Le propos, à vrai dire, n’est pas nouveau. L’article 4 de la loi du 23 février 2005-que nous avons combattu en son temps-s’inscrivait dans la même veine fangeuse.
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Il affirmait : « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit » (article 4, alinéa 2).
Le prêchi-prêcha d’un certain Nicolas SARKOZY, à l’université Cheikh Anta Diop, à Dakar, le 26 juillet 2007, affichait encore plus violemment la volonté de rejeter le continent africain dans un éternel immobilisme, alors même que l’Afrique est le berceau de la civilisation : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est jamais entré dans l’histoire.[...]. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour le progrès. »
Toutes ces prises de position ont en commun la négation du crime de l’esclavage, l’apologie du colonialisme, le mépris des civilisations non-européennes et le mythe européocentrique d’une prétendue « mission civilisatrice de la France » qui sépare les êtres humains en’ »races supérieures » et en « races inférieures ».
Le « partage » en question, soit dit en passant, ne s’opérait d’ailleurs qu’en sens unique puisqu’il n’était pas imaginable pour le colon d’accepter, lui, de partager ( au sens propre) la culture de celui qu’il pensait avoir le droit de dominer éternellement. L’autre n’appartenait-il pas aux races inférieures ? Tout au plus pouvait-il espérer être assimilé à la culture du colonisateur.
Ce que François FILLON appelle voluptueusement »partage » a été en réalité une entreprise systématique de mépris, de destruction, de violence sans nom, d’élimination de populations entières, d’écrasement des cultures. Adepte d’une pensée provincialiste, FILLON, comme tous ses prédécesseurs d’une certaine philosophie française, soliloque cyniquement sur l’amas de désastre absolu, encore fumant, laissé par la traite négrière et la colonisation. Ce désastre se poursuit aujourd’hui à travers une mondialisation qui, à bien des égards, n’est qu’un prolongement de l’impérialisme et des crimes d’une histoire lourde.
Il y a quelque chose de viscéralement indécent et insidieux à vouloir justifier un quelconque « rôle positif » de la colonisation et encore davantage à chercher fallacieusement à confondre partage avec l’autre et anéantissement de l’autre.
Quel citoyen français tolérerait qu’un candidat au poste de chancelier de l’Allemagne ( Bundeskanzler)déclare que l’occupation de la France par les nazis, entre 1939 et 1944, exprimait une volonté bienveillante de HITLER de faire « partager » aux Français la culture aryenne ?
En outre, si l’on accepte la vacuité perfide et intellectuellement irresponsable du raisonnement de François FILLON, ne devrait-on pas presque s’accommoder de la violence aveugle des « djihadistes » qui, tout compte fait, ne sauraient être jugés « coupables » de vouloir simplement -certes, à coups de bombes et de décapitations- « faire partager » ce qu’ils considèrent comme leur « culture religieuse » ?
François FILLON, en disant ce qu’il a dit à Sablé-Sur-Sarthe n’a pas simplement commis un impair. Il a énoncé ce que l’on pouvait énoncer de pire : justifier l’injustifiable au nom de la pire des idéologies.
En cela il n’est pas pardonnable.
Francis CAROLE
Vendredi 2 septembre 2016
Il affirmait : « Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit » (article 4, alinéa 2).
Le prêchi-prêcha d’un certain Nicolas SARKOZY, à l’université Cheikh Anta Diop, à Dakar, le 26 juillet 2007, affichait encore plus violemment la volonté de rejeter le continent africain dans un éternel immobilisme, alors même que l’Afrique est le berceau de la civilisation : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est jamais entré dans l’histoire.[...]. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour le progrès. »
Toutes ces prises de position ont en commun la négation du crime de l’esclavage, l’apologie du colonialisme, le mépris des civilisations non-européennes et le mythe européocentrique d’une prétendue « mission civilisatrice de la France » qui sépare les êtres humains en’ »races supérieures » et en « races inférieures ».
Le « partage » en question, soit dit en passant, ne s’opérait d’ailleurs qu’en sens unique puisqu’il n’était pas imaginable pour le colon d’accepter, lui, de partager ( au sens propre) la culture de celui qu’il pensait avoir le droit de dominer éternellement. L’autre n’appartenait-il pas aux races inférieures ? Tout au plus pouvait-il espérer être assimilé à la culture du colonisateur.
Ce que François FILLON appelle voluptueusement »partage » a été en réalité une entreprise systématique de mépris, de destruction, de violence sans nom, d’élimination de populations entières, d’écrasement des cultures. Adepte d’une pensée provincialiste, FILLON, comme tous ses prédécesseurs d’une certaine philosophie française, soliloque cyniquement sur l’amas de désastre absolu, encore fumant, laissé par la traite négrière et la colonisation. Ce désastre se poursuit aujourd’hui à travers une mondialisation qui, à bien des égards, n’est qu’un prolongement de l’impérialisme et des crimes d’une histoire lourde.
Il y a quelque chose de viscéralement indécent et insidieux à vouloir justifier un quelconque « rôle positif » de la colonisation et encore davantage à chercher fallacieusement à confondre partage avec l’autre et anéantissement de l’autre.
Quel citoyen français tolérerait qu’un candidat au poste de chancelier de l’Allemagne ( Bundeskanzler)déclare que l’occupation de la France par les nazis, entre 1939 et 1944, exprimait une volonté bienveillante de HITLER de faire « partager » aux Français la culture aryenne ?
En outre, si l’on accepte la vacuité perfide et intellectuellement irresponsable du raisonnement de François FILLON, ne devrait-on pas presque s’accommoder de la violence aveugle des « djihadistes » qui, tout compte fait, ne sauraient être jugés « coupables » de vouloir simplement -certes, à coups de bombes et de décapitations- « faire partager » ce qu’ils considèrent comme leur « culture religieuse » ?
François FILLON, en disant ce qu’il a dit à Sablé-Sur-Sarthe n’a pas simplement commis un impair. Il a énoncé ce que l’on pouvait énoncer de pire : justifier l’injustifiable au nom de la pire des idéologies.
En cela il n’est pas pardonnable.
Francis CAROLE
Vendredi 2 septembre 2016