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POUR QUE DEMAIN SOIT « PLUS HAUT PLUS DOUX PLUS LARGE » (Article lecteur)


Rédigé le Samedi 22 Octobre 2011 à 10:07 |

« Notre vie commence à s’arrêter le jour où nous gardons le silence sur les choses graves » Martin Luther King Jr


POUR QUE DEMAIN SOIT « PLUS HAUT PLUS DOUX PLUS LARGE » (Article lecteur)
Chaque 22 mai, nous célébrons l’abolition de l’esclavage qui est une des tragédies qui a façonné l’identité martiniquaise. Ce crime a été justifié par un arsenal idéologique, le racisme, qui a institué une hiérarchie des hommes en se basant sur des différences physiques.
En 2011, en Martinique, 163 ans après l’abolition de l’esclavage, la couleur de la peau, le grain de cheveux sont des caractéristiques physiques qui impactent la perception et la valorisation de l’autre et de soi-même selon une échelle de valeur qui place le type européen blanc au sommet.
Malgré les apports incommensurables d’Aimé CESAIRE, de Frantz FANON, d’Edouard GLISSANT, et de tous leurs héritiers, nous ne sommes pas encore libérés des schémas qui ont présidé à la création des concepts et expressions tels que « chabin », « mulâtre », « couli », « homme de couleur »,…
Mais enfin, après 163 ans nous sommes encore là, bien vivants, capables de consommer, de jouir, de nous amuser, de réfléchir et de produire.

La Martinique est aujourd’hui pilotée par l’Etat Français et 2 collectivités dirigées par des élus qui défendent l’idée de l’existence d’une nation martiniquaise. Le mot d’ordre du PPM aux commandes du Conseil Régional est « Autonomie pour la Nation Martiniquaise »
Josette MANIN, présidente, et David ZOBDA, 1er vice-président du Conseil Général sont membres d’un parti dont le nom est sans équivoque : Bâtir le Pays Martinique. Par ailleurs David ZOBDA en est le Secrétaire National.
Au-delà du traitement de l’urgence économique, sociale et politique (mise en œuvre de la collectivité unique), qu’il faut traiter avec détermination et efficacité, il m’apparaît tout aussi urgent et important de relever avec courage le défi d’abolir le racisme ici et maintenant quand on a l’ambition de construire la nation martiniquaise ou de bâtir le pays Martinique.
Du racisme en Martinique en 2011 ? Soyons sérieux, cela n’existe plus ! Voilà une objection commune qui m’est adressée lorsque le sujet est abordé.
Pourtant, l’existence, en Martinique en 2011, d’une communauté se définissant essentiellement par couleur de peau de ses membres – la communauté béké - est révélatrice de la persistance du racisme en Martinique. Au-delà de l’existence de cette communauté qui poursuit un projet pigmentaire, être blanc aujourd’hui, demain et après-demain, plus frappante est l’absence de prise de position de l’Etat français quant à ce communautarisme raciste. L’Etat n’est-il pas le garant du respect des valeurs de la devise de la république française Liberté, Egalité, Fraternité ?
Nos élus sont également très discrets sur cette situation. Il serait légitime de s’attendre à ce que les départementalistes assimilationnistes convaincus demandent à l’Etat français de condamner ce communautarisme raciste contraire aux valeurs d’une France qui célèbre en 2011 la diversité et le métissage des outremers.
Par ailleurs, nous serions en droit d’attendre des promoteurs de la Nation Martiniquaise (PPM), du Pays Martinique (BPM), de l’Indépendance (MIM), soucieux de l’épanouissement du sentiment national, qu’ils exposent les valeurs qui régiraient le « vivre ensemble » dans un pays autonome ou indépendant. Que disent les leaders du MIM, du PPM de Bâtir le Pays Martinique du projet communautaire raciste béké qui est un obstacle à la cohésion de la communauté nationale qu’ils veulent construire ou révéler ? Pas grand-chose.
Du côté du PPM, Camille DARSIERES avait voulu voir ce que les békés avaient dans le ventre : qu’a-t-il trouvé ? Je n’ai pas connaissance des conclusions de ses recherches. Il faut tout de même lui reconnaître d’avoir essayé de poser la question de la contribution des békés dans la société martiniquaise. On n’en attendait pas moins de l’auteur de l’essai « Des origines de la nation martiniquaise » publié en 1974.
Aimé Césaire a planté le 17 décembre 2001 un courbaril à l’Habitation Clément, à l’invitation de Bernard HAYOT. Aimé CESAIRE a fait de ce courbaril « un symbole de la solidarité symbole de la solidarité indispensable à notre peuple, en cette époque de survie ».
Le 21 mai 2006, les békés se sont invités et ont été accueillis par Serge LETCHIMY sur la place de l’Abbé Grégoire à Fort-de-France dans le cadre des cérémonies de l’abolition de l’esclavage.
Serge LETCHIMY , le 9 février 2009, en réaction à la diffusion du documentaire de Romain BOLZINGER, « les derniers maîtres de la Martinique », et aux propos tenus par Alain HUYGHES DESPOINTES, a demandé aux « membres de cette « communauté » (qui (…) sont et resteront des martiniquais toujours les bienvenus dans nos processus d’épanouissement) qu’ils se désolidarisent et condamnent clairement ces comportements et ces propos, et qu’ils s’associent à la démarche de ceux d’entre eux qui se sont déjà montrés soucieux de rejoindre sainement la dynamique d’ensemble du peuple martiniquais. »
Pour le MIM, Michel MICHALON réagit, le 12 février 2009, aux propos d’Alain HUYGHUES-DESPOINTES, en déclarant que : « le Mouvement Indépendantiste Martiniquais :
- continue à condamner le comportement de la caste béké ;
- dénonce les propos racistes tenus ainsi que le ton méprisant et suffisant qui était distillé par les déclarations békés ;
- déclare qu’au delà des individualités qui existent dans toute communauté, il existe une pensée béké qui s’exprime ;
- constate que cette pensée continue de jouer, à plein, son rôle de frein à un réel développement et épanouissement du peuple martiniquais. Les prises de positions de décembre 2003, l’embauche quasi-systématique de non-Martiniquais, l’accaparement de notre foncier, la privatisation de notre littoral et la contamination de notre sol en sont des preuves patentes.
- dénonce la complicité objective entre l’Etat français et la composante béké ;
- exige de cette composante, au-delà du repentir, des initiatives concrètes en faveur d’une hausse significative du pouvoir d’achat et une participation active pour une Martinique plus responsable, plus solidaire, plus digne. »

En ce qui concerne Bâtir le Pays Martinique, il n’existe pas, à ma connaissance, de déclaration politique officielle exposant la position de ce mouvement quant à l’existence de la communauté béké en Martinique.

Le constat est là : au-delà des réactions aux propos d’Alain HUYGUES-DESPOINTES, il n’existe pas, aujourd’hui, dans les partis politiques martiniquais nationalistes, de réflexion approfondie portant sur des propositions de voies et moyens pour lutter contre le racisme en Martinique.
Les acteurs politiques, à quelques exceptions près (Garcin MALSA, Francis CAROLE), à l’image de la grande majorité des Martiniquais, donnent l’impression d’une résignation face à l’existence de cette communauté béké raciste. Certains s’en remettent à l’œuvre du temps pour résoudre cette problématique sociétale. Avouons que comme volontarisme politique, il y a mieux.
Si 163 ans après l’abolition de l’esclavage, sur une terre marquée par le métissage, il existe encore une communauté qui exclut la grande majorité du peuple martiniquais en poursuivant un projet raciste, nous devons constater que c’est parce que nous l’avons autorisée à le faire.
Je demande aujourd’hui à tous les élus de ce pays à toutes les femmes et les hommes de ce pays Martinique de rompre avec cette complicité autodestructrice, de réinventer, de redéfinir et de rééquilibrer nos relations avec les békés, avec nous-mêmes.
Contrairement à la logique d’exclusion de la communauté béké, nous devons pratiquer l’inclusion et accueillir chacun des membres de cette communauté dans la communauté martiniquaise. D’où l’importance d’en définir les principes et valeurs.
Se demander si les békés sont Martiniquais renvoie à la définition de l’identité martiniquaise. Qui est Martiniquais, qui ne l’est pas ?
Selon moi, est martiniquais, celui qui souhaite contribuer à l’épanouissement du peuple martiniquais sans distinction de religion, de couleur de peau, d’origine ou de sexe.
Perpétuer, prolonger le projet raciste béké – blanc aujourd’hui, blanc demain et blanc après-demain – est, pour les békés, un acte d’auto-exclusion d’une communauté martiniquaise qui poserait comme valeurs premières l’ouverture, la rencontre, l’échange d’égal à égal, d’Homme à Homme.

Nous avons un devoir de franchise envers tous les békés que nous côtoyons au quotidien pour leur dire que :
- nous n’acceptons plus que dans notre pays, en 2011, qu’une communauté se définisse par la couleur de peau de ses membres ;
- le projet communautaire raciste béké n’est pas compatible avec la société, la communauté martiniquaise que nous voulons léguer à nos enfants ;
- accueillir n’est pas oublier.

Je propose ici quelques pistes qui sont des contributions à un débat que nos élus nationalistes pourraient ouvrir rapidement :

1- Que les partis politiques, actuellement au pouvoir, au Conseil Général et au Conseil Régional, à la Mairie de Fort-de-France, du Lamentin, de Sainte-Luce, de Bellefontaine, du Carbet, du Marin, à la CACEM, qui ambitionnent de construire ou de révéler la nation Martinique exposent au peuple martiniquais, comment ils déclinent cette ambition nationale dans leurs opérations de gestion quotidienne des institutions qu’ils pilotent aujourd’hui ;

2- Qu’il soit institué un jour de la nation martiniquaise ;


3- Qu’il soit construit un musée de l’histoire martiniquaise qui offrirait, sur un lieu unique ou sur plusieurs sites, des espaces permettant à tous les citoyens de Martinique et du monde d’embrasser l’histoire et les identités de notre pays depuis l’ère précolombienne, jusqu’à nos jours ;

4- Que le Créole fasse l’objet d’un apprentissage généralisé dès l’école primaire ;


5- Que soit écrit, avec les citoyens martiniquais de Martinique et du reste du monde, un texte fondateur du vivre ensemble martiniquais qui pourrait répondre, entre autres, aux principes suivants :

a. Abandonner les conceptions identitaires basées sur l’origine au profit d’une approche privilégiant la communauté de projet. Choisir les modalités d’un vivre ensemble à construire au lieu d’une identité héritage subie marquée par la fatalité.
b. choisir les valeurs qui constitueront la colonne vertébrale de cette volonté de vivre ensemble :
i. L’égalité,
ii. La démocratie et la liberté d’expression,
iii. L’ouverture à l’échange équilibré, la considération de l’autre sans distinction de religion, de couleur de peau, d’origine ou de sexe.
iv. Démocratisation de l’accès aux savoirs et à la culture de notre environnement (arts, géographie, botanique, faune, histoire,…)
v. La solidarité,
vi. La contribution : rompre avec la victimisation et l’enfermement. Se poser en acteur du mouvement du monde,
vii. …

6- Que soit établie par les élus actuellement aux commandes, en sollicitant la participation la plus large de tous les citoyens martiniquais, résidant en Martinique et à l’extérieur de la Martinique, une feuille de route prospective à 10 – 20 – 30 ans décrivant les axes stratégiques d’épanouissement du peuple martiniquais qui seront privilégiés : qu’un sens soit donné à l’action politique.

En conclusion, notre passivité, notre résignation, notre déni face au racisme ne sont pas des fatalités. Cessons d’être constamment en réaction sur le fléau du racisme qui est un cancer qui ronge notre société et déclarons la lutte contre le racisme grande cause nationale.
Parce que nous savons qu’il y a un lien entre racisme, estime de soi, confiance et performance, soyons proactifs, pragmatiques et francs pour transmettre à nos enfants un pays dont toutes les intelligences fécondées libéreront la créativité nécessaire à notre juste contribution au monde.

Olivier Ernest JEAN-MARIE
Citoyen martiniquais
oljm99@gmail.com


Schoelcher, le 16 juillet 2011.





TRIBUNE LIBRE


1.Posté par moua le 03/11/2011 13:45
« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis »

Thomas Jefferson (1802)


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