de Chine ou du Vietnam, émigrés chiliens, balseros cubains.

Mais il y a une différence énorme entre les dissidents de l’Est et les nôtres.

Les dissidents Martiniquais n’emportent pas leur patrie à la semelle de leurs souliers. Ils ne fuient pas la France. Ils volent à son secours. Leur dissidence n’est pas une rupture avec la France mais une rupture avec la dictature policière de l'Amiral qu’ils considèrent comme l’anti-France. C’est pour reprendre la formule employée par l’envoyé du général, Hoppenot, à l’occasion de la réinstallation du Conseil Général à la Martinique, « la dissidence d’avec la peur, la lâcheté et la trahison » (ANSOM AP1133, Antilles.) Sans vouloir tordre le bâton dans l'autre sens, en essayant de démontrer que la dissidence a été une affaire de masse pleine de dangers, en réaction contre ceux qui voudraient en limiter l’impact, disons que le régime Vichy ne s’y est pas trompe, lui. Il en a parfaitement mesuré la charge subversive. On ne sait pas assez que la justice locale recevait directement ses instructions du Secrétariat d’État aux colonies pour le « jugement » des coupables. Ce fut le cas pour un des premiers organisateurs de la dissidence, le conseiller général socialiste de Rivière-Salée, Maurice Des Étages . Torturé à bord du Mékong et du Béarn, deux des bateaux de la flotte de l'amiral, Des Étages a écopé de quinze ans de travaux forcés et de vingt ans d'interdiction de séjour pour haute trahison, parce qu'il avait mis en place un réseau passage de dissidence vers Sainte Lucie . Les dissidents ont la faiblesse et, pour certains, l’outrecuidance de tenir à la reconnaissance de leur participation à la résistance.

Il faut saluer ici l’action entreprise par l’Association des Anciens du Bataillon de Marche des Antilles, sous la direction d’Henri Joseph, dont je suis loin de partager toutes les conclusions mais qui fait un travail remarquable pour faire connaître et reconnaître l’épopée de la dissidence. Il n'y avait pas moins de danger à tenter de franchir le canal de la Dominique ou de Sainte Lucie, sur « des gommiers de 5 à 7 mètres de long, sur lesquels le voyage toujours très inconfortable est presque toujours hasardeux » entre les garde-côtes de l'Amiral Robert, pour rejoindre les Forces Françaises Libres, qu'à essayer de gagner l’Angleterre par la Manche ou par les cols des Pyrénées. Les peines encourues par ceux qui s’y risquaient n'en étaient pas moins très lourdes. Des centaines de condamnations à dix ou quinze ans de travaux forcés, heureusement prononcées le plus souvent par contumace, des dizaines de condamnations à mort ont été requises. Dans la Martinique de ces années de la honte, contrairement à ce qu'a pu affirmer la propagande de l'Amiral Robert, pour les Martiniquais les plus conscients le Général de Gaulle a représenté beaucoup plus que l'espoir d'en finir avec les privations, le rationnement et la misère. Il a symbolisé le refus de la défaite et de l'humiliation, le rejet de toute compromission, la volonté de poursuivre le combat malgré les moyens dérisoires dont il disposait au départ et le peu de chances que lui donnaient les calculs de probabilité. Pour celui qui part en dissidence, le général est celui qui a spontanément dit non à la défaite, sans même avoir eu à y réfléchir.

C'est plus tard, à la réflexion et à la libération que de Gaulle devient le prophète et le héros, celui qui, dans le dénuement et l'isolement le plus complet, sans troupe, sans argent, sans allié, croit assez en la France pour relever le défi, contre un adversaire qui a écrasé l'armée française en moins de six semaines. Rien ne plaît davantage à l'âme martiniquaise que ce type de condottiere qui joue gros sans souci de s'économiser. Un rassemblement sans précédent et pour l’instant, sans suite. Pour relever un tel défi, il ne fallait pas seulement une foi sauvage dans les destinées de son pays mais une capacité hors du commun à rassembler le plus grand nombre, au-delà des considérations de partis, de classe, de races, de religions. Ce n'était pas facile en France où l'histoire avait souvent exacerbé les passions :1789 et surtout 1793-1794 et la terreur, 1848 et les journées de juin, 1871 et les massacres des Versaillais. C'était pire à la Martinique. Esclaves contre maîtres, nègres contre blancs, mulâtres contre nègres, nègres et mulâtres contre blancs, blancs s'appuyant sur les nègres contre les mulâtres ou sur les mulâtres contre les nègres, ce pays avait vécu sur un volcan de luttes de classes et de luttes de races entremêlées. Aucune cause, en trois siècles n'avait vu le rapprochement de toutes les classes et de toutes les races dans un même combat. On peut se demander si le béké Emmanuel Rimbaud était le meilleur président possible du Comité de libération, si un Sévère ou un Cognet, un Des Étages, un Symphor, un Réjon, n'auraient pas suscité une plus grande adhésion et un plus grand enthousiasme. Mais il y avait aussi un symbole dans la présence d'un béké à la tête de ce comité. De ce point de vue, si l'on a en général beaucoup insisté sur la connivence de la grande majorité des blancs créoles avec le régime de l'Amiral Robert, on n'a pas assez noté les divergences qui existaient souvent au sein d’une même famille béké, comme chez les nègres et les mulâtre d’ailleurs, entre gaullistes et pétainistes et la participation de nombre d'entre eux à la dissidence.

 Au-delà de l'aspect anecdotique qui fait que les premiers opposants à l'Amiral à avoir été inquiétés, dans l’affaire du V de la victoire , aient été des békés au mois de juillet 1941, un Louis Joseph de Raynal de Saint Michel pour avoir circulé dans une voiture arborant ce V de la Croix de Lorraine et un Emmanuel Rimbaud pour avoir tenu en privé des propos gaullistes, il serait injuste d'oublier les békés qui ont effectivement traversé le canal, dans les mêmes conditions, et parfois dans des conditions plus rocambolesques que les dissidents nègres et qui ont servi au même titre dans les Forces Françaises Libres. Le départ de Louis de Lucy de Fossarieu, avec le fils du gouverneur Nicole, sur le bateau de celui-ci, chargé de la surveillance des côtes et de la chasse aux dissidents, est probablement l’un des actes les plus audacieux de la dissidence. Le Général de Gaulle a fait marcher ensemble, côte à côte, dans un même combat, des békés, des mulâtres et des nègres, des socialistes, des radicaux, des communistes, des chrétiens et des francs-maçons, des usiniers et des « ouvriers d'usine », des planteurs et des coupeurs de cannes. Cela n'a pas duré longtemps, il est vrai : un an à peine, après quoi, la lutte des classes ses droits et la lutte des races son cours. Cependant, si peu qu'il ait duré, ce rassemblement n'a pas pu ne pas laisser de trace. Les souvenirs de la dissidence continuent de rapprocher les Martiniquais dans une mesure qu'apprécient mal ceux qui vivent en dehors du cercle de plus en plus restreint de ces anciens combattants qu'on ne rencontre que pour la commémoration des grandes dates des deux dernières guerres mondiales. Mais si ces souvenirs persistent malgré la tension quasi permanente et les crises qui secouent périodiquement notre microcosme, c'est en grande partie parce que la dissidence a incontestablement fait reculer les vieux préjugés. Un rêve gaullien sans gaullistes Je ne sais si les gaullistes accepteraient d’emprunter cette idée au vocabulaire bolchevik qui a fait des thèses d’avril 1917 de Lénine un chef d’œuvre de l’analyse politique révolutionnaire. Mais il me semble qu’on peut parler des thèses de juin du Général de Gaulle pour qualifier ce mélange de lucidité et de confiance en soi, d’optimisme et d’audace, presque de folie qui a présidé à la rédaction de l’Appel du 18 juin. L’essentiel de ces thèses, ce qui en constitue incontestablement le noyau dur, c’est l’idée du Rassemblement. Ce n’est point par hasard que le second volume des Mémoires entre L’Appel et Le Salut, s’intitule L’unité. Mais ce n’est pas davantage un hasard si l’idée de construire un Parti Politique Gaulliste, le Rassemblement du Peuple Français reprenant ce terme a régulièrement échoué à rassembler aussi largement que le chef de la France libre durant l’occupation. Le rêve gaullien du rassemblement est un rêve typiquement nationaliste. Il ne peut pas ne pas se trouver au coeur de tout projet nationaliste conséquent. Je me suis parfois posé la question de savoir de quel côté se serait placé de Gaulle s'il était né Martiniquais. Il n'est pas absurde de penser qu'il aurait été indépendantiste, comme nous le sommes tous au fond de nous-mêmes. Et quand je dis nous, je ne pense pas seulement à nous, la gauche, qui n'avons en aucune manière le monopole du patriotisme, c'est-à-dire de l'attachement à notre pays la Martinique. Ce qui fonde aux yeux du Général de Gaulle la dignité d'un peuple, son droit inaliénable à l'indépendance et à la souveraineté, ce n'est pas la dimension de son pays, ni son poids économique dans les affaires du monde, ni la puissance de ses armées. C'est le sentiment de son appartenance à une communauté historique vivante, c'est-à-dire le souvenir des épreuves partagées, des victoires remportées, mais aussi l'espoir de nouveaux combats, la quête de nouvelles frontières, bref, la volonté de poursuivre la route ensemble. Le drame des gaullistes c'est que de Gaulle, plus sans doute que n'importe quel autre dirigeant français, Schœlcher excepté, a considéré que notre histoire se confondait purement et simplement avec l'histoire de France. On se rappelle ce cri du cœur, sur la Savane de Fort-de-France devant un peuple en délire : «Mon dieu, mon Dieu, que vous êtes Français ! », quelques mois seulement après les événements de décembre 1959. Nous avons vécu ce cri comme une provocation. Après l'Algérie algérienne et les indépendances africaines, nous attendions sinon la reconnaissance d'une Martinique martiniquaise, qui naissait à peine, du moins l'appel à la construction de nouveaux rapports entre la nouvelle France et les anciens dissidents.

Nous avons été encore plus douloureusement choqués quelques années plus tard, en 1964, par ce « quia pulvis es » qu'il nous a jeté au visage comme un défi, en décrétant, à la mairie de Fort-de-France, où Césaire le recevait avec les honneurs dus à son rang « qu'entre l'Europe et l'Amérique, il n'y a que des poussières et qu'on ne bâtit pas des États sur des poussières ». La farce et la tragédie Marx observe que les grands événements se répètent toujours deux fois, la première comme tragédie la seconde comme farce. On pourrait broder à l’infini sur ce thème et faire comme Césaire : renverser la proposition de Marx et affirmer que c’est comme farce d’abord puis comme tragédie que les grands événements se répètent. Tragédie la rencontre de de Gaulle et de la Martinique dans la nuit noire de l’occupation et des horreurs de la seconde guerre mondiale Comédie la rencontre de 1958, par l'entremise de Malraux. Rencontre grandiose dans la forme, ponctuée, écrit l’auteur des Antimémoires, d'une « Marseillaise lente comme l'Internationale», entre l'un des plus grands monuments de la littérature française et de la résistance antifasciste, et le plus grand poète de la négritude c'est-à-dire de la résistance anticolonialiste. Mais rencontre stérile au plan de la décolonisation qui était, au fond, le véritable enjeu de ce rendez-vous. Malraux venait demander aux Antilles et à la Guyane de répondre OUI à de Gaulle plutôt qu'à la constitution.

Il était porteur d'un message du Général qui laissait espérer une évolution du statut des DOM, par un accroissement de nos franchises locales. La différence entre les promesses du Général de Gaulle et celles des autres, disait en substance Malraux, c'est que celles du Général ont toujours été tenues. La parole de l'homme vaut l'homme. Césaire crut qu'il avait celle de l'homme du 18 juin qui avait tenu des promesses autrement importantes. « Entre le oui mystique et le non mécanique, entre le oui béat des fanatiques et le non des robots », il choisit le oui de la vigilance et du contrat entre le Général et la Martinique. Mais il n'y avait rien, en tout cas aucun consensus derrière Césaire, pour entraîner la conviction de l'envoyé du Général de Gaulle. Le PPM avait six mois. La gauche était divisée, encore profondément meurtrie des suites de la démission de Césaire du P.C.F. D'où ce pas de clerc autour du référendum de 1958 et ce rendez-vous manqué avec Malraux que Césaire avait salué comme l'ambassadeur de l'espérance retrouvée et que moi je dénonçais, en bon militant communiste, comme celui de L'Espoir trahi. Tragédie six ans plus tard, quand Césaire rencontre de Gaulle en 1964, à la mairie de Fort-de-France, alors que le PPM a résolument mis le cap sur l'autonomie. Mais il n'y a plus les locomotives africaines ni le bulldozer algérien de la révolution coloniale. Il y avait eu l'échec de Sékou Touré et les débuts tragiques des indépendances en Afrique. Les premiers balbutiements de l'unité retrouvée de la nouvelle gauche autonomiste, autour du procès de l'Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique, ne pouvaient suffire à ébranler le Général, ovationné par une foule où se mêlaient anciens dissidents et anciens Volontaires de la Révolution Nationale de Pétain et de l'Amiral Robert, mais où dominaient manifestement les seconds.

Des compagnons de parti, pas des Compagnons de la Libération
Comédie, mais je ne veux pas peiner aujourd’hui mon ami Pierre Petit, le jour où il inaugure cette grandiose croix de Lorraine dans sa commune. Qu’il me permette cependant de lui dire amicalement que je suis tout de même surpris que l’on veuille faire porter aujourd’hui au moratoire de Césaire la responsabilité historique du retard que nous aurions pris par rapport à je ne sais quelle horloge ou quel calendrier de l’histoire. Car, bien entendu, nous, je veux dire la gauche, nous ne sommes pas seuls responsables de ce rendez-vous manqué entre de Gaulle et nous et en définitive de ce rendez-vous manqué avec l'Histoire. Les mieux placés pour convaincre de Gaulle étaient naturellement ceux qui avaient constamment soutenu sa politique, même en renâclant sur la décolonisation. A la différence de la Guyane qui a rallié la France Libre quelques mois avant nous, en mars 1943, qui comptait avec Catayée, l'un des rares responsables des DOM à se prévaloir de la dignité de Compagnon de la Libération, à la Martinique, le Général n'avait au mieux que des compagnons de parti. L'idée ne les avait jamais effleurés que, toutes nuances sacrifiées, de Gaulle avait cent fois moins de chances, en 1940, de gagner la guerre contre la formidable puissance des armées hitlériennes que les peuples coloniaux vingt ans plus tard contre un colonialisme moribond qui avait laissé l'essentiel de ses forces dans la seconde guerre mondiale. A vrai dire, ils ne se posaient même pas la question, ni pour la Martinique ni pour l'Algérie ni pour l'Afrique. Quand ils se la posaient, ils trouvaient toutes sortes de bonnes raisons ou de mauvais prétextes pour rejeter les solutions gaulliennes. Peur de l'anarchie, peur du désordre, peur de la misère, peur du communisme. Ces raisons sont en train de disparaître les unes après les autres. Les gaullistes martiniquais auront mis une bonne trentaine d'années pour s'en apercevoir, c'est-à-dire pour assimiler le b,a, ba du gaullisme, le culte de la patrie, c'est-à-dire de la terre sur laquelle on est né. Je ne leur en fais pas grief.La droite martiniquaise est en train de se nationaliser ou de se dénaturaliser. Elle y arrive par des chemins obliques, en faisant l'expérience des impasses où nous conduit la politique de départementalisation, même quand elle continue d'affirmer son attachement au mot. Elle a commencé par une mini-révolution culturelle.

Elle ne sort plus son revolver (idéologique) quand on lui parle de culture martiniquaise. Créole, tambou, damié, laghia, swaré bèlè, ti-nain-lan-mori, contes, ka fè chin tou patou Elle ne craint même plus de frayer, à l'occasion, avec le populisme qui est loin de dédaigner la chance inespérée que lui offre ce concubinage.

 Rassembler au lieu d'exclure Quel gaulliste aujourd'hui, trente quatre ans après ce rendez-vous manqué de la mairie de Fort de France, refuserait de prendre à son compte la célèbre péroraison du discours de Césaire posant à cette occasion le problème de « la nécessaire refonte de nos institutions locales, pour qu 'elle soient plus adaptées à nos situations antillaises, pour qu’elles soient plus conformes au génie du lieu, pour qu’elles soient plus respectueuses de notre personnalité et de notre particularisme évident, pour qu 'elles soient plus souples, moins tatillonnes, plus démocratiques, faisant davantage place à l'initiative locale, à la responsabilité locale, de telle sorte que nous n'ayons plus le sentiment, le plus déprimant que peut avoir une communauté d'hommes pauvres mais fiers, le sentiment qu'elle assiste, impuissante, au déroulement de sa propre histoire, le sentiment qu'elle subit son histoire eu lieu de la faire ; bref le sentiment d'être frustrée de son avenir' ?

Pour aller plus vite et plus sûrement sur cette voie il ne s'agit pas d'accélérer ni de ralentir la marche mais de trouver le bon rythme, celui que chacun peut suivre sans forcer sa nature.Mais qu’on ne s’y trompe pas. S’il y a quelque chose à retenir des thèses de juin du général de Gaulle, c’est que l’audace et la lucidité qui en sont les attributs majeurs ne peuvent naître et se développer que dans des circonstances exceptionnelles, dans des situations qui ne laissent de place ni à l’ambiguïté, ni aux arrière-pensées, ni aux calculs, ni à l’improvisation, ni à l’esbroufe, ni au bluff, parce ce qui est en jeu c’est la liberté ou la mort d’une nation.

Texte EdL.



HISTOIRE


1.Posté par Profane le 16/06/2011 22:48
Le vrai Profane celui qui n'insulte pas car sans haine contre les FM et je félicite monsieur Edouard Delépine pour la qualité de son texte. Ce sont là des textes utiles pour notre culture. Je suis surpris par ce monsieur qui prend mon pseudo pour régler ses problèmes de psychopathe sur le net...il avait disparu et hop!!! il revient pour vomir !!! Vous pouvez savoir qui il est par son numéro de machine... la police du web existe.

2.Posté par Ti kasby le 20/06/2011 20:55
Le texte sur la critique du PPM s'est évaporé ?
JE VOUS ENVOIS CE TEXTE

L`idéologie opposée au pragmatisme , dans le domaine politique , a souvent mené à des catastrophes politiques , et humaines , au recul social ; car souvent , ne tenant pas compte des implications , des conséquences pour l`avenir et le long terme de choix dictés non par les besoins de l`heure , l`adaptation à un contexte géopolitique ou ou les besoins réels des populations , au noms desquels des politiques étaient dictés , des "indépendances" proclamées , des "édits" révoqués : la fameuse "révocation de l´édit de Nantes" qui fait perdre à la France du 17e siècle la main industrieuse des huguenots , au nom de l`uniformité de la religion du roi français et de ses sujets , le "non" de Sékou Touré à de Gaulle , qui plonge la Guinée dans le chaos économique , la violation du "pacte de non-agression" entre la Russie Bolchévique et les nazis par ces derniers , qui devient la cause première de la perte du national socialisme , la persécution de la communauté juive , "riche" en médecins , ouvriers et techniciens qualifiés , financiers internationaux , savants de premier ordre par le IIIe Reich qui se prive ainsi "d`auxiliaires" utiles pour leurs dessins de "conquête" , le refus de l`ANC de négocier avec les "NAts" pendant des décennies qui assure les beaux jours de l`apartheid légal en Afrique du sud pendant près de 40 ans .. et aujourd`hui , le suicide politique de la communauté Antillaise ou "Africaine" en France , personnifié par Lilan Thuram qui refuse le poste de ministre de la Diversité , "pour des raisons évidentes"

Par contre , le pragmatisme donne des résultats : la signature des accords de Camp David entre Anouar el Sadate et Menahem Begin qui permet à l`Egypte de récupérer le Sinai des mains d`Israel , militairement supérieur , les accords de Lancaster House entre les guérilleros du Front Patriotique de Robert Mugabe , qui a juré pourtant de faire pendre Ian Smith en plein centre de Salisbury , et le premier ministre Ian Smith qui permettent aux colons Rhodésiens de sauver leurs fermes et rester dans leur "pays" et à Mugabe et Joshua N Komo de renverser le "pouvoir blanc" , militairement mieux équipé , sans coup férir et surtout à comrade Bob de se faire "roi" du Zimbabwe , tout en démentelant un régime et des "lois" coutumières d`apartheid et de ségrégation .

On peut aussi citer , l`exemple de l`indépendantiste Antillais , Aimé Césaire , qui pour épargner aux noirs Guadeloupéens et Martiniquais le "terrible" fléau d`une "indépendance" mal nommée , tout en obtenant les avantages de la citoyenneté française , obtient le rattachement à la France de la Martinique sous forme de DOM .

Mais parfois et même souvent le pragmatisme peut servir de faire valoir à des idéologies ou un ordre social et politique en décrépitude , comme ce fut le cas pour le démantèlement de la ségrégation aux Etats-unis par la court suprême et le ministère de la justice , sans que le caractère fondamentalement raciste des Etats-unis , ait vraiement changé .


En tant qu`haitien , je citerai l`exemple du pragmatique Boyer qui accepte les conditions financièrement ruineuses , pour Haiti , de l´édit de Charles X en 1825 , qui "octroie" l`indépendance à l`ancienne colonie française de Saint Dominge .

Ceci permet d´éviter le terrible "fléau" de la colonisation et d`un retour à l`esclavage des noirs haitiens , permet à Haiti de sortir de son isolement d´état-paria en obtenant la reconnaissance officielle de son existence par un puissant royaume européen ,la France , et d`obtenir l`assistance technique de la France -en matière d`e´ducation - l`accès de ses produits aux marchés européens et surtout "le maintien de l`indépendance nationale et l`intégrite´du territoire " .

3.Posté par Ti kasby le 20/06/2011 20:56
En effet , l`idéologie opposée au pragmatisme , dans le domaine politique , a souvent mené à des catastrophes politiques , et humaines , au recul social ; car souvent , ne tenant pas compte des implications , des conséquences pour l`avenir et le long terme de choix dictés non par les besoins de l`heure , l`adaptation à un contexte géopolitique ou ou les besoins réels des populations , au noms desquels des politiques étaient dictés , des "indépendances" proclamées , des "édits" révoqués : la fameuse "révocation de l´édit de Nantes" qui fait perdre à la France du 17e siècle la main industrieuse des huguenots , au nom de l`uniformité de la religion du roi français et de ses sujets , le "non" de Sékou Touré à de Gaulle , qui plonge la Guinée dans le chaos économique , la violation du "pacte de non-agression" entre la Russie Bolchévique et les nazis par ces derniers , qui devient la cause première de la perte du national socialisme , la persécution de la communauté juive , "riche" en médecins , ouvriers et techniciens qualifiés , financiers internationaux , savants de premier ordre par le IIIe Reich qui se prive ainsi "d`auxiliaires" utiles pour leurs dessins de "conquête" , le refus de l`ANC de négocier avec les "NAts" pendant des décennies qui assure les beaux jours de l`apartheid légal en Afrique du sud pendant près de 40 ans .. et aujourd`hui , le suicide politique de la communauté Antillaise ou "Africaine" en France , personnifié par Lilan Thuram qui refuse le poste de ministre de la Diversité , "pour des raisons évidentes"

Par contre , le pragmatisme donne des résultats : la signature des accords de Camp David entre Anouar el Sadate et Menahem Begin qui permet à l`Egypte de récupérer le Sinai des mains d`Israel , militairement supérieur , les accords de Lancaster House entre les guérilleros du Front Patriotique de Robert Mugabe , qui a juré pourtant de faire pendre Ian Smith en plein centre de Salisbury , et le premier ministre Ian Smith qui permettent aux colons Rhodésiens de sauver leurs fermes et rester dans leur "pays" et à Mugabe et Joshua N Komo de renverser le "pouvoir blanc" , militairement mieux équipé , sans coup férir et surtout à comrade Bob de se faire "roi" du Zimbabwe , tout en démentelant un régime et des "lois" coutumières d`apartheid et de ségrégation .

On peut aussi citer , l`exemple de l`indépendantiste Antillais , Aimé Césaire , qui pour épargner aux noirs Guadeloupéens et Martiniquais le "terrible" fléau d`une "indépendance" mal nommée , tout en obtenant les avantages de la citoyenneté française , obtient le rattachement à la France de la Martinique sous forme de DOM .

Mais parfois et même souvent le pragmatisme peut servir de faire valoir à des idéologies ou un ordre social et politique en décrépitude , comme ce fut le cas pour le démantèlement de la ségrégation aux Etats-unis par la court suprême et le ministère de la justice , sans que le caractère fondamentalement raciste des Etats-unis , ait vraiement changé .


En tant qu`haitien , je citerai l`exemple du pragmatique Boyer qui accepte les conditions financièrement ruineuses , pour Haiti , de l´édit de Charles X en 1825 , qui "octroie" l`indépendance à l`ancienne colonie française de Saint Dominge .

Ceci permet d´éviter le terrible "fléau" de la colonisation et d`un retour à l`esclavage des noirs haitiens , permet à Haiti de sortir de son isolement d´état-paria en obtenant la reconnaissance officielle de son existence par un puissant royaume européen ,la France , et d`obtenir l`assistance technique de la France -en matière d`e´ducation - l`accès de ses produits aux marchés européens et surtout "le maintien de l`indépendance nationale et l`intégrite´du territoire " .

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